AccueilSociétéYaël Braun-Pivet veut « tout faire pour éviter le 49.3 » pour la future réforme des retraites

Yaël Braun-Pivet veut « tout faire pour éviter le 49.3 » pour la future réforme des retraites

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, veut « débattre de tout » dans la future réforme des retraites, sans obstruction des oppositions. « Il faut tout faire pour éviter » le recours au 49.3.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale.
© Assemblée nationale - Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale.

Société Publié le , Avec l’AFP

Quelles sont les conditions pour éviter le 49.3, qui permettraient de forcer l'adoption de la future réforme des retraites début 2023 ?

Yaël Braun-Pivet : La première condition, je la souhaitais et elle est remplie, c'est de prendre le temps de la concertation et du dialogue social. C'est la raison pour laquelle il y a un léger décalage sur les annonces. Ensuite, c'est de pouvoir faire une réforme équilibrée, qui permette, non seulement de garantir le financement du système des retraites, mais aussi de mener une réforme juste pour nos concitoyens et qui comporte des acquis sociaux sur la pénibilité, les carrières longues, les carrières hachées, celles des femmes... Il est important de les concerter avec les syndicats, ainsi qu'avec les Français, et de gagner leur adhésion sur ces aspects.

Ce sera une réforme globale. Ce qui est important, c'est que nous puissions débattre de tout. Je serais déçue que des parlementaires choisissent la voie d'un dépôt massif d'amendements, qui priveraient l'Assemblée nationale de ce débat.

Et si tout le monde sur la question des retraites reste dans une posture de dialogue et de construction de compromis, comme sur les 12 textes hors budget, adoptés depuis le début de la législature, je pense qu'il y a un chemin pour trouver une majorité et adopter ce texte. Il ne faut jamais exclure le 49.3 par principe, mais il faut tout faire pour l'éviter.

Depuis les législatives, la nouvelle Assemblée a connu des poussées de tension, mais les textes sont adoptés malgré la majorité relative des macronistes. Quel bilan tirez-vous de ces six mois ?

Y. B.-P. : Contrairement à ce que certains pouvaient pressentir, compte tenu de la configuration nouvelle, c'est une Assemblée qui fonctionne, qui réussit à dégager des majorités pour voter des textes, et qui réussit à négocier des compromis avec le Sénat. C'est à mon sens le plus important. L'Assemblée nationale permet d'adopter des mesures utiles aux Français. C'est une Assemblée au travail.

De l'intérieur, je fais en sorte que nos instances (conférence des présidents, bureau de l'Assemblée, ndlr) permettent le dialogue, la concertation, avec des décisions quasi systématiquement à l'unanimité. Je dresse donc un bilan institutionnel positif. Il y a évidemment des ombres au tableau, avec le tumulte qui peut exister parfois, et qui a pu conduire à l'exclusion temporaire de Grégoire de Fournas (RN). Ces tensions résultent de la confrontation de blocs idéologiques extrêmement opposés. Mais elles sont très résiduelles, ce n'est pas le quotidiende l'Assemblée nationale, c'est l'écume des choses. Et heureusement.

Mon credo, c'est l'ouverture. C'est de montrer ce qu'est l'Assemblée, de l'ouvrir et d'aller vers les gens, inlassablement. Nous avons ouvert 30 000 créneaux aux visiteurs individuels, et accueilli des jeunes, notamment pour la reconstitution des débats sur la loi de 1905 sur la laïcité. Je vais aussi dans les territoires (13 déplacements dont un en Guyane) avec les parlementaires. Cela participe, à mon sens, à la reconstruction du lien démocratique et du lien de confiance.

L'équation reste compliquée pour le camp présidentiel. Combien de temps est-ce tenable sans dissolution ?

Y. B.-P. : Cette situation peut tenir et cela dépend au premier chef de nous-mêmes. Il y a déjà une nette amélioration avec la nouvelle méthode mise en œuvre par Élisabeth Borne et son Gouvernement à ma demande, des textes plus courts, plus circonscrits à un sujet donné, avec une vraie écoute, une vraie concertation en amont. Cette méthode a été mise en œuvre en vue du projet de loi sur l'immigration. Cela est de nature à favoriser le consensus.

Il y a toujours des marges d'amélioration dans le dialogue avec le Gouvernement, dans la prévisibilité des textes de loi, sur l'organisation de notre travail, le rythme de nos séances.

Nous réfléchissons par exemple à l'organisation des niches parlementaires (journée réservée à un groupe politique qui maîtrise l'ordre du jour de la séance, ndlr) pour limiter le nombre de textes afin de pouvoir, réellement, les examiner. Nous ne pouvons pas nous permettre de revivre ce que nous avons vécu. Cela peut contribuer à décrédibiliser le travail parlementaire en donnant le sentiment à nos compatriotes que l'on va discuter et agir sur tel ou tel sujet à l'Assemblée nationale et finalement cela fait pschitt.

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