Affiches Parisiennes : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre application Weward ?
Yves Benchimol : WeWard, c'est une startup parisienne avec une équipe de 35 personnes réparties entre la France et les États-Unis, qui a été créée en 2019 et qui a pour but de motiver les gens à marcher, pour trois bonnes raisons : la santé, et les bienfaits de la marche à pied sur la santé physique et mentale ; l’écologie, en tant que moyen de déplacement, qui est le plus vert qui existe ; et puis pour le dynamisme local et le centre-ville. Donc, pour motiver les gens à marcher, nous avons développé une application mobile gratuite, WeWard, qui va avec un système un peu ludique, un peu comme un jeu vidéo, va vous récompenser en fonction de votre nombre de pas. Plus vous marchez, plus vous allez gagner des récompenses, qui sont aussi bien des bons d'achat chez des partenaires, que de l'argent sur votre compte bancaire. Et puis si vous êtes généreux, vous pouvez envoyer ses récompenses à des associations.
A. -P. : Comment financez-vous ces récompenses ? Quel est votre modèle économique ?
Y. B. : Nous avons des partenaires, qui vont proposer leurs produits, et leurs articles sur l'application, et donc ils vont nous commissionner en fonction des ventes, que nous les aidons à réaliser. Derrière, avec ces commissions, nous redistribuons une partie de notre chiffre d’affaires à nos utilisateurs sous forme de récompense.
A. -P. : D’où est venue cette idée d’application ?
Y. B. : L'idée, était assez simple. Au début, nous nous sommes dit que la marche à pied était un peu oubliée pour plein de raisons, parce qu'elle était un peu archaïque, qu’elle donne un peu l'impression d’être une perte de temps, que les gens s'occupent pas vraiment des piétons puisque c'est, entre guillemets naturel, et donc nous n’avons pas tellement besoin de nous en occuper, alors qu'en fait le temps de marche des gens diminue et nous pensons que l'être humain qui ne marche pas, ça va être quelqu’un qui est isolé et en mauvaise santé. Il fallait donc absolument trouver des mécanismes pour les motiver. Et nos expériences dans l'univers du social, du gaming, et du mobile, nous ont fait penser que nous pouvions appliquer les mêmes techniques pour que les gens ne passent du temps sur les réseaux sociaux ou sur des jeux vidéo, mais au contraire que nous pouvions dénicher la marche à pied, et donc la rendre plus ludique.

A. -P. : Quel bilan tirez-vous des trois premières années d’existence de WeWard ? Est-ce que vous vous attendiez à avoir autant d’utilisateurs ?
Y. B. : C’est prétentieux de dire oui, mais forcément quand on est entrepreneur, on est toujours utopiste à vouloir faire marcher des millions de personnes. Nous sommes très contents de nos résultats mais nous ne pensions pas avoir autant de personnes en France, qui utilisent l’application. Là où nous sommes le plus fier, c'est que nous augmentons de plus de 20 % le temps de marche de millions de personnes. Du coup, nous avons un réel impact sur leur activité physique et sur leur temps de marche, et pour nous, c'est le plus important.
A. -P. : Constatez-vous une différence entre le nombre de téléchargements et celui d’utilisateurs ?
Y. B. : Non, nous ne regardons pas vraiment le nombre de téléchargements. Ce qui nous intéresse c'est vraiment l'utilisateur actif. Aujourd'hui, nous communiquons sur 20 millions d'utilisateurs sur l'application, mais sans donner les détails journaliers, ce que je peux vous dire, c'est que c'est l'application française la plus utilisée au quotidien. Nous avons plusieurs millions de personnes qui ont un compte, soit à peu près 10 % de la population. Donc oui, il y a une différence et c'est normal, parce qu'en fait, sur 100 personnes qui vont télécharger WeWard, nous n’aurons pas la totalité de celles connectées. Il y a des gens qui vont abandonner tout de suite, il y a des gens qui vont rester plus longtemps, il y a des gens qui vont être tous les jours dessus, et d'autres tous les deux-trois jours. Mais en moyenne, c'est quand même une application du quotidien, donc les gens actifs se connectent très souvent à l'application.

A. -P. : Quels sont vos objectifs à venir ?
Y. B. : Nous avons trois gros sujets en ce moment. La première catégorie c'est le produit, donc nous continuons à développer ce que nous nous appelons les facteurs motivationnels, c'est-à-dire le développement des nouvelles fonctionnalités autour du social et de la gamification. Le deuxième champ est l'internationalisation. Nous sommes actuellement dans huit pays, et nous continuons à nous internationaliser, notamment avec un gros projet sur les Etats-Unis. Nous pensons que là-bas, la marche à pied, c'est un sujet de santé publique, et que ça peut apporter beaucoup de bénéfices. Et puis le troisième sujet, c'est un enjeu de modèle économique, c'est comment financer toutes ces récompenses. Du coup, nous travaillons beaucoup sur les leviers de monétisation de l’application pour valoriser notre impact, notamment notre impact santé et écologique auprès des utilisateurs.
A. -P. : Il existe une application anglaise, Sweatcoin, à peu près similaire WeWard. Comment faites-vous pour vous démarquer d’eux ?
Y. B. : A notre connaissance, c’est notre plus gros concurrent, il est assez présent dans le monde, notamment aux États-Unis. Mais aujourd’hui, nous sommes plus gros qu’eux, alors que nous ne sommes pas encore présents sur le marché américain. Je pense que nous avons une stratégie un peu différente, nous nous démarquons d’ailleurs beaucoup par les récompenses. Nos récompenses sont monétaires, alors qu’eux non, nous en distribuons beaucoup plus aussi. Puis au niveau du produit, nous sommes allés beaucoup plus loin dans la gamification. Sweatcoin est resté sur quelque chose de simple et basique, alors que nous nous sommes dirigés vers une application plus complexe, mais tout en réussissant à faire en sorte que l’expérience utilisateur soit assez simple. La dernière différenciation, eux sont partis sur un créneau plutôt blockchain et cryptomonnaie, alors que nous non, puisque nous ne pensons pas que cela apporte beaucoup de valeur par rapport à la volonté des utilisateurs. Nous cherchons plutôt à améliorer la santé que gagner de l’argent.