Pour le ministre, il s’agit de mettre en avant « les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité ». Pour éviter les procès d’intention, Vincent Peillon a tenu à préciser que la morale laïque n’est pas « antireligieuse » et qu’elle n’est pas non plus « une morale d’Etat ».
Cet enseignement, qui fera l’objet d’une évaluation, devrait commencer dans deux ans, à raison d’une heure par semaine dans le primaire et au collège, moitié moins au lycée. Dès la prochaine rentrée, une formation sera mise en place pour les enseignants. Elle sera assurée par les futures écoles supérieures du professorat et de l’éducation. Cette mesure devrait a priori faire l’objet d’un large consensus, puisqu’un récent sondage Ifop a révélé que 91 % des Français y sont « favorables » (48 % y étant même « très favorables »). Mais l’opposition peut trouver là une nouvelle occasion de ferrailler contre le gouvernement et beaucoup d’enseignants se montrent réticents, estimant plus pédagogique d’enseigner la morale par l’exemple que dans le cadre d’un cours magistral.
Nul doute que l’enseignement d’une morale correspond à un besoin. Il est hélas aisé de se rendre compte, en observant les comportements dans la vie quotidienne, que de plus en plus de jeunes (et parfois de moins jeunes) n’ont pas reçu de leurs parents les éléments de réflexion sur les valeurs à respecter pour une vie sociale harmonieuse. Ce manque doit être compensé, autant que faire se peut, par l’école. Historiquement, la religion a joué un rôle majeur dans l’émergence de ces valeurs. Mais aujourd’hui, il faut les promouvoir en respectant les croyances (ou l’absence de croyance) de chacun, donc sans référence religieuse. Il s’agit donc bien d’une approche laïque de la morale. Il reste cependant à concrétiser l’idée, ce qui ne sera pas simple.