« Le président russe peut décider demain de couper totalement le gaz à destination de l'Europe, auquel cas nous aurons un impact sur la croissance française », a averti le ministre. Concernant l'ampleur de cet impact, « j'ai donné le chiffre de 0,5 % » ces derniers jours, a-t-il rappelé. Mais « en fonction de l'impact » qu'un arrêt complet des livraisons de gaz russe aura outre-Rhin « et de la possibilité d'avoir une récession en Allemagne, on peut avoir un impact qui irait jusqu'à un point de PIB », a estimé Bruno Le Maire.
Depuis que la Russie a lancé une offensive militaire en Ukraine, fin février, l'Union européenne a adopté plusieurs paquets de sanctions économiques contre Moscou, auxquelles le Kremlin a répliqué par une baisse progressive des livraisons de gaz à destination de l’Europe de l’Ouest.
Ces tensions sur l'approvisionnement en gaz seront « un élément déterminant de la croissance française en 2023 », a ajouté le ministre de l’Économie. Dans son “programme de stabilité” envoyé en juillet à la Commission européenne, Bercy a tablé sur une progression de 1,4 % du PIB français en 2023. La prévision du ministère de l'Économie est identique à celle de l'OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, mais sensiblement supérieure aux attentes du Fonds monétaire international (1 %). « La conjoncture, la géopolitique n'est pas bien orientée », a observé Bruno Le Maire.
Le nucléaire à la rescousse ?
« Dans le court terme », en dehors des contraintes d'approvisionnement en gaz, le ministre a cité « les incertitudes économiques aux Etats-Unis, en Chine et celles qui pèsent sur l'Allemagne, notre principal partenaire commercial », par ailleurs grand consommateur de gaz russe. Il a réaffirmé sa prévision de croissance pour 2022, à 2,5 %, au lendemain de la confirmation par l'Insee d'un rebond d'un demi-point de l'économie française au printemps, après un recul de 0,2 % au premier trimestre. « Je pense que nous ferons, en 2022, les 2,5 % que nous avons prévus, peut-être un peu mieux », a même espéré le ministre en soirée sur la chaîne LCI. Il s'est en revanche montré plus pessimiste sur l'inflation, estimant que le léger tassement enregistré par l'Insee en août (+5,8 % sur un an, contre 6,1 % en juillet) n'était pas encore le signe d'un ralentissement durable de la hausse des prix.
« Il y a un léger reflux – en août – mais nous sommes aujourd'hui à des niveaux d'inflation élevés, ça va durer encore plusieurs mois », a-t-il prédit. « Il n'y aura pas de recul significatif de l'inflation avant début ou mi-2023 », a-t-il poursuivi, dans la lignée des propos tenus ces dernières semaines.
24 réacteurs sur 56
Interrogé sur les possibles tensions d'approvisionnement électrique cet hiver, alors que seuls 24 des 56 réacteurs du parc nucléaire français sont actuellement en service, Bruno Le Maire a martelé que le redémarrage des réacteurs à l'arrêt pour des problèmes non liés à la maintenance était une “urgence” : « Les Français vont avoir besoin qu'avant la fin du mois de décembre 2022, en tout ou partie, les réacteurs mis à l'arrêt pour des problèmes de
corrosion ou de soudures puissent redémarrer », a-t-il insisté.