Les trottinettes sont accusées de joncher l'asphalte malgré les emplacements dédiés, de frôler à toute vitesse les piétons sur les trottoirs, de concurrencer les transports publics ou de ne pas être si écologiques que cela en raison d'un mauvais bilan carbone supposé. Pour ces différentes raisons, la mairie de Paris a décidé de lancer un vote inédit dans les urnes, et non en ligne, sur le maintien de ces engins dans les rues d’une des capitales de la mobilité douce. Les opérateurs de trottinettes ont dernièrement fustigé cette démarche.
En 2018, une douzaine de sociétés s'était installée dans la capitale avec leurs trottinettes en libre-service, mais les dérives ont amené la ville de Paris à serrer la vis à plusieurs reprises, alors que le nombre de vélos et de trottinettes privés s'est multiplié. Le marché parisien est désormais limité à trois exploitants : Lime, Dott et Tier. Les 15 000 trottinettes doivent être garées sur des places spécifiques et leur vitesse est limitée à 20 km/h partout dans la capitale, et à 10 km/h dans 700 zones denses. Mais fin 2022, la mairie de Paris a menacé les trois opérateurs de ne pas renouveler leur contrat, qui arrive à échéance fin mars. Ils ont, depuis, annoncé de nouvelles mesures pour rassurer, entre immatriculation des trottinettes, contrôle de l'âge de l'utilisateur et renforcement des patrouilles contre les engins mal garés.
« Je respecterai le vote des Parisiens »
Toutefois, la maire PS de Paris Anne Hidalgo a indiqué pencher de son côté pour « l’arrêt des trottinettes en libre-service », mais respecter « le vote des Parisiens ». En effet, le dimanche 2 avril, les habitants de la capitale devront se déplacer dans les bureaux de vote de leur arrondissement pour se prononcer pour ou contre le maintien de ces engins dans les rues. Ouverte à tous les électeurs parisiens inscrits sur les listes électorales municipales, cette « votation citoyenne » portera sur la question : « Pour ou contre les trottinettes en libre-service à Paris ? ».
Lime, Dott et Tier ont dénoncé l'organisation de ce vote dans des urnes et non en ligne. « Cette votation exclurait notamment les jeunes qui participent peu aux scrutins et sont les premiers à bouder les urnes », ont-ils souligné dans un communiqué, rappelant que « les jeunes sont aussi les premiers utilisateurs de ces trottinettes, avec une moyenne d'âge de 33 ans ». Les opérateurs ont assuré, par ailleurs, pétition et sondage à l'appui, qu'une « majorité des Parisiens de moins de 65 ans sont opposés à une interdiction ».
Le patron de Lime Wayne Ting compte bientôt revenir depuis la Californie pour défendre ses deux-roues. Pour lui, Paris est « la ville la plus importante du monde pour la micromobilité » et choisirait de revenir en arrière si elle interdisait les trottinettes. « Nous faisons partie de la solution et nous continuons à nous améliorer chaque jour », avait-il plaidé lors d'un premier déplacement en novembre 2022.
Le Gouvernement veut un « plan de régulation » national
Le Gouvernement penche plutôt pour un « plan de régulation » des trottinettes électriques au niveau national, avec davantage de contrôles et de « mesures de précaution ». L’interrogation sur ces engins se pose également à Marseille, qui a demandé aux opérateurs de fournir des efforts sur la régulation de l'âge des usagers ou le stationnement des trottinettes, dont certaines finissent encore à la mer. Dans d’autres grandes villes, comme à Barcelone ou à Montréal, les trottinettes en libre-service ont déjà été totalement interdites. A Lisbonne, leur nombre va bientôt être divisé par deux, comme cela a déjà été fait à Stockholm ou à Oslo.
Les résultats définitifs du scrutin seront proclamés le dimanche 2 avril au soir et publiés sur le site Paris.fr.
