AccueilEntrepriseVie des entreprisesTransformation numérique : les entreprises ont encore du chemin à faire

Transformation numérique : les entreprises ont encore du chemin à faire

A la veille de la Ref Num et du Salon VivaTech 2022, le Medef et BCG ont présenté à la presse leur état des lieux conjoint de la maturité digitale des entreprises françaises, et ont notamment souligné les fragilités persistantes en la matière.
de gauche à droite Pascale Dumas, Christian Poyau, Alexandre Aractingi et Clémentine Désigaud
© AP - de gauche à droite Pascale Dumas, Christian Poyau, Alexandre Aractingi et Clémentine Désigaud

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Pascale Dumas et Christian Poyau, coprésidents de la commission Mutations technologiques et impacts sociétaux du Mouvement des entreprises de France (Medef) ainsi qu’Alexandre Aractingi, directeur associé du Boston Consulting Group (BCG) de Paris et Clémentine Désigaud, associée senior, ont récemment tenu une conférence de presse pour présenter la 2ème édition de leur étude sur la maturité digitale de la France. Elle s’appuie sur les résultats d’une enquête menée auprès de 173 chefs d’entreprises, en majorité des TPE et PME de tous les secteurs et tous les territoires, mais également sur les indicateurs du BCG sur la transformation digitale et le futur du travail et sur l'analyse d'études internationales positionnant la France vis-à-vis de ses pairs.

L’état des lieux a ainsi révélé que, si la crise sanitaire a permis d’accélérer leur transformation digitale, certaines carences subsistent, notamment en matière de connectivité et de talents. « Les entreprises françaises sont toujours globalement en retard même si la période du Covid a fait progresser beaucoup de choses en termes d'usages », a d’emblée déclaré Christian Poyau.

Transformation digitale soutenue depuis la crise

Pendant la pandémie, les entreprises françaises se sont appuyées sur le numérique pour répondre aux nouvelles attentes engendrées par la crise chez leurs collaborateurs et leurs clients. Ainsi, les répondant ont placé la flexibilité, la sécurité et la durabilité au cœur de leurs préoccupations. Comme l’a souligné Alexandre Aractingi, « toutes les entreprises ont adopté un socle essentiel de pratiques et d'outils digitaux dans les usages du quotidien », qu’il s’agisse du télétravail, de la visioconférence, du partage de documents ou encore du renforcement de la cybersécurité.

Dans le détail, 73 % ont mis en place de nouveaux outils de communication et de travail collaboratif et vont les conserver, 79 % ont pris des mesures pour renforcer leur cybersécurité et 76 % considèrent la réduction de l’impact carbone de leurs activités numériques comme un sujet pour leur entreprise. A ce titre, 71 % des entreprises interrogées ont réduit leurs déplacements au profit de la visioconférence et 72 % utilisent ou comptent utiliser le numérique pour limiter leur empreinte globale, au-delà des déplacements.

Ces préoccupations s’observent chez la majorité des entreprises, même si elles sont davantage marquées chez les entreprises de services, celles de plus grande taille, ou dans les départements favorisés.

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Une maturité digitale en demi-teinte

Malgré cette progression, la transformation numérique des entreprises françaises reste encore limitée. Comme l’a précisé le directeur associé du BCG, « la moitié des entreprises sondées ne sont pas embarquées dans la transformation numérique », alors même qu’elles ont conscience que les entreprises qui ont mené à bien leur digitalisation sont les plus solides et les plus rentables.

Preuve d’un manque d’acculturation au digital, seules 19 % utilisent l’intelligence artificielle (IA) et 21% le cloud, contre 25% et 26% en moyenne au sein des entreprises de l'Union européenne.

Si les entreprises françaises dématérialisent la relation client et renforcent leur présence en ligne, seules 26 % des entreprises concernées ont mis en place un nouveau mode de commercialisation en ligne, comme le « click and collect » ou le e-commerce, pendant la crise. Autre chiffre marquant, 51 % n'ont pas démarré et ne réfléchissent pas encore à la valorisation de leurs données. Un phénomène qui peut en partie s'expliquer par un manque de compétences puisque 61% des sondés n'ont pas recruté de profils dans le digital récemment. Or, selon les chiffres exposés par Pascale Dumas, près de 200 000 postes sont actuellement à pourvoir en France dans le domaine du numérique et ils seront 300 000 dans cinq ans. Mais ce sont « 10 000 diplômés spécialisés dans le numérique qui manquent chaque année à l'appel », alerte Clémentine Désigaud.

Autres freins identifiés par les auteurs de l’étude, la méconnaissance et la sous-utilisation des aides et des initiatives publiques en faveur de la transformation de l'industrie et des TPE/PME. En effet, 56 % des entreprises ne connaissent pas les aides du volet numérique du plan de relance et seules 10 % ont bénéficié d'aides ou d'un accompagnement dans ce cadre, alors même que 42 % expriment un besoin de financement.

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Deux pistes de réflexion pour accroitre notre compétitivité

Les auteurs du rapport, en se basant notamment sur des comparaisons internationales, ont proposé deux axes pour renforcer la position de la France dans la course internationale.

Il s’agit tout d’abord de créer une dynamique d'entraînement pour encourager la transformation des entreprises traditionnelles, en rapprochant les pépites développant des solutions innovantes et les entreprises traditionnelles au sein de filières sectorielles, et en formant en masse des travailleurs du numérique compétents, capables d'exploiter le potentiel des nouveaux outils numériques dans ces entreprises.

Ensuite, il conviendrait de réussir à gommer les disparités persistantes sur le territoire national, en améliorant les compétences et la confiance des Français, en connectant l'ensemble du territoire en très haut débit, et en consolidant le rôle de catalyseur et de tiers de confiance joué par l'Etat, notamment pour les plus petites entreprises.

« Disposer d’une formation d’excellence et développer des services numériques de pointe n’est plus suffisant. Le pays doit former un grand nombre de talents digitaux afin que toutes les entreprises de notre tissu économique puissent engager une transformation profonde de leurs activités. Les exemples internationaux nous le démontrent, la structuration autour de filières et d’écosystèmes permet d’accélérer cette transition », a souligné Alexandre Aractingi.

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