AccueilActualitéRégion Île-de-France & Grand ParisSylvie Lancrenon « Je photographie comme si j'avais une caméra à l'épaule »

Sylvie Lancrenon « Je photographie comme si j'avais une caméra à l'épaule »

À l’occasion du vernissage de son exposition "Comme au cinéma", la photographe des stars du 7eme art Sylvie Lancrenon est revenue sur sa vision de la photographie et les raisons qui l’ont poussée à faire cette exposition.
Sylvie Lancrenon, photographe des stars du 7eme art.
© AP - Sylvie Lancrenon, photographe des stars du 7eme art.

ActualitéRégion Île-de-France & Grand Paris Publié le , Propos recueillis par Boris Stoykov

Affiches Parisiennes : Le milieu du cinéma n’est pas un monde qui est nouveau pour vous. Pourquoi avoir choisi de faire une exposition spécifiquement sur ce thème ?

Sylvie Lancrenon : J’ai commencé ma carrière avec le monde du cinéma, et il me suit encore. J'ai débuté comme photographe de plateau, avec Claude Lelouch. J'ai appris mon métier de photographe là-bas. J’ai vraiment pris du plaisir à photographier les scènes des réalisateurs.

Avec cette exposition, je voulais sortir des photos qu'on connaît de moi : portrait et couvertures de magazines. Je voulais complètement autre chose. Il y a 37 photographies exposées au total. Le tri a été chouette mais très dur. Ce sont des photos qui n'ont jamais été diffusées, qui sont inédites

A.-P. : Quelle volonté y a t-il derrière cette série de photos ?

S. L. : Ce sont toujours des instants volés. J’attends que dans le mini-scénario que j’ai mis en place il y ait un moment d’échappement. La personne se laisse aller et crée un moment qui me touche. Ce que je souhaite dans chaque personnage, c'est trouver quelque chose de vrai, et c'est là où il y a quelque chose de fort qui en sort. J'ai sans cesse envie de raconter une histoire.

A.-P. : Qu’est-ce que vous avez cherché à capter comme moment de vie avec ces stars du cinéma ?

S. L. : Je ne cherche pas à capter la vie des stars que je prends en photo, c'est en fait leur émotion que je recherche. Pour réussir, je les mets en condition en leur écrivant toujours un mini-scénario, pour que mes photos racontent une histoire, que ce ne soit pas simplement un cliché clic clac « Kodak ».

Comme un réalisateur qui prépare un long-métrage, je crée un mini-scénario et je les mets en condition le temps d’une journée ou d’un voyage. Mais ce n’est jamais devant un mur blanc à rien faire, il faut toujours que je raconte une histoire. La formation en cinéma que j'ai suivi m’influence beaucoup. Je photographie comme si j'avais une caméra à l'épaule. J’ai commencé comme ça avec Claude Lelouch, et ça m’a beaucoup marquée.

© AP

A.-P. : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur un de ces scénarios ?

S. L. : C’est souvent des intrigues policières, j'adore ça. Ce sont les lieux qui m'inspirent beaucoup. Si l’on prend par exemple la photo de Cécile de France, pour moi, c'est le cinéma de Godard, c'est un instant. Je l’ai mise à l'aise pour qu'elle puisse bouger, qu'elle ne soit pas statique, qu'il se passe quelque chose.

Un autre exemple qui me vient en tête, c’est la photo d’Isild Le Besco. C'était un scénario un peu fou d’une poursuite avec une voiture qui la suit dans un parking. Je l’ai guidée comme si j’étais l’acteur en face. Elle se prend au jeu et décide de retirer son trench. J’ai saisi cet instant. En général, on s'amuse comme des fous !

A.-P. : Avec qui vous avez préféré travailler ?

S. L. : Avec tous. J'ai beaucoup travaillé avec Emmanuelle Béart, Laetitia Casta, Monica Bellucci, Charlotte Gainsbourg. C'est vrai que j'ai plus photographié les femmes, ça m'amuse plus. Elles sont plus à l'écoute, plus coquettes.

J'ai photographié toutes ces actrices qui étaient obligées d'être prises en photo pour la promotion de leurs films. Et comme elles détestent les prises de vues obligatoires, elles préfèrent quelquefois que ce soit une femme qui les photographie sous un autre aspect.

A.-P. : Vous avez beaucoup voyagé pour faire toutes ces séries de photos. Quel est votre plus beau souvenir de voyage avec une star ?

S. L. : Je dirais que c'est avec Laetitia Casta. On avait décidé toutes les deux de prendre des photos sous l'eau. Elle savait très bien faire de la plongée, moi je n’en avais jamais fait. Mais c'est le plus beau souvenir de ma vie de photographe parce que la voir plonger dans l'eau et nager, c'était magique.

© AP

A.-P. : Il n’y a pas que le cinéma et la photographie dans votre vie. Il y a un an, Sophie Cluzel, Secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées à l’époque, vous avait confié une mission un peu spéciale. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

S. L. : J'ai sorti un livre qui s'appelle « Ombre et Lumière », qui raconte un peu ma vie, dont l’amputation de ma jambe à 19 ans. À cette occasion, j'ai rencontré Sophie Cluzel. J'avais envie de la rencontrer parce que je voulais aider. J'ai eu une très bonne entente avec Sophie Cluzel qui était une ministre formidable. J'ai donc réalisé les photos pour la campagne nationale du handicap. Là, j'ai rencontré des gens incroyables, j'étais bouleversée. Cela a été merveilleux de prendre ces photos et réaliser les portraits de personnes avec des handicaps parfois très lourds.

A.-P. : C’est un sujet qui vous touche ?

S. L. : Oui, ça me touche beaucoup. Si vous lisez mon livre, vous verrez pourquoi je suis touchée à ce point. C'est normal. J'ai écrit ce livre « Ombre et lumière » pour aider les gens et le handicap. C'est uniquement pour ça. Ça ne m’intéressait pas de sortir un livre pour raconter mon histoire.

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