Affiches Parisiennes : Quelle est la genèse du salon SME ?
Alain Bosetti : J'ai eu l'idée de ce salon en 1998 et sa première édition s'est tenue en septembre 1999 au Palais des Congrès. Je dirigeais alors une agence de communication et conseillais des petites entreprises qui voulaient vendre. Je me suis réveillé un matin, à 5 h, en me disant « c'est fou, il existe des syndicats, des clients repreneurs, des magazines, mais il n'y a pas de salon dédié aux toutes petites boîtes et aux indépendants ». J'ai appelé Serge Lerat, qui est toujours mon associé, lui ai demandé si ce projet l'intéressait et il a dit oui. L'aventure était lancée.
A.-P. : Il fête ses 20 ans, comment allez-vous marquer le coup ?
A.B. : En réalité nous n'avons pas prévu de festivité particulière car nous ne sommes pas un salon paillettes dans l'autocélébration. SME est un salon très pro et très convivial.
A.-P. : Sur quel thème cette édition se focalisera-t-elle ?
A.B. :Cette année, le thème est le progrès et comment progresser, car c'est une nécessité et un défi quotidien pour un entrepreneur. Ça bouge tellement vite autour : la technologie, le droit, l'administratif, par exemple avec l'arrivée du prélèvement à la source, il y a de nombreuses problématiques à intégrer.
Les progrès doivent donc se faire à deux niveaux : dans l'intégration de toutes les nouvelles technologies qui facilitent la vie de l'entreprise et dans les soft skills, c'est-à-dire les compétences comme travailler en réseau, communiquer, savoir écouter, faire preuve d'empathie avec les clients, les collaborateurs et les partenaires, gérer son stress. Plus les innovations s'accélèrent plus les entrepreneurs doivent être capables de gérer les fondamentaux du comportement.
A.-P. : Le progrès rime-t-il avec la formation ?
A.B. : Oui, entre autres. Quand on est entrepreneur, le problème est de se faire remplacer quand on est en formation. Les dirigeants de TPE ou les indépendants ne peuvent souvent pas se le permettre, c'est pourquoi des solutions de microlearning ont fait jour, notamment en ligne avec des MOOC, pour se former petit à petit. Par ailleurs, il y a de plus en plus de réseaux, d'ateliers de formation, de partage d'expérience entre chefs d'entreprise… c'est comme ça qu'on apprend.
A.-P. : Le visitorat de votre salon a-t-il connu une évolution, notamment sur sa tranche d'âge, son genre ou son secteur ?
A.B. : Il y a eu une évolution bien sûr. En termes de profil, on constate que sur 20 ans l'âge moyen de l'entrepreneur qui crée sa boîte a baissé. Il est passé de 38-40 ans dans les années 1990 à 35-37 aujourd'hui. En plus du rajeunissement, on voit également une féminisation plus forte avec environ un tiers de créatrices d'entreprise. On est passé de plutôt 26 % à 30-32 %. De plus, en regardant les études de l'Insee, on se rend compte qu'il y a un mouvement vers les grandes villes et les métropoles et vers certains secteurs qui concentrent les activités.
Par exemple, depuis 4-5 ans, le secteur du transport décolle, notamment avec les VTC, ou le numérique avec le boom des développeurs. Idem pour les services à la personne, avec le vieillissement de la population. Logiquement, les secteurs dans lesquels les entrepreneurs créent sont liés à l'évolution de la société. Enfin, on constate une évolution vers de l'intra-entrepreneuriat et la multi-activité avec l'arrivée des slashers, ces gens qui ont plusieurs activités. Notre visitorat est très riche. Il recouvre des profils différents qui reflètent la transition entrepreneuriale à l'œuvre.
A.-P. : L'affluence a-t-elle fortement augmenté depuis 1999 ? Combien de visiteurs attendez-vous ?
A.B. : Nous avons plus que doublé notre nombre de visiteurs en vingt ans. La première édition avait réuni 5 500 visiteurs, tandis que l'an dernier on a accueilli 12 475, participants dont 1 000 exposants et conférenciers. Ce sont des chiffres certifiés que je vous donne là, contrairement à beaucoup de salons qui annoncent des chiffres totalement fantaisistes. Cette année nous attendons aussi 12 000 visiteurs.
A.-P. : Quels seront les temps forts ?
A.B. : La conférence inaugurale sera consacrée aux secrets de l'entrepreneur pour réussir et la conférence de clôture se focalisera sur comment réussir malgré ses doutes. Nous attendons aussi du monde à la conférence relative à l'influence sur internet et les réseaux sociaux, celle sur la santé de l'entrepreneur, ou encore une autre sur le développement du business en région.
Nous organisons aussi une conférence assez marrante sous forme de concours d'éloquence : La battle des patrons-vendeurs. Six entrepreneurs s'y « affrontent » sur scène devant un jury d'experts. Ce qui nous caractérise est que nous avons de plus en plus de formats interactifs.
A.-P. : Quels intervenants allez-vous accueillir ?
A.B. : Nous organisons cette année 120 conférences et ateliers, donc nous devons accueillir plus de 200 intervenants. Il s'agit soit de chefs d'entreprise qui viennent partager leur expérience, soit d'experts qui viennent parler d'un sujet technique, soit de coach en compétences personnelles. Il s'agit par exemple d'Hapsatou Sy qui viendra évoquer la création de sa boîte de cosmétique ou bien d'experts-comptables qui évoqueront le prélèvement à la source ou encore de salariés d'Instagram ou de Google qui parleront de réseaux sociaux et de nouveaux outils numériques, etc.
A.-P. : Qu'en est-il de la version en ligne du salon ?
A.B. : L'idée est née d'un constat simple : il y a 4 millions d'entrepreneurs et d'indépendants en France dont environ 100 000 fréquentent un salon généraliste sur l'entrepreneuriat. Le salon SME online a donc pour vocation de capter cet auditoire et de permettre à ceux qui ne se déplacent pas de pouvoir échanger avec des experts et d'écouter des conférences qui leur sont dédiées. Depuis trois ans, en mars, nous organisons ce salon en ligne avec des webinars très pratiques sur les problématiques entrepreneuriales. L'an dernier, nous avons accueilli 5 500 visiteurs en direct. Au total, déjà plus de 15 000 internautes entrepreneurs ont consulté nos webinars.
A.-P. : Quel regard portez-vous sur l'évolution de l'entrepreneuriat ?
A.B. : Depuis vingt ans, ce qui me frappe est l'engouement pour l'entrepreneuriat avec plus de 600 000 nouveaux entrepreneurs français chaque année, et le fait qu'ils rejoignent de plus en plus des clubs et des réseaux d'entrepreneurs indépendants. Il y a un mouvement que j'appelle la transition entrepreneuriale. La France vit plusieurs transitions : écologique, démographique, numérique et entrepreneuriale. On passe d'une société de salariés en CDI vers une société d'entrepreneurs et d'indépendants à temps plein ou partiel. C'est une évolution fondamentale.