Le Grand Paris Express coûtera 9,5 milliards de plus que prévu, soit près de 30 milliards d'euros au total, affirme ce rapport du haut fonctionnaire Pascal Auzannet, remis à la ministre de l'Egalité des territoires Cécile Duflot. Il évoque surtout un étalement des travaux jusqu'à 2030, qui affecterait notamment l'arc nord-est, reliant Le Bourget (Seine-Saint-Denis) au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) au nord et à Noisy-Champs à l'est, alors que jusqu'ici, le projet devait officiellement aboutir entre 2018 et 2020.
"Nos inquiétudes sont très fortes", a résumé le maire PS d'Aulnay-sous-Bois Gérard Segura, dont la commune compte énormément sur sa nouvelle gare pour rebondir après la fermeture de l'usine PSA en 2014. "Comment attirer (aujourd'hui) un investisseur industriel à forte valeur ajoutée sur le site de PSA à l'horizon 2025-2026 ? Ca n'est pas raisonnable (...) Il ne faut pas revenir sur ce qui a été acté", a-t-il insisté lors d'une conférence de presse avec d'autres maires concernés. Il a aussi demandé que la promesse d'une construction "concomitante" de la ligne rouge (arc nord-est) et la ligne orange (arc sud) soit respectée. "On ne fait pas un réseau bouclé en le coupant en tronçons", a pour sa part commenté pour l'AFP Vincent Eblé, président PS du conseil général de Seine-et-Marne car sinon, "on continue de renforcer les déséquilibres régionaux, ce qui est inacceptable".
La ligne rouge devait ainsi permettre au Mesnil-Amelot "d'être enfin désenclavé" tout en attirant de nouvelles entreprises, a témoigné son maire UMP Alain Aubry. Le projet d'une gare avait entraîné le dépôt de huit demandes de permis de construire pour des hôtels, a-t-il souligné lors du point presse. Elle doit aussi desservir des communes très enclavées de Seine-Saint-Denis aujourd'hui seulement reliées à Paris par bus, comme Clichy-sous-Bois ou Montfermeil. "On ne peut pas continuer à verser des larmes de crocodile sur l'égalité territoriale et ne pas maintenir ce projet", a jugé Olivier Klein, maire PS de Clichy, tandis que le maire UMP de Montfermeil, Xavier Lemoine, a dit sa "colère": "il faut rompre avec la mentalité d'épicier qui prévaut ces derniers temps. Qui a calculé ce que coûterait l'asphyxie de notre région?". La ligne rouge doit desservir des quartiers d'où sont parties les émeutes urbaines en 2005 --Les Tilleuls au Blanc-Mesnil, Les Beaudottes à Sevran, Les 3.000 à Aulnay, Le Chêne-Pointu à Clichy--, a rappelé le maire communiste du Blanc-Mesnil Didier Mignot. "Nous sommes toujours sur une poudrière, nous ne pouvons décevoir une fois de plus ces populations", a-t-il lancé. Le député PS Daniel Goldberg a lui demandé que la ligne rouge soit construite dans "des délais fermes et acceptables". "Des marges de manoeuvre existent pour le financement de ce projet", a assuré Stéphane Troussel, le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, dès mercredi, dans un communiqué. Il a plaidé pour un emprunt "sur des durées supérieures à 40 ans", rappelant que le métro parisien "n'a été payé que dans les années 1970!".