« Je ne crois pas qu'il faille sombrer dans l'abîme du désespoir, ni penser que rien ne marche plus, a déclaré Stéphane Hardouin, le procureur de la République de Créteil, lors de l'audience solennelle de rentrée. « Ce serait une défaite de la volonté et de l'action bien tragique que de nous résigner à ce point, en attendant passivement les secours promis », a-t-il ajouté.
« Oui il y a un manque de moyens. Mais la crise que nous connaissons dépasse largement cette question et même l'institution judiciaire », a dit ce magistrat, avant de saluer le plan quinquennal « sans précédent » annoncé au début du mois par le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, dans « le contexte contraint des finances publiques ».
« On parle parfois de souffrance. S'il y a souffrance, il me semble qu'elle est surtout dans la vie des justiciables et de tous ces destins brisés qui peuplent le quotidien de nos affaires », a encore estimé Stéphane Hardouin, ancien conseiller justice du cabinet de Jean Castex à Matignon, disant voir dans son équipe au parquet « de l'exigence, des doutes aussi, de l'humilité et une volonté de donner le meilleur ».
« Le malaise et la situation de crise ressentis par les magistrats ne sauraient se résumer à une question de charge de travail et de moyens supplémentaires, sous peine de les caricaturer », a déclaré le président du tribunal judiciaire de Créteil, Éric Bienko Vel Bienek. « Ce sont des professionnels qui ne comptent jamais leur temps et dont les revendications n'ont qu'un seul objet, à rebours d'un discours purement misérabiliste qui serait inaudible : rendre une justice de qualité », a-t-il également estimé.