Au collège Auguste Delaune, à Bobigny, Julia, une élève de 5e, n'a pas eu « de prof de français et d'anglais pendant un mois ». Avec sa mère, d'autres parents d'élèves et des dizaines de professeurs et personnels éducatifs d'établissements de Seine-Saint-Denis, ils se sont rassemblés une nouvelle fois, il y a une semaine, devant la direction des services départementaux de l'Éducation nationale de Seine-Saint-Denis. « Profs absents, où sont les remplaçants ?" demandait une pancarte tenue par un manifestant Jamal Najim, représentant de parents d'élèves depuis huit ans au collège Lavoisier de Pantin et statisticien, a sorti sa calculatrice : au 7 décembre, 1 320 des 10 960 heures de cours prévues dans l'établissement n'ont pas été assurées en raison d'absences, soit 12,04 % d'heures manquées pour les élèves.
« Nous sommes sur une trajectoire annuelle d'environ 110 heures manquées par élève (sur 940 heures), soit plus de quatre semaines pleines de cours sur 36 », détaille ce père de famille très impliqué dans la vie scolaire. Prof d'histoire-géo, de français ou d'atelier pour les classes de Segpa manquaient à l'appel. Les parents d'élèves ont multiplié les lettres à la DSDEN 93, au recteur, mais aussi à Brigitte Macron, pour la quatrième fois depuis septembre. Résultat de cette mobilisation, tous les postes ont été pourvus à la rentrée de janvier.
Outre le manque de contractuels pour remplacer les titulaires, c'est aussi leur "qualité" qui est discutée. « On embauche des profs qui n'ont jamais été formés et à qui on dit : “venez enseigner en Seine-Saint-Denis”, si bien que certains sont nuls ! », assure un parent d'élève.