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Orbiss, la boussole des entrepreneurs français qui veulent franchir l’Atlantique

Laurence Ruiz est co-fondatrice et associée du cabinet d’expertise comptable Orbiss, spécialisé dans le développement des entreprises françaises aux États-Unis.
Orbiss, la boussole des entrepreneurs français qui veulent franchir l’Atlantique
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EntrepriseChiffre Publié le , Propos recueillis par Boris Stoykov

Elle présente cette structure, devenue une référence dans le monde des sociétés françaises voulant se développer aux Etats-Unis. Déjà très implanté sur la côte Est, Orbiss dévoile ses projets d'implantation sur la côte Ouest, avec l'ouverture d'un premier bureau à San Francisco. Preuve que les États-Unis sont un territoire propice aux affaires pour les entrepreneurs français, et ce malgré le contexte politique international difficile.

Affiches Parisiennes : Vous êtes associée au sein du cabinet d'expertise comptable Orbiss, basé aux États-Unis. Pouvez-vous nous présenter votre cabinet et son développement ?

Laurence Ruiz : Je suis expert-comptable en France et mes associés sont experts-comptables, à la fois en France et aux États-Unis. Nous travaillons quasi exclusivement avec des groupes de sociétés, ce qui signifie que pour être clients chez nous, il faut avoir une maison mère en France ou en Europe et une filiale aux États-Unis. Ou l'inverse, parce que certains de nos clients ont fait ce qu'on appelle un flip, c’est-à-dire que la maison mère est devenue américaine parce qu'ils ont des investisseurs étrangers. Donc, on aide les sociétés françaises à venir sur le territoire américain ou à se développer sur le territoire américain, si elles y sont déjà.

D'un point de vue ressources humaines, on a mis en place des choses assez poussées, comme le fait que nos salariés sont capables de travailler de la maison, de n’importe où sur le territoire américain et même d'Europe. Dans l'idée qu'il n'y a pas vraiment de limites. On permet les vacances illimitées, 100 % de ce qu'on appelle le bénéfice package, donc l’assurance santé, la vision et le dentaire, est payé par Orbiss. Nous sommes dans un management horizontal et pas vertical, on a innové en termes de management et de respect de nos salariés, car c’est une des valeurs qui comptent pour nous. La deuxième valeur, c'est la qualité du travail, qui doit être irréprochable pour les clients. La troisième valeur, c'est l'indépendance vis-à-vis de nos partenaires. On en réfère beaucoup à nos clients, ils peuvent être des partenaires bancaires, des partenaires d'établissements de fiches de paie, des avocats, des assureurs et on se refuse de conclure avec eux des contrats de partenariat. On estime que si on réfère un client à un de ces partenaires, c’est pour que cela serve le client mais on ne gagne rien et on veut être sur ces mises en relation vis-à-vis de nos clients.

Actuellement, nous avons 25 collaborateurs et trois bureaux, un à New York avec 11 personnes, un bureau à Boston avec cinq personnes, un bureau à San Francisco avec une personne et le reste de nos collaborateurs sont là ou ils veulent vivre. L'idée, c'est que partout où vous voulez travaillez, vous pouvez. L'important, c'est que vous vous sentiez bien dans votre vie et dans votre environnement.

© Orbiss -De gauche à droite : Yoann Brugière, Jenny Doridour, Laurence Ruiz et Marc Prost.

A.- P. : En cette période un peu délicate, entre la sortie progressive de la crise sanitaire et l’actuelle guerre en Ukraine, les entreprises françaises sont-elles toujours présentes aux États-Unis ?

L. R. : Oui, presque plus que jamais. On a extrêmement bien travaillé pendant la Covid, donc il y a une vraie volonté des sociétés françaises de venir sur le territoire américain, et même si elles ne le pouvaient pas, une volonté de développer leur business. On les a beaucoup représentées dans ce cadre-là et depuis que le président Biden a rouvert les frontières, on voit davantage en physique les clients revenir sur le territoire américain, faire des tours clientèle, venir voir les équipes et aussi, de temps en temps, licencier, parce qu'évidemment, tout n'a pas été parfait pendant la crise. Pour l'instant en tout cas, on ne ressent pas d'impact sur la volonté des entreprises françaises à venir et à se développer sur le territoire américain.

Depuis 18 mois, on a des clients avec des valorisations et des levées de fonds conséquentes comme on n’en a pas vu depuis très longtemps. Malgré la guerre en Ukraine, les affaires continuent et on ne ressent pas d’impact. New York, qui s'était complètement vidée pendant la crise, est bondée aujourd'hui, le prix de l'immobilier est plus cher qu'avant la crise, il y a très peu d'appartements disponibles, la ville est pleine de touristes. On est revenu à une situation d'avant-Covid, et, alors que tout le monde disait pendant la crise que plus personne ne voudrait vivre dans les grandes villes, force est de constater que ce n’était pas vrai.

© Adobe Stock

A.- P. : Aujourd'hui, aux États-Unis, la guerre en Ukraine n’impacte pas du tout le monde des affaires ?

L. R. : Non et pour l'instant en tout cas, personne n’a arrêté son activité à cause de la guerre en Ukraine. En revanche, sur toutes les chaînes d’informations, comme sur CNN, et sur certains journaux, la guerre en Ukraine est extrêmement présente. Tous les journalistes phares de CNN sont partis là-bas au début de la guerre et ont multiplié les reportages. On sentait vraiment qu'ils étaient impliqués. Le New York Times en parle énormément aussi et en fait sa Une presque tous les jours. Je pense que ça dépend des journaux qu'on regarde mais à New York, on a le sentiment que les gens sont très impliqués dans ce qui se passe. En termes de chiffres, cela ne se ressent pas (encore) dans les affaires, mais les gens ont désormais compris que cette guerre allait durer dans le temps.

A.- P. : Est-ce que vous aidez les start-up pour leur financement, dans leur recherche de fonds ?

L. R. : Non, mais on peut aider les start-up à monter des documents financiers, à réfléchir sur ce qu'elles peuvent mettre en avant vis-à-vis des fonds. On a des partenaires pour ça et on peut les référer à des fonds. En général, quand elles arrivent vers nous, les levées de fonds ont déjà été faites. Ce sont des sociétés assez matures qui ont déjà des directeurs financiers en interne qui gèrent toute cette partie-là. On est vraiment le technicien des levées de fonds, on va mettre en avant les chiffres plus que faire de la coordination vis-à-vis des fonds.

© Orbiss - De gauche à droite : Jenny Doridour, Laurence Ruiz, Yoann Brugière et Marc Prost.

A.- P. : S’agissant de votre implantation à San Francisco, qu’est-ce qui vous a motivé ? Une proximité avec la Silicon Valley ?

L. R. : On était très présent sur la côte Est, parce que ça nous semblait stratégique, mais on s’est rendu compte que beaucoup de sociétés françaises étaient aussi côte Ouest et ne pensaient pas forcément à nous, basés à New York et à Boston, pour gérer leurs chiffres et leur comptabilité, alors qu'on est tout à fait capables de le faire. On a trouvé intéressant de mettre une présence physique côte Ouest. Cela nous permet désormais d'avoir des journées plus longues, parce que dès que l'on s'arrête de travailler à 17h ou 18h, l’équipe de la côte Ouest qui peut poursuivre le travail pendant deux ou trois heures.

Après 10 ans à New York, on a quand même une bonne présence dans le monde des sociétés françaises et aller sur la côte Ouest, c'était comme une nouvelle aventure. Il a fallu refaire notre réseau et nous adapter à une culture différente. Cette nouvelle démarche était assez excitante pour les associés et pour les équipes. Ce renouveau était finalement plutôt sympa et a mis un peu de lumière dans notre quotidien new-yorkais. À New York, on connaît un peu toute la vie française, à San Francisco ce n'est pas du tout le cas. On nous a demandé d'aller à Los Angeles, mais on ne peut pas être partout en même temps. Néanmoins, on y réfléchit, car il y a là un défi qui n'est pas inintéressant.

A.- P. : Auriez-vous un message à passer aux entrepreneurs français ?

L. R. : Il faut venir aux États-Unis quand on est prêt, quand on est mature, car c’est un pays qui coûte extrêmement cher. Quand tous les feux sont au vert, c'est une belle expérience, c'est un beau challenge à relever. Mieux vaut venir sur une petite partie du territoire pour commencer, parce que les États-Unis, c'est immense. Vouloir attaquer l'intégralité du marché américain, c'est comme vouloir intervenir sur les 15 pays européens. C'est un territoire qui a 51 États et 51 cultures très différentes. Mais il y a de très belles réussites de sociétés et de start-up françaises sur le territoire américain, dans la tech et le software, principalement.

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