AccueilEntrepriseVie des entreprises« Nous ne pouvons plus diriger une entreprise comme nous le faisions il y a 10, 15 ou 20 ans »

« Nous ne pouvons plus diriger une entreprise comme nous le faisions il y a 10, 15 ou 20 ans »

En partenariat avec Usbek & Rica, le Mouvement des entreprises de France a organisé, mardi 7 février, à Paris, une Rencontre des entrepreneurs thématique sur la jeunesse.
Thierry Keller, cofondateur d’Uskeb et Rica et Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef.
© DR - Thierry Keller, cofondateur d’Uskeb et Rica et Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef.

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« Une génération est-elle en train de naître ? », telle était la question de la plénière d’ouverture de la Rencontre des entrepreneurs (REF) thématique sur la jeunesse organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef) en partenariat avec le média Usbek & Rica. Cette journée de débat était une possibilité pour les entrepreneurs afin de réfléchir sur la nouvelle génération.

Pour introduire les débats, Thierry Keller, journaliste et cofondateur d’Usbek & Rica, a procédé à une mise en contexte. « Cette jeunesse est-elle plutôt Greta Thunberg, Aya Nakamura, ou Kylian MBappé, plutôt dernière rénovation, CGT ou Medef ? Elle a plutôt envie de monter des startups ou de partir élever des chèvres ? », a-t-il questionné. Il a ensuite donné quelques chiffres issus de différentes enquêtes. Selon YouGov, 78 % des 18-24 ans n’accepteraient pas un emploi qui n’a pas de sens pour eux et 63 % seraient prêts à accepter un job plus précaire, mais qui a du sens. L’Institut Montaigne a, de son côté, révélé à travers une étude effectuée auprès de 8 000 jeunes, que pour 42 % d’entre eux le premier critère pour choisir un travail est celui de la passion. « Cette génération attend plusieurs choses de l’entreprise, tout d’abord le respect de l’environnement, puis le respect de l’équilibre vie pro – vie perso, ainsi que la flexibilité et l’autonomie dans le travail », a précisé le journaliste, avant de demander son avis sur cette nouvelle génération au président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.

« Convaincre, attirer et garder ces jeunes dans les entreprises »

« C’est vrai que cela peut paraître bizarre que le Medef s’intéresse à la jeunesse, mais les entreprises sans salariés, et sans salariés jeunes, s’arrêtent. Nous avons donc besoin de forces vives, la nouvelle génération est un sujet de prospective, mais surtout majeur. Les jeunesses sont toujours très différentes, et nous abordons ça avec beaucoup d’ouverture, puisque nous avons devant nous un véritable problème de ressource productive. Nous devons donc essayer de comprendre ces jeunes, pour réussir à les convaincre, les attirer et les garder au sein de nos entreprises », a expliqué le président du Medef. « Chaque génération construit un combat, une cause. Celui de cette nouvelle génération est la transition écologique afin d’éviter le réchauffement climatique ».

Le système managérial est beaucoup plus complexe et participatif »

Geoffroy Roux de Bézieux a ensuite nuancé les chiffres évoqués par Thierry Keller : « Ils sont peut-être un peu exagérés, disons que c’est du déclaratif, mais même si nous les divisions par deux, il reste spectaculaire », démontrant qu’à une dimension managériale, « nous ne pouvons plus diriger une entreprise aujourd’hui, comme nous le faisions il y a dix, quinze ou vingt ans. L’autorité strictement hiérarchique ne fonctionne plus, un patron doit maintenant expliquer pourquoi il fait les choses, et aussi pourquoi il demande de faire des choses. Le fonctionnement a changé. Historiquement, c’était l’information qui faisait l’autorité, mais aujourd’hui, tout le monde a un avis sur la stratégie des boîtes, puisque tout le monde lit le journal, et regarde les réseaux sociaux. Cela rend le système de décisions managériales beaucoup plus complexe et participatif. Le rapport entre l’employé et l’employeur s’est transformé, or rester sur un mode de fonctionnement dur, c’est dorénavant s’exposer à des départs massifs des salariés ». En plus de ce changement radical, le télétravail a lui aussi fait évoluer le monde professionnel. En effet, d’après un sondage de la DP Reseach Institute, qui a interrogé 33 000 jeunes dans 17 pays dont 2 000 en France, 53 % des 18-24 ans sont prêts à démissionner si on leur refuse le télétravail.

Un problème de transmission d’entreprises aux générations futures

Pour finir l’ouverture de cette REF, Geoffroy Roux de Bézieux s’est penché sur une autre problématique, celle de la transmission d’entreprise. Selon le patron du Medef, « la majorité des entreprises françaises sont des boîtes familiales, et même si aujourd’hui nous parlons beaucoup de la transition écologique et économique, il y a aussi une transition managériale ». Or, « les enfants des patrons d’entreprises familiales ne sont plus intéressés, pour la plupart en tout cas, par la reprise de la boîte de leurs parents ». Ces dirigeants se retrouvent donc dans une situation compliquée, puisqu’ils n’ont pas envie de vendre. « Ceci est aussi un problème de jeune entre guillemets, et nous devons trouver des solutions. Même si la succession familiale est quand même la meilleure, vu qu’elle permet d’assurer une pérennité de long terme dans les entreprises, il va falloir que les chefs d’entreprises s’adaptent », a conclu Geoffroy Roux de Bézieux.

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