Affiches Parisiennes : Pouvez-vous nous présenter Nomad Education et le concept d’éducation mobile ?
Cécilia Moussut : Nomad Education est une Edtech française devenue entreprise à impact en juillet dernier et c'est important parce qu'on est très engagés au niveau social et environnemental, avec le numérique et l'éducation mobile, notamment.
A. -P. : Vous avez une forte implantation internationale, notamment en Afrique. Pourquoi en particulier là-bas ?
C. M. : En fait, c'est l'Afrique qui est venue à nous. On s'est rendu compte, il y a deux ou trois ans, qu'on avait plus de 100 000 téléchargements en Afrique, parce qu’on a effectivement un outil qui répond aux besoins éducatifs du continent, non seulement via le smartphone mais aussi via l'application, qui est disponible hors connexion une fois téléchargée. Par ailleurs, en Afrique francophone, les programmes éducatifs sont extrêmement similaires aux programmes officiels locaux, d’où l’appétence pour ce type d'outils et de contenus. On s'est vraiment développé à vitesse grand V sur ce continent.
A. -P. : Vous faites donc rayonner notre éducation à travers le monde. Les pays francophones doivent avoir une certaine appétence pour les programmes d'éducation à la française ?
C. M. : Oui, complètement. Tout d’abord, l'éducation à la française rayonne partout dans le monde depuis des années, avec de nombreux établissements français et plus de 10 000 élèves de ces établissements abonnés à Nomad Education. Et au-delà de ça, le français est l’une des langues les plus parlées au monde et a un certain attrait qui nous permet de rayonner tant sur le continent africain qu’au-delà, puisque on a des connexions un peu partout, en Azerbaïdjan, en Amérique du Sud, etc. C’est la preuve que l’éduction a besoin de se développer partout et y avoir accès via le numérique, c'est quelque chose d'extraordinaire de nos jours. Il faut savoir surfer dessus et en profiter.
A. -P. : Avez-vous également un projet de développement à l'échelle européenne ?
C. M. : Non pas pour l'instant. Déjà parce que d'autres le font et que c’est plus compliqué du fait que ce ne sont pas du tout les mêmes programmes. Et puis structurellement, par rapport à l’Europe, l'Afrique ne dispose pas des mêmes structures éducatives comme la Fnac, Cultura ou les bibliothèques, qui permettent d'avoir accès à des outils parascolaires pour progresser, réussir et se remettre à niveau. L'éducation mobile est vraiment pertinente pour ce continent.

A. -P. : L’application est donc davantage propice à un usage sur smartphone que sur ordinateur ?
C. M. : Exactement, parce que le mobile permet un accès partout, à toute heure, n'importe quand. L'interactivité passe davantage par le smartphone que par l’ordinateur, plus adapté à des cours de fond. Avec le smartphone, vous pouvez réviser une notion en un clin d'œil, commencer un quiz, vous arrêter au bout de la troisième question et y revenir dans un mois. Et au-delà du contenu scolaire, on a mis en place un programme de coaching dans l'application, basé sur les applications de sport, toujours dans l’objectif de motiver le jeune. Par exemple, s'il s'engage à réviser pendant quinze minutes par semaine mais qu’il ne s’y tient pas, on lui envoie un petit message, un petit clin d’œil, pour l’encourager à revenir sur l'application, à continuer sa progression, comme cela se fait sur les applis de sport.
A. -P. : Comment voyez-vous le développement de votre application par rapport aux attentes des jeunes ? Êtes-vous aussi très présents sur les réseaux sociaux ?
C. M. : Oui, nous y sommes beaucoup et cela nous permet de capter encore plus de monde. Aujourd'hui, le comportement des jeunes vis-à-vis de l'apprentissage, de l'éducation, est très différent. Ils ont besoin d’avoir accès très rapidement à tout, à tout moment. On a aujourd'hui le pouvoir de permettre l'éducation pour tous, partout dans le monde, n'importe quand, où on veut, quand on veut. C'est un formidable outil d'accès à l'éducation, de développement de la citoyenneté, du vivre-ensemble, un moyen de casser les barrières, grâce aux réseaux sociaux notamment.
Sur Tik Tok, on a des postes qui font parfois jusqu'à 5 millions de vues, c’est un bon canal pour passer des messages aux jeunes, les éduquer, les sensibiliser à certaines causes etc.
A. -P. : Qu'attendez-vous des Pouvoirs publics français pour soutenir votre activité ?
C. M. : Ils ont pris conscience qu'il y avait de formidables initiatives à mettre en valeur. En France, cela passe généralement par des appels d'offres, auxquels on ne peut pas toujours y répondre parce qu'en tant que petite entreprise il faut du personnel pour cela, mais il y a quand même une plus grande ouverture d'esprit. Le privé et le public travaillent de plus en plus main dans la main donc on espère que ça va s’accentuer pour proposer un accompagnement pour tous à la réussite scolaire et à la remise à niveau. D’ailleurs en France, il y a un vrai problème sur ce sujet et, justement, la remise à niveau peut aussi passer par l'éducation mobile.
A. -P. : Votre application est totalement gratuite pour l'utilisateur ?
C. M. : Elle est gratuite pour l'année en cours. Le jeune, lorsqu’il s’inscrit et fait son profiling, a accès à tout le contenu de son année en cours, dans toutes les matières, de façon 100 % gratuite. En revanche, s'il veut aller plus loin, voir les contenus de l'année suivante ou revenir en arrière parce qu'il n'a pas compris une notion, c'est un service payant, un espace à part dans l'application qui s'appelle Nomad+. C’est un peu comme s’il avait tout le rayon parascolaire de la Fnac , avec la préparation aux tests de langues, la préparation aux concours des grandes écoles et aux concours de la fonction publique, l'entraînement à l'oral, etc. Tout cela pour 150 € par an.
A. -P. : Les entreprises vous aident-elles à véhiculer tout le savoir français ?
C. M. : Oui, on est en train de développer ça avec des grands groupes qui, dans le cadre de leur RSE, veulent donner un accès à tous à l'éducation. En Afrique, nous travaillons avec la Fondation Orange dans le cadre de leur programme d'éducation numérique pour lequel ils déploient des tablettes numériques et au sein desquelles nous intégrons nos contenus. On le fait pour l'instant pour des élèves de la primaire et du collège et j'espère prochainement au niveau du lycée. On travaille également avec des ONG qui sont très impliquées dans l'éducation et qui ont envie d'adresser du contenu éducatif spécifique.