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Nicolas Leroux : « Le LPO, un outil au service des cabinets d'avocats »

Le Legal Process Outsourcing (LPO) intéresse aujourd'hui de plus en plus de cabinets d'avocats et de directions juridiques d'entreprises. Il leur permet d'externaliser des volumes importants de tâches ayant une valeur ajoutée relativement faible. Nicolas Leroux, avocats aux barreaux de Paris et de Genève, présente cette nouvelle pratique en plein essor.
Nicolas Leroux : « Le LPO, un outil au service des cabinets d'avocats »

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Affiches Parisiennes : Comment définiriez-vous le “Legal Process Outsourcing” (LPO) ou ‘‘externalisation juridique’’ ?

Nicolas Leroux : L’outsourcing consiste, pour un cabinet d’avocats ou une direction juridique d’entreprise, à externaliser auprès d’un prestataire extérieur certaines tâches juridiques présentant une valeur ajoutée relativement faible mais un volume important. En France, les prestataires de LPO doivent avoir la forme de cabinets d’avocats pour satisfaire aux règles concernant le monopole de la consultation juridique, mais le LPO est une activité différente et complémentaire de celles des avocats traditionnels. Elle n’intervient que dans certains domaines très précis, sur la base d’une méthodologie très particulière. C’est une opportunité pour les cabinets d’avocats de faciliter leur développement, en les rendant plus efficaces, plus rentables et plus flexibles.

A.P. : Quel est l’intérêt d’externaliser ses prestations juridiques ?

N.L. : Pour un cabinet d’avocats, le principal intérêt est notre flexibilité et notre expertise dans le traitement de volumes d’information importants. Nous lui permettons de gérer des dossiers de grande taille, en offrant une méthodologie rigoureuse et en intégrant dans notre modèle économique les coûts liés au caractère ponctuel ou cyclique de certaines activités (par exemple, le secrétariat juridique de sociétés). Cela permet aux cabinets, notamment aux plus petits, d’intervenir sur des dossiers qu’ils ne pourraient pas traiter seuls, par exemple lors de contentieux pénaux ou réglementaires qui nécessitent la lecture et la gestion de milliers ou de dizaines de milliers de pièces. Nous élargissons donc la palette d’intervention du cabinet. Il y a également un avantage en termes de coût, puisqu‘une partie de notre équipe est « off shore », à l’Île Maurice. Mais ce n’est pas la motivation principale de nos clients, qui viennent surtout chercher la compétence de nos équipes en termes de « process », ainsi qu’une plus grande flexibilité.

A.P. : L’outsourcing fait-il partie de la culture juridique française ? Pourquoi prend-elle de plus en plus d’importance en France ?

N.L. : Le LPO est une culture qui se développe petit à petit, mais dont le concept fonctionne vraiment. Nous avons un travail d’éducation à faire pour que les acteurs comprennent que nous ne couvrons pas tous les besoins juridiques mais uniquement des besoins précis.

Le LPO que nous proposons est différent de celui des Anglo-Saxons qui se compose à 80 % de « discovery » (procédure de recherche et de collecte de preuves dans une enquête) et qui représente environ 10 000 personnes dans le monde aujourd’hui. Dans les pays de droit anglo-saxon, les affaires de contentieux présentent souvent des centaines de milliers ou des millions de pièces, tandis qu’en France, cela ne va pas au-delà de quelques milliers. Nous avons donc adapté le concept à l’Europe et à la France en le simplifiant.

A.P. : Peut-on tout externaliser ? Quelles sont les limites ?

N.L. : Trois domaines sont externalisables : le secrétariat juridique de sociétés (approbation des comptes, constitution de sociétés…), la gestion et l’analyse des pièces en matière de contentieux (le « litigation support ») et les audits juridiques, notamment dans le cadre de fusions-acquisitions.

Les autres tâches juridiques nécessitent un travail sur mesure, qui correspond au modèle économique d’un cabinet d’avocats classique, mais pas au nôtre. Ces activités ne permettent pas de réduire les coûts comme nous pouvons le faire dans nos domaines de spécialité. Je dis cela sur la base des expériences américaines et de notre propre expérience en France.

A.P. : Pourquoi avoir choisi de vous baser à l’île Maurice ?

N.L. : Je précise que le siège de notre structure n’est pas à l’Île Maurice et que nous sommes enregistrés en France sous la forme d’un cabinet d’avocats. Nous avons donc une partie de l’équipe « on shore » à Cergy-Pontoise et une autre « off shore » à l’Île Maurice parce que les coûts y sont plus faibles et que les juristes sont de très grande qualité, puisqu’ils sont bilingues et qu’ils connaissent le droit anglo-saxon et le droit français. Il est difficile de trouver une telle concentration de compétences linguistiques et juridiques en France.

A.P. : Comment se porte le marché de l’externalisation en 2015 ? Quelles sont les perspectives ?

N.L. : Le marché français connaît un développement exponentiel. Pour Kalexius, nos perspectives en France sont de doubler notre activité dans les deux années qui viennent. Il y a aussi un marché en Europe continentale en Allemagne et au Benelux qui nous semble intéressant. Sur les marchés anglais et américains, il y a déjà des acteurs très importants (Pangea3, Integreon, etc.), qui sont organisés essentiellement pour traiter de la discovery. Nous ne sommes pas concurrents et ne tenterons pas d’aborder leur marché.

Nous avons un concurrent en Allemagne. Il y a aussi quelques cabinets d’avocats français qui ont développé une activité accessoire de LPO, mais nous sommes les seuls à nous concentrer exclusivement sur le LPO. L’expérience dans d’autres pays montre que la plupart des cabinets d’avocats ayant lancé une offre de LPO ont abandonné avec le temps. Car les modes opératoires sont trop différents pour faire cohabiter dans la même structure une activité traditionnelle et de LPO. Ce ne sont pas les mêmes process, pas les mêmes profils de personnes, pas les mêmes positionnements commerciaux, pas les mêmes pilotages. Ce sont deux métiers différents, mais complémentaires.

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