Affiches Parisiennes : Vous avez organisé la venue du Président Emmanuel Macron en Lituanie. Quel était l'objectif de cette visite au-delà du développement des relations bilatérales ?
Nerijus Aleksiejunas : Cette visite était très importante pour notre pays car la dernière visite officielle d'un Président français date d'il y a vingt ans. C'était en 2001 avec le président Jacques Chirac, donc celle que vient d'effectuer le président Macron était un rendez-vous historique. Nous avons beaucoup échangé lors de cette visite, notamment concernant la situation sécuritaire de notre pays, la crise politique en Biélorussie et un dialogue avec la Russie ainsi que d'autres questions politiques. Il y a eu des résultats.
C'était aussi très important pour nous d'avoir un axe économique parce que c'est aussi la base de la coopération bilatérale. Et je pense que dans ce contexte de crise sanitaire il y a quelques leçons à tirer, comme par exemple l'importance d'augmenter nos capacités en nouvelles technologies, biotechnologies ou relocation de production vers l'Europe. J'estime que ce contexte offre de très bonnes possibilités de développement pour la Lituanie, et pour que les pays baltes puissent coopérer avec la France, car nous avons tout intérêt à travailler ensemble, notamment en matière d'innovation au niveau européen. Nous pouvons pousser notre ambition que l'Europe devienne le leader en matière d'innovation.
Je pense aussi que notre vision et notre expérience dans le numérique et le domaine des start-ups sont très intéressantes pour la France. Un des exemples les plus concrets est la cybersécurité, une technologie bien développée dans notre pays, et c'est naturellement une grande possibilité pour développer notre coopération.
C'est la raison pour laquelle nous avons organisé le Forum économique bilatéral en marge de la visite présidentielle qui a eu un grand succès avec un total de 140 participants malgré les circonstances exceptionnelles. C'est un très bon résultat dans ce contexte de pandémie COVID 19.
Il y avait des participants de secteurs différents comme les fintechs, l'ingénierie, les transports et l'énergie, ce qui prouve qu'il y a un grand nombre de sujets importants où nous pouvons développer des synergies en travaillant ensemble. J'ai l'impression que ce forum économique a déjà des résultats très concrets car quelques contrats sont déjà signés et il y a eu beaucoup de prises de contact.
En tant qu'ambassadeur, je vais faire le suivi de ces partenariats et travailler pour continuer à entretenir les liens entre nos deux pays.
A.-P. : Comptez-vous organiser un autre business forum en France?
N. A. : Oui, je pense que c'est une bonne idée car on doit continuer nos efforts. Nous aurons peut-être la possibilité de venir en France l'année prochaine. Je travaille beaucoup sur ce type de visite, comme sur le suivi des partenariats dans les nouvelles technologies et l'innovation. Je voudrais ainsi organiser une visite économique en région, car nous avons à découvrir Marseille et Lyon et rencontrer différents partenaires, notamment les Chambres de commerce.
A.-P. : Cette coopération bilatérale bénéficie aussi à l'Europe ?
N. A. : Oui, je crois que si la coopération bilatérale est très importante, c'est aussi le cas des programmes européens. Nous pouvons travailler davantage ensemble en Europe, notamment au niveau des entreprises et des institutions économiques. Il me semble qu'il faut profiter du plan de relance européen et du cadre pluriannuel de l'UE pour se fixer des objectifs et des perspectives ambitieuses.
A.-P. : Au-delà de l'aspect économique, cette visite était aussi importante aussi au niveau politique en raison de la crise biélorusse. Le Président Macron a été très clair sur ce sujet. Êtes-vous satisfait de ce point de vue?
N. A. : Oui, parce que c'était très important que le Président Macron rencontre Svetlana Tikhanovskaïa, la représentante de la société civile biélorusse, exilée en Lituanie. C'est un message très fort et très important pour les gens qui manifestent pour la démocratie et pour le changement.
Je pense que cette visite a été bien appréciée par les Lituaniens parce qu'elle était bien remplie et a donné de la matière aux politologues pour rappeler son importance dans les médias. Cette rencontre et la discussion sur la crise biélorusse était un des sujets cruciaux à discuter.