Affiches Parisiennes : Comment envisagez-vous cette campagne alors qu’un changement de règlement intérieur a récemment modifié le calendrier d’élection au bâtonnat du barreau de Paris ?
David Gordon-Krief : Il y a une pratique ancestrale qui veut que le bâtonnat de deux ans soit précédé d’une année de dauphinat. Traditionnellement, les élections au dauphinat avaient donc lieu en novembre, une année sur deux, en même temps que les élections au conseil de l’Ordre. Voilà la règle. Le bâtonnier actuel, Pierre-Olivier Sur, et son vice-bâtonnier, Laurent Martinet, ont considéré que la période de dauphinat était trop longue. Ils ont donc imaginé de la raccourcir à six mois. Ils avaient également prévu, assez logiquement, que ces élections auraient lieu au mois de juin, en même temps que celles du conseil de l’ordre, ce qui permettait d’organiser toutes les élections en même temps.
Bientôt, une quarantaine de candidats vont se présenter au conseil de l’Ordre et une douzaine va être élue mais ne sauront qu’un mois avant s’ils siègeront pendant les trois prochaines années. Il faut reconnaître qu’en termes d’organisation de vies de famille et de cabinet, ce n’est pas très simple à gérer.
A.P. : Êtes-vous d’accord avec ce principe d’un dauphinat de six mois ?
D. G.- K. : J’ai une double réflexion. Le mandat de deux ans du bâtonnier est très court. Avoir un dauphin dès le début de la deuxième année n’est certes pas génial, mais cela présente un réel intérêt notamment en termes de continuité de l’action menée pour la profession. En fait, quel est le rôle de ce dauphinat ? Il permet d’être au courant de ce qui se passe et de préparer concrètement la réalisation de son programme. Par exemple, si le futur bâtonnier a pour projet de faire une grande centrale d’achat –un exemple que vous connaissez avec Préferentia-, il va lui falloir des mois pour l’organiser et trouver des partenaires. Personne ne va s’investir pour organiser un partenariat avec un simple candidat. En revanche, on peut parfaitement le faire pour le dauphin, c’est-à-dire le « Bâtonnier désigné ». Dans ce cas, un an ce n’est pas trop long. Lorsqu’on souhaite recruter un nouveau directeur de l’Ecole de formation du barreau, mettre en place une nouvelle police d’assurance protection… six mois est un délai trop court.
J’étais pour une modernisation, pourquoi pas une augmentation de la durée du bâtonnat, mais en l’état, les textes n’ont pas été modifiés et le vote de confirmation n’a pas encore été supprimé. De sorte que nous nous retrouvons avec une situation un peu ubuesque et certainement nouvelle avec une élection qui va coûter de l’argent et être déconnectée de l’élection au conseil de l’Ordre. Nous nous étions prononcés pour qu’en l’état d’absence des textes proposés le calendrier habituel soit maintenu mais le Conseil de l’Ordre s’est prononcé dans sa souveraineté et, après la prise de position du CNB qui a dit « le dauphinat ne peut pas être inférieur à six mois » l’élection aura donc lieu au mois de Juin 2015.
A.P. : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous porter candidat au bâtonnat ?
D. G.- K. : Un millier de choses... Ce qui me conduit à cette candidature est un parcours, une vie, un attachement, une vision, une envie et, bien sûr, une ambition…
Ce que je voudrais dire tout d’abord, c’est que je suis né au barreau de Paris. Je suis né dans cette profession. Mon grand-père, ma grand-mère, ma mère, mes oncles, mes tantes sont avocats. Depuis que je suis petit, l’homme que j’adule, que j’admire, est mon grand-père, Georges Krief, un grand avocat. Dès que j’ai su marcher, j’allais dans son appartement, où il avait ses bureaux. Je courais, j’entrais directement dans son bureau et je m’asseyais sur ses genoux, même quand il avait des clients. J’allais au Palais avec lui. De ces habitudes est née une passion à la fois pour la profession d’avocat et pour le barreau de Paris. J’ai 50 ans. Voilà 47 ans que j’arpente les couloirs du Palais de justice. Très tôt, j’ai donc voulu être avocat comme mon grand-père. En grandissant, en mûrissant, j’ai découvert ce qu’était la noblesse de cette profession. J’ai donc fait mes études de droit, et un DESS de commerce international qui m’a fait découvrir le monde des cabinets d’affaires. Très rapidement, je me suis mis à exercer comme avocat d’affaires « international ». J’étais fasciné par le mythique « Wall Street lawyer » et je suis parti étudier et travailler à New York pour y parvenir. De retour en France, j’ai rejoint les grands cabinets internationaux. C’est là que tout commence. Je suis rentré différent des Etats-Unis. La chose qui m’a le plus impressionné dans ce monde que l’on imagine assez brutal, assez mercantile, c’est que tous mes jeunes confrères étaient très motivés par l’idée de faire du pro bono, d’avoir une vie à côté de celle d’avocat, qui soit sociétale, associative… Je me suis mis, moi aussi, à m’intéresser à d’autres choses. En 1994, j’ai rejoint le cabinet de mon grand-père, comme collaborateur, après cinq à six ans d’expérience professionnelle, et je suis rentré à l’UJA, l’Union des jeunes avocats de Paris. J’aurais pu m’engager pour Avocats sans frontières, la scolarisation des enfants en difficulté, ou faire du théâtre… J’ai choisi l’UJA.
A.P. : Cette adhésion a constitué le déclic ?
D. G.- K. : En quelque sorte. J’ai, en effet, découvert une association extraordinaire, des confrères formidables, des hommes et des femmes de toutes générations, de toutes origines, de tous barreaux, qui avaient deux leitmotivs permanents : faire progresser la profession et s’entraider. J’ai trouvé ça incroyable. J’ai commencé à militer avec ardeur. J’ai avancé. Je suis entré au bureau de l’UJA avant d’en devenir le président. Je menais une action pour les jeunes confrères assortie d’une réflexion transversale sur l’évolution de la profession.Immédiatement après, j’ai été élu au conseil de l’Ordre du barreau de Paris en même temps que Francis Teitgen au dauphinat. Je me suis occupé de beaucoup de choses. C’est notamment moi qui ai plaidé et obtenu une des toutes premières délibérations ordinales sur le congé maternité pour les jeunes collaboratrices. Je suis d’une fierté absolue d’avoir obtenu huit semaines. Certes, c’était insuffisant, mais c’était déjà une belle avancée.
En sortant du conseil de l’Ordre, j’ai été éluà la présidence nationale de la FNUJA à un moment particulier où nous avions un nouveau Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et un nouveau garde des Sceaux, Dominique Perben. A l’époque, j’ai beaucoup travaillé avec les Pouvoirs publics, à la chancellerie et au ministère des Professions libérales. J’ai ainsi abordé des sujets essentiels. Nous avons, par exemple, initié l’opération « Grandir ensemble », jeunes avocats, jeunes experts comptables au service des jeunes dirigeants d’entreprise… Nous sommes entrés dans le train de la création d’entreprise de Renaud Dutreil. L’idée était de dire « nous sommes les acteurs du développement économique, le jeune avocat est un entrepreneur en puissance ». J’ai découvert dans ce cadre l’Union nationale des professions libérales qui est la grande confédération représentant tous les syndicats de professions libérales, et la commission nationale de concertation des professions libérales. J’ai travaillé au sein de ces institutions et découvert l’ADN commun entre un avocat, un architecte, un médecin, un expert-comptable… cette notion d’entrepreneur libéral fier de ses valeurs et de son rôle sociétal ! Les professions libérales défendent, conseillent, soignent cinq millions de nos concitoyens tous les jours, avec un lien de proximité évident, non délocalisable…
A P : Vous étiez donc au cœur de l’action des Pouvoirs publics …
D. G.- K. : En tant que président de la FNUJA, j’ai travaillé avec le ministère de la Justice sur l’évolution de la législation pénale, l’évolution de la structuration des cabinets, sur la collaboration libérale, les problèmes de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. J’ai pu vérifier qu’au cœur de l’action, quand on travaille en équipe, quand on réfléchit, quand on fait le métier d’avocat, c’est-à-dire « Convaincre !Convaincre !Convaincre ! »sans aucune complaisance,il est possible de faire bouger les choses. A ce moment de ma carrière, j’ai une obsession : la promotion du droit continental comme instrument d’influence de la France, avec les universités, les professions, les Pouvoirs publics… Je propose donc au président de la République de créer une grande fondation pour la promotion du droit français. Jacques Chirac trouve cette initiative intéressante et Dominique Perben me charge de mission pour préfigurer cette fondation. Autre illustration des résultats d’un engagement. Parallèlement, nous montons l’association de protection des majeurs vulnérables, avec Dominique de la Garanderie, et l’Institut français d’experts internationaux, dont je suis aujourd’hui le président.
J’ai donc cette action citoyenne, syndicale, associative, mais je continue naturellement à être avocat de plein exercice ! Nul ne finance mes passions ! Mon cabinet –celui de mon grand-père– a prospéré. Je travaille comme un fou et je suis heureux de compter dans nos rangs davantage de femmes que d’hommes, autant de femmes que d’hommes associés et d’avoir démontré en 25 ans d’exercice professionnel que ce que je disais politiquement, je me l’appliquais à moi-même.
A.P. : Vous devenez alors président de l’UNAPL…
D. G.- K. : Oui, début 2010 je suis élu à la présidence de l’UNAPL, cette grande Confédération des professions libérales : 900 000 professionnels, 1 700 000 salariés. Je tape alors sur les politiques comme un sourd jusqu’à ce qu’ils commencent à entendre. Je lance un tour de France des professions libérales. En 2011, j’ai ainsi fait 100 déplacements en province. J’ai rencontré le géomètre expert, l’avocat, l’expert-comptable, le notaire, l’infirmier, le dentiste à travailler sur des problématiques de désertification, d’accompagnement, de formation avec le projet de créer un réseau de « maisons des professions libérales ». Pendant mon mandat, nous avons ouvert vingt-cinq de ces maisons. Je me suis également occupé des questions de dépendance, de perte d’autonomie des personnes âgées dans le cadre de mon action au sein du Conseil Économique Social et Environnemental.Je fais alors un double constat. Les professions libérales ne sont pas assez écoutées dans ce pays et notre profession d’avocat compte parmi les très mauvais élèves, avec un paradoxe inouï. C’est une profession connue de tous, respectée de tous, craintes de tous, enviée de tous –il y a actuellement 200 000 étudiants en droit en France– et pourtant, cette profession est éclatée, sans gouvernance, souvent tournée vers le passé, très affaiblie par la concurrence. Au lieu de s’unir pour mieux affronter les défis de l’avenir les avocats continuent d’imaginer que c’est en brandissant le monopole du droit qu’on va lutter contre les notaires, les experts comptables, les associations de consommateurs, les sites internet… Au lieu de regarder devant, d’observer l’évolution de la demande de droit, d’appréhender les changements. Comment voulez-vous former les jeunes si vous n’avez pas une vision d’avenir ? Et cette gouvernance folle où l’on voit le barreau de Paris se battre avec le Conseil national des barreaux… Cette cacophonie est épouvantable. A l’UNAPL, durant mes années de présidence, j’ai vécu avec une profession d’avocat qui, sur tous les sujets, m’adressait des éléments contradictoires. Dans le même temps, vous avez un besoin de droit croissant : 50 % de la population dit qu’elle n’a pas accès au droit. Et je ne parle pas que de l’aide juridictionnelle, je parle de la TPE, de la PME qui n’a pas le réflexe « droit », encore moins le réflexe « avocat »…
A.P. : Pourtant, comme vous le souligniez précédemment, les jeunes sont de plus en plus attirés par cette profession ?
D. G.- K. : Bien sûr ! On continue à former merveilleusement bien les jeunes, qui ont envie de rejoindre notre profession, mais il y a 50 % de la population des avocats qui ne va pas bien. Nous avons donc là un étrange paradoxe. Alors même que nous faisons cet effrayant constat, des gens voudraient instaurer un numerus clausus ! Nous devrions d’abord savoir comment concilier l’offre et la demande. Nous devons être modernes et conquérants en respectant nos valeurs, notre déontologie.
A.P. : Vous voulez aujourd’hui mettre toute cette expérience au service du barreau de Paris ?
D. G.- K. : A la fois cette passion –parce que je suis un enfant de ce barreau–, à la fois cet engagement associatif, syndical, pour l’avocat et d’autre professions, cette vision transversale, au niveau national et parisien, cette compréhension des arcanes politiques. Tout cela mis en perspective, j’ai le sentiment qu’avec mon colistier, Hubert Flichy, qui est un homme formidable, nous avons à la fois le courage et la compétence pour fédérer la profession, pour renverser la table, pour être à la fois respectueux et audacieux.
Je voudrais m’occuper du quotidien des confrères de manière durable, pas « colère sparadrap ». Comment faire pour que les avocats qui sont là et ceux qui arrivent, aient un quotidien meilleur ? C’est-à-dire une activité économique supérieure et en même temps qu’ils soient fiers et heureux d’être avocats. Actuellement, beaucoup de confrères ont mal au ventre toute la journée. Quand mes excellentes consœurs et amies Karine Mignon-Louvet et Valérie Duez-Ruff se consacrent à la gestion du stress au quotidien et positivent tout cela en lançant « La journée du bonheur » ou en instaurant des séances de « coaching » pour les confrères, vous apercevez que des centaines de confrères arrivent et disent « je ne vais pas bien, je doute, je ne suis pas heureux… » On peut alors se demander si le bien-être des avocats n’est pas la première responsabilité du bâtonnier ! Ce dernier, avec ses équipes, n’est-il pas celui qui accompagne au quotidien les confrères vers une meilleure intégration, une meilleure installation, un meilleur accompagnement, une meilleure formation… ? Qui aujourd’hui donne les moyens du développement ?
A.P. :Pouvez-vous nous présenter Hubert Flichy, votre colistier ?
D. G.- K. : Hubert Flichy, c’est d’abord un homme formidable qui a des valeurs absolument incroyables. C’est un homme droit, très humaniste, ouvert, franc, très respectueux des autres, calme, posé, sérieux, de confiance. Vraiment un sage. C’est aussi un avocat incroyable. Il a été pendant 25 ans collaborateur puis associé chez Gide, avant de décider de le quitter pour créer il y a 15 ans le cabinet Flichy Granger qui est aujourd’hui l’un des plus beaux cabinets français en matière de droit social avec quelque 70 avocats. Il est également créateur et président de l’association Avosial groupant plusieurs centaines d’avocats spécialistes en droit du travail qui défendent les entreprises au quotidien. Hubert Flichy a une ambition pour son barreau et pour les jeunes qui est rigoureusement la même que la mienne. Huberta de vrais objectifs, notamment en matière de formation.Nous n’avons pas tout à fait le même âge mais on se connaît depuis 20 ans et en parlant, nous avons découvert que nous avions la même vision de la profession. Assez naturellement, nous nous sommes dits pourquoi pas briguer le bâtonnat ensemble ! Hubert, c’est cet homme que je respecte profondément qui m’a dit « tu seras le n°1 et je serai le n°2 ». Le capitaine de l’équipe, ce n’est pas forcément le meilleur. C’est celui qui a le plus de capacité à entraîner et à fédérer. Je suis très sports collectifs, très joueur d’équipe. Je ne suis pas un solitaire et j’essaierai toujours, comme dans mon exercice quotidien d’avocat, de ne pas toujours être en première ligne, compte tenu des enjeux, des personnes…
A.P. : Comment pourrait s’illustrer votre action ?
D. G.- K. : Donnons des exemples simples… Parlons de « demanderjustice.com ». Si, aujourd’hui, ces gens nous effraient, c’est parce qu’ils ont des clients. S’ils ont des clients, c’est qu’ils répondent à un besoin, à une demande. Pourquoi ce ne sont pas les avocats qui traitent ces petits dossiers à 50 € ? C’est indigne de gagner 50 € ?Et mille fois 50 € ?Cela représente beaucoup d’argent… Le problème, c’est que nous n’avons pas actuellement les moyens de relever ce défi industriel, informatique, technologique. Nous ne savons pas encore faire ce genre de chose. Eux savent le faire !
Quand je vois arriver en même temps l’ouverture de l’action de groupe, l’ouverture du démarchage –le décret est sorti il y a quelques jours–, je me dis c’est un appel d’air ! Nous, avocats, nous allons pouvoir communiquer, faire une sollicitation personnalisée à l’égard de futurs clients. Sauf que, là encore, personne ne sait le faire ! Et quand bien même nous saurions... Si nous recevions deux mille, cinq mille, dix mille demandes… Je n’ai pas le programme informatique ad hoc. Comment faire ? En acheter un ? En fabriquer un ? Mais je n’en ai pas les moyens ! Pourquoi ce n’est pas la profession qui mutualise un certain nombre d’équipements de ce genre ? Pourquoi ne pas créer toutes ces choses simples, basiques, utiles, pour améliorer le quotidien des confrères de manière durable ? Et dans le même temps, pourquoi ne pas s’occuper de ceux qui vont vraiment mal. Ce n’est pas contradictoire ! Mais pour ce faire, il faut regarder devant, travailler sur l’évolution du besoin de droit des prochaines décennies dans la société mondialisée et y définir la place de l’avocat. En répondant à ces questions, je suis capable d’imaginer quel type de structure pour quel type de besoin et quelles méthodes de travail. Pour toutes ces raisons, nous travaillons d’ores et déjà à la préfiguration d’une plateforme collaborative à l’attention de tous les avocats afin que chacun d’entre nous puisse enfin disposer des ressources nécessaires à de tels marchés. Il est important que le Barreau de Paris et l’Ordre soit en première ligne sur cette question.
Il est, je crois, assez facile d’être intelligent ensemble. Mon ambition, c’est d’être conquérant, en respectant l’Histoire.
Plus généralement, et avec plus de 26000 confrères, il est impératif que notre barreau se dote de moyens efficaces pour améliorer sa propre connaissance et pour assurer un suivi des politiques menées par ses représentants.Cela pourrait passer par la création d’un observatoire des avocats de Paris, de leurs carrières, qui aurait pour ambition de générer des statistiques et des enquêtes pour identifier avec précision les nouveaux enjeux et les problèmes auxquels chacun, en fonction de son mode d’exercice, de sa spécialité,de ses clients, est confronté. Ces études pourront guider les représentants de la Profession dans leurs choix, les aider à proposer des solutions sur-mesure lorsque cela sera nécessaire,mais aussi, à plus long terme, à mieux mesurer l’impact de leurs décisions et réformes. Par ses missions,cet organe contribuerait ainsi à offrir à tous une meilleure compréhension de notre barreau et une plus grande transparence des actions menées par ses représentants.
J’aimerai m’inspirer pour ce faire du très beau travail réalisé par Loraine Donnedieu de Vabres et toute son équipe de l’Observatoire au sein du CNB, avec une attention toute particulière pour nos jeunes consœurs qu’il nous faut accompagner de manière intelligente et pragmatique pour qu’enfin l’égalité professionnelle ne soit plus un objectif mais une réalité.
A.P. :Que pensez-vous concernant le nouveau Palais de justice ?
D. G.- K. : Bouygues construit au Batignolles un Palais de justice de 100 000 m2. Certains voulaient rester dans la Cité… Je suis profondément attaché à notre Palais de Justice et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que celui-ci ne devienne pas un musée mais tous les recours sont épuisés. Alors on fait quoi ? La vraie question c’est : comment faire pour que l’exercice au quotidien de la profession d’avocat soit meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui ? Comment faire pour ne pas laisser reproduire ce que nous critiquons depuis des années dans de nombreux tribunaux : pas de Wifi, pas de parkings, pas de salles pour recevoir les clients… On va construire ces 100 000 m2 et les avocats ne seraient pas partie prenante dans la construction de cette justice du XXIe siècle ? C’est pour 100 ans qu’on fait ce nouveau Palais de justice ! On ne se dit pas « mettons le procureur à tel niveau, tirons des fils pour permettre la visioconférence... » ? Ne soyons pas passéistes ! On sait que la justice va évoluer, anticipons !
Je ne suis pas un homme meilleur, un avocat plus compétent, mais j’ai le sentiment qu’en ce moment où la profession se cherche dans sa gouvernance, où le besoin de droit n’a jamais été si fort, que des forces économiques sont en train de se mettre en place pour prendre ces territoires, il faut à Paris, un bâtonnier qui ait le courage de dire « je ne suis pas président des avocats de France et il en faut un », qui s’intéresse au quotidien de ses confrères et qui, pendant deux ans, va faire substantiellement avancer un certain nombre de dossiers !