Paris 5e, à la librairie juridique Dalloz, de nombreuses personnes, dont quelques députés, sont venues assister à la dédicace par Marlène Schiappa de son nouvel ouvrage.
Petit livre, grande cause
« Nous savons que les violences prennent des formes multiples et ne sont ni une question d’âge, ni une question de milieu », a affirmé Sylvie Faye, la présidente des éditions Dalloz, présente aux côtés de la ministre. Durant le quinquennat, Marlène Schiappa a fait passer quatre lois concernant les violences faites aux femmes, dont une qui porte son nom, en quatre ans seulement. Entre autres, la loi a permis d’allonger les délais de prescriptions à trente ans pour les crimes sexuels commis sur des enfants et de réprimer les violences sexistes et sexuelles. Pourtant, ces lois ne suffisent pas. « Je me suis aperçue que, parfois, ces lois ne sont pas connues », a confié Marlène Schiappa. Faire des lois, c’est bien, les faire connaître pour que les victimes de violences sexistes et sexuelles puissent s’appuyer dessus, c’est encore mieux. Et c’est tout l’objectif de l’ouvrage, paru fin 2020. Pour aller au bout du projet et aider les victimes, 100 % des droits d’auteur réalisés sur le livre seront reversés au 3919, le numéro d’écoute pour les femmes victimes de violence.
Un « guide pratique » face à la violence
« Nous devions faire en sorte d’avoir un moyen de communiquer très efficacement, c’était le but de ce livre », a reconnu la ministre. L’ouvrage, véritable mini-guide, contient toutes les lois, les articles auxquels elles se réfèrent, mais aussi, des modèles de lettres prêts-à-l ’emploi. « Lorsqu’on est aux prises avec cette violence, on n'a pas forcément la tête à écrire une lettre à son bailleur pour lui annoncer qu’on se désolidarise du bail par rapport aux violences subies », a admis l’auteure. Si le livre est un premier pas pour faire connaître les droits contre les violences faites aux femmes, le chemin est encore long et il faut y sensibiliser le plus de monde possible.
« C’est un véritable petit guide pratique pour quiconque est démuni face à une situation de violence ou de présomption de violence », a affirmé Alexandra Louis. Députée à Marseille et avocate spécialisée dans le droit de l’enfant et la justice des mineurs, elle a fait le déplacement exprès pour la dédicace. Engagée auprès des victimes de ces violences, notamment les enfants, elle salue ces lois qui placent automatiquement les enfants comme victimes des violences conjugales, lorsqu’elles sont commises en leur présence.
Reconnaître les violences
Le livre éduque, sensibilise à cette cause, encore trop présente dans notre société. « N’oublions pas qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups d’un homme », a rappelé Sylvie Faye. Ancienne juriste et avocate, elle est sensible au sujet et considère que la lutte contre les violences est un « enjeu de société et de civilisation », notamment lorsque ces violences peuvent prendre plusieurs formes. Qu’elles soient physiques, économiques ou psychologiques, il est important de les identifier puisque « les femmes victimes de violences conjugales ne sont pas uniquement des femmes battues » a-t-elle insisté.
La société a évolué et donné la parole aux femmes qui souhaitaient la prendre. Pourtant, cela fait des années qu’elles essaient de le faire, sans succès. « Les femmes ont toujours parlé des violences qu’elles vivaient. La seule différence, c’est qu’on le racontait comme quelque chose du quotidien, de banalisé, pas comme quelque chose qui choque », a admis Alexandra Louis. La France évolue, sanctionne plus fermement ces violences et protège les victimes. D’ailleurs, c’est le premier pays du monde à verbaliser le harcèlement de rue, avec une loi adoptée en 2018. L’avancée est lente mais progressive, Marlène Schiappa rappelant finalement que « l’information sur les droits des femmes ne doit pas être un privilège mais un droit commun ».