Si la Nature n'appartient à personne, l'écologie devrait appartenir à tous : citoyens, consommateurs, industriels, décideurs publics. L'écologie ne doit plus être une case d'un programme électoral, - local ou national -, ni l'étiquette d'un parti politique, il est temps que le plus grand nombre se l'approprie, au-delà des minorités agissantes et en-deçà des injonctions européennes et internationales.
En septembre dernier, le gouvernement a présenté un plan de relance, qui devra sans doute être réadapté à l'aune de l'évolution de la pandémie et de ses conséquences sociales et économiques. En complément de ce plan de relance national devront être imaginés des plans de relance territoriaux, à la fois solidaires et innovants. Les territoires, affaiblis par la crise devront soutenir leur culture, leurs savoir-faire et leurs singularités. Ce sera le temps de la réparation, mais il faudra aussi que ce soit celui des grands projets : nous devrons retrouver le courage de nos aïeux qui n'avaient pas peur de se projeter dans le temps long et qui construisaient des cathédrales, des ponts, des cités sur plusieurs siècles, sans se soucier de les voir un jour debout et de les inaugurer. Ils avaient confiance dans les générations futures qui s'en chargeraient ; c'est ce courage qu'il nous faut recouvrer, c'est cette confiance qu'il nous faut réapprendre.
Mais pour retrouver l'attractivité perdue des territoires, les élus, le monde associatif et les décideurs privés devront agir main dans la main, en acceptant de tendre celle qui leur reste aux habitants. De cette attractivité naîtront des éco-quartiers, des fermes urbaines, des réseaux de chaleur, des cimenteries décarbonées, des téléphériques urbains, de l'écoconception, des tiers-lieux, de la valorisation et du recyclage des déchets, etc. Tous ces grands projets d'avenir devront avoir un seul dénominateur commun : la durabilité. Le développement territorial doit être durable, sinon l'expression de « développement territorial » devient un oxymore.
L'écologie, ce n'est pas seulement un axe de développement, c'est aussi un état d'esprit :
- Un état d'esprit de concertation entre le secteur privé, le secteur public et la société civile constituée par les usagers ;
- Un état d'esprit d'implication, au travers de la démocratie participative, permettant aux habitants de se sentir acteurs de leur territoire, aux entreprises de se sentir responsables de leur raison d'être et aux collectivités locales de se sentir obligées dans leur raison d'agir ;
- Un état d'esprit de créativité, pour imaginer de nouvelles mobilités et de nouveaux usages, de nouveaux matériaux, de nouvelles initiatives sociales et solidaires, de nouvelles mixités urbaines.
Cette écologie, en tant qu'état d'esprit, pourra devenir la colonne vertébrale du développement économique et social de nos territoires, si elle réconcilie le principe de responsabilité et le principe d'innovation. Nos concitoyens, comme les touristes étrangers seront alors au rendez-vous. La valeur ajoutée d'un territoire se jouera sur l'écologie ; ce sera le nouvel avantage concurrentiel de demain. Elle deviendra la fierté de tous les habitants d'un territoire, si elle repose sur une philosophie du risque, qui consiste à tout tenter, à tout imaginer, à tout entreprendre.
À propos de Brice Soccol
A exercé les fonctions de conseiller, puis de directeur de cabinet adjoint au sein de différents cabinets ministériels, avant de rejoindre un groupe privé en qualité de directeur du développement. Il préside depuis 2012 un cabinet d'affaires publiques spécialisé dans l'aménagement et le développement économique des territoires, Public & Private Link. Il conseille de nombreux groupes privés dans leur stratégie et leur développement. Pour en savoir plus :https://www.publicprivatelink.com