Pourtant, il y a bien une solution qui a été pensée pour subvenir aux besoins des usagers de la SNCF : les autobus de substitution, affrétés par la SNCF, mais encore trop peu nombreux. Tous les soirs, Sedat Toklu fait la queue une quarantaine de minutes à La Défense pour pouvoir prendre l'autobus qui le ramènera chez lui, à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. « Je fais l'aller-retour tous les jours et c'est insupportable », explique le chargé de recrutement de 28 ans, coincé dans une file d'attente. Sa ligne de train habituelle étant en travaux, on lui a proposé des itinéraires alternatifs. Alternatifs certes, mais pas plus avantageux, car souvent plus longs, 1h45 de trajet, au lieu des 55 mn habituelles, avec de nombreuses correspondances.
À l'origine du problème, les différences de capacité entre les modes de transport. Là où un train peut emmener 1 500 passagers, un autobus en prend seulement une soixantaine, selon les chiffres d’Île-de-France mobilités (IDFM). Logiquement, il faudrait donc une trentaine d'autobus pour remplacer chaque train, soit des centaines d'autobus de substitution, pour répondre à la demande quotidienne. Justement, la division de la SNCF chargée des trains de banlieue en Île-de-France, a indiqué à l'AFP avoir affrété cet été quelque 34 000 courses, pour pallier la fermeture, partielle ou totale, d’une vingtaine de lignes.
L’enjeu Paris 2024
Au-delà du nombre d’autobus disponibles, un autre problème se pose. Les opérateurs manquent de conducteurs, comme le confirme Île-de-France mobilités (IDFM). Démissions, vacances, problèmes de recrutement ou arrêts maladie liés à la Covid-19… Ce manque d’effectif s’ajoute aux difficultés habituelles dans les trains franciliens. Tom Lucena, 22 ans, étudiant dans une école d'ingénieurs, venu pour la Japan Expo organisée, à Villepinte, dans la banlieue nord, décrit « une gestion catastrophique » du réseau ferré francilien, déplorant avoir mis une heure et demie pour parcourir trois stations. Rami Baklouti, un touriste rencontré à La Défense, avoue avoir eu bien du mal à se déplacer dans la région. « Pourquoi cette queue pour prendre juste un bus ? Je ne sais pas »... Ces propos interpellent à deux ans des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cet événement sportif mondial drainera des visiteurs venus du monde entier, qui auront besoin de se déplacer vers les 59 sites olympiques. Pour les transporter, IDFM entend s'appuyer sur son réseau actuel et renforcer le service, avec des bus supplémentaires desservant les sites de compétition, éloignés de la capitale.