Selon les analystes de l'enquête de conjoncture, « c'est une nouvelle inattendue ». L'optimisme des patrons de TPE dans le climat général des affaires progresse en effet de 13 points. Il passe ainsi de 19 % à 32 % en trois mois. Même tendance lorsqu'ils sont interrogés au sujet de leur propre activité avec une hausse de 7 points (à 49 %). La confiance envers l'exécutif est plus timide, le gouvernement Valls regagnant seulement +1 point (16 %).
Comme le souligne Jean-Marc Jaumouillé, directeur des techniques professionnelles de Fiducial, « on retrouve trace d'un tel rebond combiné seulement deux fois au cours des 15 dernières années : à l'issue de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République et, plus récemment, en janvier 2015. Mais, comme en 2015, les raisons d'un tel redressement sont obscures, d'autant que le PIB a stagné au deuxième trimestre 2016 et que l'attentat de Nice est survenu en cours d'enquête ».
Des indicateurs fragiles
L'indicateur de situation financière (*) remonte de 4 points et poursuit ainsi son redressement pour le 3e trimestre consécutif, mais il reste fortement négatif à -14. Le nombre d'entreprises dans le rouge en matière de trésorerie se contracte de -3 points (21 % contre 24 % en avril dernier).
Preuve, selon l'étude, « que la confiance n'est pas encore totale, les demandes de financement bancaire étant au plus bas depuis janvier 2009 ». Avec 13 % des entreprises qui ont effectué une demande, l'investissement reste atone.
La création nette d'emplois (**) redevient positive (+2) ce qui n'était pas arrivé depuis le deuxième trimestre 2015 (+0,5). Pour atteindre un tel résultat, il faut revenir 5 ans en arrière (2e trimestre 2011). La création d'emplois est en revanche négative dans l'industrie (-1) et les services aux entreprises (-1).
Pour Jean-Marc Jaumouillé, « l'embauche se situe à un bon niveau par rapport au deuxième trimestre des années antérieures. C'est dû en partie à la signature par anticipation de nouveaux contrats d'apprentissage (une embauche sur dix), que l'on retrouve généralement au troisième trimestre. L'aide ‘‘TPE jeunes apprentis'' commence peut-être à porter ses fruits. On doit également ce bon résultat à un niveau plutôt faible de suppressions de postes au titre de ce trimestre : 5 % des entreprises seulement. »
L'impact des grèves
Selon l'enquête de conjoncture trimestrielle réalisée par l'Ifop, du fait des grèves des transports et du blocage des raffineries, « 37 % des entreprises déclarent avoir été confrontées à des difficultés de transport ou d'approvisionnement. Sur le plan économique, 33 % indiquent que les mouvements sociaux ont entraîné une baisse de leurs ventes et 28 % de leur production. »
Concernant le Brexit, toujours selon l'étude, « les patrons entrevoient plusieurs conséquences possibles de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne :
- Le retrait probable d'autres pays (59 %) ;
- Une dégradation de l'économie européenne (53 %), principalement temporaire ;
- Un impact négatif sur l'économie britannique (69 %) et sur l'économie française (52 %) ;
- Un impact positif sur les investissements étrangers en France (52 %) ;
- Une opportunité pour réformer l'Union européenne (81 %).
La majorité des dirigeants (64 %) se prononce pour une Europe intégrée où les pays doivent adhérer à l'ensemble des dispositifs et politiques décidés au niveau européen (contre 36 % pour une Europe « à la carte ») bien que seulement 32 % voient dans l'appartenance de la France à l'Union européenne des avantages pour leur entreprise (10 % y voient des inconvénients). »
* indicateur de situation financière : pourcentage des TPE constatant une amélioration de leur situation financière par différence au pourcentage de celles enregistrant une dégradation.
** création nette d'emplois : différence entre les créations et les suppressions de postes.
Échantillon de 1 002 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés (hors auto-entrepreneurs), raisonné sur les critères “secteur d'activité de l'entreprise, taille de l'entreprise, région d'implantation de l'entreprise” et interrogé par téléphone du 11 au 28 juillet dernier. Des résultats nationaux représentatifs : redressement selon les données Insee pour une meilleure représentativité de cette composante du tissu économique français.