La crise sanitaire n'est pas étrangère à cet engouement des Français pour la formation extra-professionnelle. De nombreux secteurs ont subi des fermetures administratives, le chômage partiel, voire des plans de licenciement, un contexte économique en crise qui a incité les salariés à chercher des passerelles pour rebondir et préparer leur avenir. La formation est devenue un « geste barrière » face au risque de chômage, au même titre que le masque en est devenu un face au virus. De nombreux salariés n'hésitent pas à se tourner vers des domaines éloignés de leur activité principale pour conserver leur employabilité et s'adapter aux nouveaux besoins des recruteurs. La formation est aujourd'hui une chance, voire une nécessité, pour évoluer professionnellement malgré avenir économique incertain.
L'Ecole Française, spécialiste de la formation pour adultes ayant connu une augmentation de 500 % des demandes d'inscription à ses formations certifiantes en ligne durant le confinement, s'est intéressée au rapport qu'entretiennent les salariés français à la formation extra-professionnelle. Elle a alors mené, en coopération avec l'institut BVA, une étude auprès d'un échantillon de 1 000 actifs âgés de 27 à 50 ans, représentatif de cette population, par Internet, du 26 août au 2 septembre 2020.
Si les salariés ont, aujourd'hui, beaucoup de mal à trouver au sein de leur entreprise des formations correspondant à leurs besoins en termes de développement de compétences, 60 % sont prêts à trouver d'autres solutions pour se former malgré des freins persistants.
Tendances révélatrices des besoins en formation
L'étude de L'École Française met en avant 4 tendances qui mettent en lumière les besoins en formation des salariés français.
Il s'agit, tout d'abord, du besoin de trouver des formations au sein de leur entreprise. En effet, près de 60% des répondants considèrent que celles proposées par leur employeur ne sont pas suffisantes pour assurer leur évolution professionnelle et sont inadaptées à leurs projets. Or, dans le contexte actuel de crise sanitaire, où l'incertitude quant à l'avenir professionnel de nombreux salariés est grande, la formation est source d'opportunité d'évolution. Elle reste donc une variable d'ajustement majeure que les employeurs semblent négliger un peu trop, au regard des chiffres du sondage.
Autre besoin exprimé par les salariés, l'offre de parcours de formation adéquats en interne pour répondre à des projets professionnels éloignés de l'activité de départ. Plus de la moitié des sondés estiment que leur entreprise n'en dispose pas et que la variété et la fréquence des formations proposées sont insuffisantes.
Parce que les actifs souhaitent davantage se former dans un secteur sans rapport avec leur métier, ils sont aussi davantage prêts à solliciter différents types de congés formation auprès de leur employeur dans ce but. C'est le cas de 60 % des sondés. Depuis la création, en 2019, du service « Mon Compte Formation », les salariés français ont plus de pouvoir et de liberté dans leur choix de se former, et ce même si la formation souhaitée n'a aucun rapport avec leur activité professionnelle principale et sans avoir à en informer leur employeur.
Enfin, il apparait néanmoins que, une fois le choix d'une formation fait, de nombreux employés se retrouvent face à la difficulté de solliciter leur employeur pour mettre en place leur projet. D'après les résultats, 1 employé sur 2 a des réticences à demander à son employeur de financer une formation sans rapport avec son métier. En cause, très certainement la crainte que l'entreprise ne suspecte une volonté de changer de poste, ou que le coût de cette formation serve de prétexte pour refuser ou retarder une augmentation de salaire.
« Les formations offrent de nombreux avantages. Il s'agit de rendre son CV plus attractif, et d'être à jour des nouvelles pratiques de son secteur d'activité. Les certifications concourent également à la confiance en soi, en particulier pendant les entretiens. Elles apparaissent comme un solide argument, par rapport à l'acquisition d'une compétence particulière. », souligne Thibault Viguier, co-fondateur de L'Ecole Française.