Vélos inutilisables ou défectueux, assistance électrique en panne, stations vides... Quatre ans après le fiasco du changement d'opérateur de Vélib', le vélo en libre-service est toujours très loin d'apporter satisfaction. Le ton monte entre les élus et le prestataire Smovengo. « Cela fait 20 minutes que je cherche un vélo dans la zone Daumesnil. Ici, en apparence, 43 spots, 25 vélos dispos. Pas un seul vélo mécanique qui fonctionne. » Ce message, qu'une utilisatrice en colère a publié en décembre sur Twitter, n'étonnera pas les quelque 360 000 abonnés, habitués à s'armer de patience pour décrocher un Vélib' en bon état, dans l'une des 1 400 stations situées à Paris et dans 60 communes de petite couronne.
Préoccupation persistante
Les élus du Syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM) ont fait savoir dernièrement leur préoccupation persistante : « Le nombre de vélos, la régulation et la disponibilité effective du service sont en-deçà du niveau attendu pour le premier service public de vélos partagés en stations du monde », écrivent-ils.
En 2017, le groupement d'entreprises Smovengo avait remporté, ce marché à 478 millions d'euros et pour une durée de 15 ans. Mais l'installation et le raccordement des nouvelles stations avait viré au cauchemar et Vélib' 2 avait mis des mois à se déployer correctement.
Quatre ans plus tard, « le service n'est ni optimal ni satisfaisant, mais il est délivré » et « s'est quand même amélioré sur certains points », commente auprès de l'AFP David Belliard, l'adjoint Europe Écologie Les Verts aux mobilités.
Le président du SAVM, Sylvain Raifaud, un autre élu écologiste, doit, lui aussi, jouer l'équilibriste avec Smovengo, auquel il a accordé une rallonge en 2021, principalement financée par une augmentation des tarifs des abonnements. Alors estimée à 4 millions d'euros par an sur trois ans, elle est aujourd'hui contestée par Smovengo qui évoque 1,1 million pour l'année écoulée.
Arguments ambitieux
En soulignant la surutilisation des vélos, notamment électriques, le président de Smovengo, Stéphane Volant, souligne les efforts que consent la société en mettant en place une série de mesures en 2022. Il soutient avoir investi près de 14 millions d’euros en 2021 et projette un plan de 2,7 millions pour la maintenance et la régulation, entre le printemps et l’été 2022, ainsi qu’une livraison de 4 000 nouveaux vélos, l’embauche de 35 techniciens supplémentaires, le remplacement des pneus ou encore un traitement plus rapide des signalements. Ces arguments semblent finalement suffisants pour estomper la menace d’une dénonciation de contrat brandie par l’opposant centriste Nicolas Jeanneté.