Au troisième trimestre 2020, le taux de chômage, au sens du Bureau international du travail (BIT) a bondi de 1,9 % point, atteignant 9 % de la population active, après une baisse de 0,7 % point. Un taux qui représente 628 000 chômeurs en plus, pour un total de 2,7 millions de personnes en France, hors Mayotte. Le cabinet d'étude Asterès note des évolutions positives, comme la baisse du nombre de personnes dans le halo du chômage et la hausse du taux d'emploi, tout en soulignant l'impossibilité, à court terme, de faire baisser sensiblement le chômage. Pour lui, un renforcement des mesures d'aides gouvernementales à la sortie du second confinement sera nécessaire pour éviter une envolée du chômage.
Une hausse du taux de chômage qui suit une baisse “en trompe l'œil”
Au troisième trimestre, le rebond du produit intérieur brut (PIB) de 18 % s'est accompagné de celui du taux de chômage, qui est alors de 9 %. Le nombre de chômeurs au sens du BIT est lui passé de 2,1 à 2,7 millions de personnes sur la même période. Ce rebond du taux de chômage affecte particulièrement les femmes, avec + 2,2 points, les 25-49 ans (+2,1 points) et les 50 ans et plus (+1,7 point) des deux sexes, alors que les jeunes de 15 à 24 ans semblent moins impactés (+0,9 point). Toutefois, ces statistiques doivent être nuancées puisque, au deuxième trimestre, les évolutions du chômage avaient été particulièrement favorables aux femmes et défavorables aux jeunes et ces derniers restent les plus affectés par le chômage, pour un taux de 21,8 %, alors que le taux de chômage de 9 % est égal pour les deux sexes.
Cette évolution doit être analysée en prenant en compte qu'elle fait suite à une baisse « artificielle » de 0,7 point du taux de chômage au deuxième trimestre, en raison du confinement. En effet, durant cette période, de nombreuses personnes sans emploi n'ont pas pu faire des démarches de recherche d'emploi et n'ont donc pas été comptabilisées dans les statistiques du chômage. La hausse enregistrée au troisième trimestre traduit en réalité un retour à la normale des comportements de recherche. Celle enregistrée sur un an, de +0,6 point, témoigne quant à elle d'une nette dégradation du marché du travail.
Halo du chômage : retour au niveau d'avant-crise
Au troisième trimestre, 800 000 personnes sont sorties du halo du chômage, qui regroupe les personnes inactives au sens du BIT ne réunissant pas les conditions nécessaires pour être considérées au chômage. Après avoir atteint un pic de 765 000 personnes au deuxième trimestre, le niveau du halo du chômage retrouve globalement son niveau d'avant-crise. En effet, avec le confinement, de nombreuses personnes sans-emploi n'ont pas pu effectuer de recherches d'emploi et n'ont donc pas été considérées comme chômeurs, se retrouvant ainsi dans ce halo. Avec la fin du premier confinement, les personnes sans emploi qui ont à nouveau repris leurs recherches actives d'emploi sont sorties de ce halo autour du chômage, qui a mécaniquement diminué. La part du halo dans la population des 15-64 ans a diminué de 2 points sur le trimestre, après +1,9 point le trimestre précédent, et retrouve son niveau de fin 2019 (4 %).
Un taux d'emploi représentatif de la crise économique actuelle
La hausse moyenne du taux d'emploi au troisième trimestre est de 0,7 point, après une baisse brutale au deuxième trimestre de 1,6 point. Il se redresse pour toutes les catégories d'âge et de sexe et particulièrement pour les jeunes (+2,1 points, passant à 28,7 %), dont le taux d'emploi avait atteint un point bas au trimestre précédent. Le taux d'emploi des femmes avait moins baissé au trimestre précédent (–1,2 point contre –2 points pour les hommes) et il remonte moins au troisième trimestre (+0,4 point contre +1 point pour les hommes). Toutefois, si le taux d'emploi a rebondi, il n'a pas réussi à compenser la baisse du trimestre précédent et se situe en-dessous de son niveau de fin 2019 avec 0,9 point au-dessous dans l'ensemble, –0,8 point pour les 15-24 ans, –1,1 point pour les 25-49 ans, le recul étant limité à 0,1 point pour les 50-64 ans.
Un fort taux chômage qui nécessite davantage d'aides
Pour le cabinet d'études, il est évident que tant que le confinement ne sera pas levé, il sera impossible de lutter efficacement contre le chômage. Dès que la situation sanitaire se sera améliorée, le Gouvernement devra envisager de prendre des mesures de soutien supplémentaires. Si, selon lui, l'impact économique du second confinement devrait être deux fois moins brutal que le premier, la situation économique va néanmoins mécaniquement se dégrader et une amélioration des statistiques du chômage à court terme ne peut être espérée. De plus, des mesures de relance semblent impossibles tant qu'une partie de l'activité économique est volontairement mise à l'arrêt et les mesures de soutien, comme le chômage partiel et les aides aux entreprises qui visent à éviter une vague de faillites, sont incapables de faire baisser le chômage.
Une action gouvernementale forte devra être mise en place dès que la situation sanitaire sera revenue à la normale. D'après les estimations d'Asterès, la relance de la consommation ne semblerait pas être la priorité car les ménages auront épargné 130 milliards d'euros supplémentaires par rapport à leur niveau d'épargne habituel du fait du confinement. Par ailleurs, la situation de cet été a prouvé que la consommation rebondit vigoureusement dès que la situation sanitaire s'améliore. Les politiques de relance de l'emploi devront donc principalement porter sur la requalification, la formation et l'insertion des jeunes. Le Plan de relance comporte d'ailleurs de nombreuses mesures en ce sens, à l'instar de l'aide à l'embauche de jeunes et d'apprentis, le soutien à la formation etc. Si ces mesures vont dans le bon sens, elles ont été pensées en fonction du premier confinement, or le second dégrade à nouveau la situation économique, nécessitant donc que ces dernières soient renforcées pour toucher le plus de personnes possibles et éviter une hausse du chômage de longue durée. n