Les débats à son sujet pendant les Municipales n'avaient parfois rien à envier au niveau sonore de la Porte d'Orléans à 18h en semaine. Par courriel, David Belliard, candidat EELV qui avait rallié Anne Hidalgo dont il est maintenant l'adjoint en charge des Mobilités, confirme les projets exposés alors sur deux sujets des plus polémiques à propos du « périph' » : « pour les JO, il y aura une voie dédiée à l'autopartage et aux mobilités douces et propres » ; « Je suis favorable à ce qu'une limitation à 50 km/h voit le jour d'ici la fin du mandat » (ce qu'il écrit tout en reconnaissant avec ambiguïté « ne plus savoir comment argumenter »). Partisans comme opposants, les positions n'ont guère évolué. Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, reconnait des « intentions positives » pour imaginer le futur des 35 km de voies ceinturant Paris, mais demande du bon sens : à quoi bon retirer une voie quand l'infrastructure est déjà congestionnée ? « Avant de mettre en place ce type de mesure ou de les imaginer il faut réaliser une étude d'impact, ce que David Belliard ne connaît pas ».
« Pas de scénario envisagé a priori… »
Le procès peut ici sembler un peu sévère. Créé dans les années 1960 par le Conseil de Paris, l'Atelier parisien d'urbanisme, ou Apur, suit ces questions de près. Cette association loi 1901, qui se donne pour mission de « documenter, analyser et développer des stratégies prospectives concernant les évolutions urbaines et sociétales à Paris et dans la Métropole du Grand Paris », était à l'initiative, en compagnie de ces différents acteurs, d'une vaste consultation auprès de quatre équipes d'experts internationaux ayant rendu leur rapport fin 2019 (voir lien). Elle organise désormais des « ateliers du boulevard périphérique » qui ont déjà connu deux éditions, en juillet et octobre de l'année passée.
« Dans le cadre des ateliers, il y a un dialogue entre des injonctions politiques et des réalités techniques. Les réalisations autour du périphérique ne peuvent pas être que des slogans mais doivent être nourries par une culture technique. », explique Ludovic Pépion, architecte à l'Apur pour qui l'objectif est dans un premier temps de « monter en connaissance ». Pas de scénario privilégié a priori, mais pour l'instant, toute une batterie de radars et autres compteurs déployés pour éclairer la décision. « Une fois que l'on aura un système de modélisation satisfaisant on pourra réfléchir à ce que signifie une réduction de la vitesse à 50, à ce que signifie l'implantation d'une voie dédiée », précise-t-il. De quoi remettre en cause les promesses de campagne si les conclusions leur sont contraires ?
Concertation et stand up
Ateliers du périphérique ou pas, Pierre Chasseray, qui n'a pas digéré la façon dont ont été menés de précédents projets comme les voies sur berges, se dit quoi qu'il arrive très sceptique quant à toute forme de concertation de ce type avec l'exécutif en place : « La vision de la concertation parisienne est la suivante : on invite tous ceux qui pensent comme vous et on fait venir Pierre Chasseray de 40 millions pour lui jeter des tomates. C'est leur vision de la concertation. ». D'aucun aura compris qu'il ne porte pas la majorité actuelle dans son cœur. Quoique… « Hidalgo, Belliard… Gad Elmaleh n'a qu'à bien se tenir : ils poussent à la porte. Le jour où ils se lancent dans le stand up, je prends une place au premier rang ».
Dans la réponse qu'il nous adresse, David Belliard ne parle pas explicitement des études de l'Apur. « Notre méthode est celle de la concertation », écrit-il cependant avant de nous indiquer la Métropole du Grand Paris comme l'échelle pertinente pour agir. Difficile toutefois d'évoquer ici les intentions de la structure intercommunale en la matière, représentée officiellement par deux membres, dont son président, Patrick Ollier, aux derniers ateliers du périphérique (quand ils étaient 17 de la Mairie de Paris. A noter que certains conseillers métropolitains étaient présents comme représentants de leur commune ou de leur EPT) : il nous a simplement été indiqué que son vice-président délégué aux Mobilités et aux circulations douces (Jean-Pierre Barnaud, maire de Chennevières-sur-Marne) n'était pas un interlocuteur pertinent à ce sujet.