Dans son rapport sur le projet de loi de finances 2014 relatif à la santé, Claude Goasgen, député UMP de Paris, s’inquiète de la dérive incontrôlée de l’AME. Le ministère de la Santé ne lui ayant pas donné accès à ses données chiffrées, le député a dû faire usage de son pouvoir parlementaire qui l’autorise à aller chercher sur place les informations. Selon lui, le nombre de bénéficiaires de l’AME était d’environ 300 000 au premier trimestre 2013, dont plus de la moitié en Ile-de-France. Le coût global de cette aide devrait dépasser cette année 800 millions d’euros, en augmentation de 16 % par rapport à 2012.
L’AME s’applique aux étrangers en situation irrégulière, donc ne bénéficiant pas de la couverture maladie universelle, qui résident depuis plus de trois mois en France. Ces personnes se font soigner gratuitement et c’est l’État qui rembourse les frais médicaux aux organismes sociaux. Le rapporteur constate que « l’État se contente d’abonder et de rembourser sans contrôle propre (…) des dépenses enregistrées par les caisses d’assurance maladie » et en déduit que « les acteurs du système n’ont aucun intérêt à contenir la dépense puisque les surcoûts sont toujours compensés (…). Le système entretient donc lui-même sa fuite en avant, déresponsabilisant collectivement et individuellement tous les acteurs ». Claude Goasgen propose de « tout remettre à plat » et de recentrer l’AME « sur les besoins urgents, à l’instar des pratiques de nos voisins européens ». Laurent Wauquiez, fondateur de la Droite sociale, a proposé d’instaurer un paiement forfaitaire symbolique d’un euro pour les bénéficiaires de la CMU et de supprimer l’AME.
C’est l’idéologie dominante en matière sociale, consistant à empiler les avantages gratuits en les finançant par une pression fiscale accrue sur les entreprises et les particuliers, qui devrait être remise en cause. Outre la déresponsabilisation des bénéficiaires, cette politique conduit à une dérive croissante du déficit public et entraîne notre pays dans une spirale déflationniste.