Depuis le début de l’année, ce ne sont pas moins de dix nouvelles mises en service qui ont été réalisées sur le territoire de l’Île-de-France, avec dix autres prévues d’ici fin 2022. Le développement du gaz vert sur le territoire national et régional s’intensifie, d’autant plus que la loi oblige la France à utiliser cette énergie d’ici 2030, puisque 10 % du gaz consommé dans le pays devra être renouvelable à partir de ce moment-là.
Une brève histoire du gaz vert
« Le gaz présente un intérêt, c’est qu’il est extrêmement compétitif, y compris à l’heure actuelle », affirme Bertrand de Singly, directeur clients et territoires en Île-de-France pour GRDF. La crise en Ukraine qui dure depuis plusieurs mois a propulsé les énergies alternatives sur le devant de la scène, alors qu’elles étaient encore dans l’ombre des énergies fossiles plus traditionnelles. Le gaz vert est particulièrement plébiscité par les Franciliens et il n’est pas rare que l’on demande à GRDF si le gaz vert pourrait être une énergie de substitution au gaz russe, malgré son coût plus élevé, entre 90 et 100 € pour un MWh, comparé aux imbattables 20 € que coûte le gaz russe pour la même quantité. En ce sens, 90 % des Franciliens ont une image positive de cette énergie, 80 % sont prêts à en acheter en tant que consommateurs et 60 % savent que certains véhicules circulent au gaz vert.
« L’enjeu est de mieux et de moins consommer » en énergie, explique Bertrand de Singly, qui soutient fermement que « le gaz vert est une solution à notre souveraineté énergétique ».
GRDF et le gaz renouvelable
L’entreprise oriente ses actions en fonction de plusieurs leviers, incluant la sobriété économique et la substitution des énergies classiques aux énergies renouvelables. Le territoire francilien est un véritable défi pour GRDF et le Syctom, puisque la région compte à elle seule plusieurs millions d’habitants, soit environ 2,5 millions de foyers et autant de clients potentiels. L’Île-de-France est la région la plus énergivore de France et plus de 35 % des consommations énergétiques réalisées viennent du gaz. Un enjeu de taille pour le gaz renouvelable, qui entrerait sur un marché prometteur puisque cette énergie sert à divers usages : domestique pour cuisiner, se laver, se chauffer, mais aussi pour la mobilité. En effet, il est déjà utilisé pour les transports en commun et permet de faire rouler 1 500 bus au BioGNV à l’échelle de la région, tandis que le Syctom travaille avec la communauté portuaire de Paris pour proposer le gaz vert au transport fluvial. Cette énergie peut être produite de plusieurs façons, à partir de résidus agricoles et de déchets organiques ou encore, de biodéchets.
Valoriser nos déchets
« Le Syctom a une activité que l’on a longtemps voulu cacher car les ordures ménagères ne sont pas très propres, il n’y pas vraiment de raison de les valoriser. Depuis peu, en travaillant dans les déchets nous sommes devenus apporteurs d’énergie », explique Eric Cesari, le président du Syctom et vice-président de la métropole du Grand Paris.
Le gaz vert procure un double bénéfice : celui de valoriser un déchet, mais surtout celui de produire une énergie locale et de participer ainsi au développement de l’économie circulaire des territoires.
« Le gaz vert contribue à cette transition écologique des territoires », affirme Bertrand de Singly, prenant pour exemple le cas du département de la Seine-et-Marne, qui s’est fixé l’objectif d’utiliser 75 % de gaz renouvelable d’ici 2030. D’ailleurs, le territoire est déjà engagé dans cette dynamique puisque sur les 40 sites de méthanisation qui existent en Île-de-France, 31 sont implantés en Seine-et-Marne. David Le Noc, délégué général du club Power-to-gas de l’Association technique énergie environnement (ATEE), l’affirme, le gaz vert est certes une filière prometteuse mais elle a besoin d’être accompagnée financièrement et politiquement, afin d’atteindre les objectifs visés.
Le Syctom, un acteur majeur du gaz vert
« Le Syctom n’est pas très connu du grand public, pourtant c’est un acteur extrêmement important qui est au cœur des dispositifs de traitement des ordures ménagères », précise Eric Cesari. Le Syndicat d’assainissement de l’agglomération parisienne traite à lui seul les ordures ménagères de plus de six millions de Franciliens et il a réalisé dix nouvelles mises en service depuis le début de l’année, en plus des dix autres prévues d’ici la fin 2022. Une belle évolution, sachant qu’à partir du 1er janvier 2024, l’ensemble des ménages de l’Île-de-France devront disposer d’un dispositif de tri à la source des biodéchets. « Une quatrième poubelle », comme l’appelle Eric Cesari, dubitatif devant cette mesure qui, bien que fondée logiquement, n’est pas spécialement pratique. « Nous sommes passés d’une société de pénurie post seconde guerre mondiale à une société de super consommation depuis les années 90 », explique Eric Cesari, « on jette beaucoup et les citoyens sont conscients que nos ressources naturelles ne sont pas éternelles ».
Ainsi, le Syctom collecte chaque année 2,3 millions de tonnes de déchets dans lesquels résident environ 20 à 30 % de déchets alimentaires, « nous devons tout faire pour valoriser les déchets à l’extrême par le tri, la recyclerie, la déchetterie », explique Eric Cesari, convaincu que le gaz doit être un pilier de notre consommation énergétique.