Dans une circulaire, le ministre de l’Intérieur a demandé aux préfets « d’apprécier si le risque de trouble à l’ordre public est caractérisé et justifie d’interdire » les spectacles de Dieudonné M’bala M’bala, qu’il a qualifié de « petit entrepreneur de la haine ». Le chef de l’État en a rajouté une couche en demandant aux préfets de se montrer « vigilants et inflexibles » dans l’application de cette circulaire, insistant sur la nécessité de lutter contre « toutes les atteintes aux principes de la République ». Plusieurs interdictions préfectorales sont tombées et des municipalités – Bordeaux, Nantes et Orléans notamment – ont manifesté leur refus de voir l’humoriste se produire dans leur ville. Les avocats de Dieudonné ont prévenu qu’en cas d’annulation, des poursuites seraient engagées pour réclamer des dommages et intérêts auprès des responsables de salles.
Après avoir commencé sa carrière en duo avec l’humoriste juif Elie Semoun, Dieudonné est incontestablement devenu antisémite, comme le montrent notamment ses propos inqualifiables concernant le journaliste de France Inter Patrick Cohen. Faut-il pour autant l’interdire de spectacle ? Un humoriste est souvent dans l’outrance et la caricature. Si les dérapages excessifs peuvent justifier une assignation en justice, il est fondamental de préserver la liberté d’expression. De plus, à trop vouloir condamner les dérives de Dieudonné, on risque de faire sa publicité et de le transformer en martyr.