Pour l’occasion du Printemps des avocats qui s'est déroulé à Paris le 9 mars dernier afin de célébrer les 30 ans de l'institution représentative des avocats de France, le Conseil national des barreaux (CNB) a invité plusieurs citoyens ayant participé à la consultationen ligne sur le site Make.org à venir présenter leurs propositions.
« Notre métier est de réintermédier et c'est comme ça qu'on a rencontré le CNB », a d’abord confié Axel Dauchez, le CEO de Make.org, en soulignant la crise de confiance qu’ont les Français avec leurs institutions.
« Ça a rebondi extrêmement bien puisque Make.org part du déclin démocratique, déclin du consentement à la décision collective car notre machine à se mettre d'accord est grippé », a expliqué son PDG.
En effet, cette consultation a eu un véritable succès avec plus de 26 000 participations et plus de 1000 propositions formulées puisque la « question a été projetée en allant chercher les gens là où ils sont afin d’avoir un panel varié ».
« L'intérêt du système est de trouver les 10 ou 20 idées, de faire sortir la palette de points communs sur lesquels les Français sont d'accord dans leurs estomacs », a expliqué Axel Dauchez en précisant que la consultation avait allumé les projecteurs sur des exigences de plus en plus fortes sur l'indépendance des juges, l’application des peines stricte, le respect de la déontologie par les différentes professions du droit, et énormément de critiques sur le fonctionnement de l'institution judiciaire et le suivi des procédures.
Elle a également dévoilé quelques « controverses marronniers », à l’instar de la peine de mort, du statut des avocats ou de la justice de proximité.
Après que Frédéric Dabi, le directeur général de l’Ifop, a détaillé les principaux enseignements de l'enquête portant « un regard très sévère et un constat grave » sur le taux de confiance envers la Justice, la présidente de la commission Prospective du CNB, Sophie Ferry, a expliqué la démarche de cette action inédite.
« Ce qui est frappant est la défiance envers l'institution judiciaire donc c'est un révélateur social pour le moins interrogeant », a constaté l’avocate Sophie Ferry, présidente de la commission Prospective du CNB, qui a ensuite donné la parole aux justiciables.
Une des panelistes a présenté sa proposition consistant à cartographier les inégalités et lister les remèdes existants qui fonctionnent pour les dupliquer de manière générale, tandis qu’un jeune de 23 ans a proposé d'avoir accès à une justice équitable et bienveillante pour tous, « qui rend ses décisions en paix ».
Un autre citoyen a proposé de créer des maisons de justice pluridisciplinaires à l'image des maisons de santé qui « permettraient d'apporter des réponses simples et dénouer des situations », notamment en utilisant le pouvoir de négociation des avocats, ainsi qu'un renforcement de l'aide juridictionnelle qui « permettrait aux justiciables de ne pas avoir affaire à une sous-justice ».
Enfin, la « proposition hérétique » faite par un expert de justice, de fusionner les ordres judiciaire et administratif au premier échelon pour mieux répartir les tribunaux dans les petites villes formant une véritable justice de proximité, a fait réfléchir l’assemblée.