Parallèlement, le nombre de candidats à l’ENA reste autour de 1 000 (pour 40 places proposées) tandis que l’Ecole de formation du Barreau continue à préparer 1 400 avocats chaque année. Les hommes, qui privilégient souvent la mobilité, les perspectives d’évolution de carrière et la rémunération, sont de moins en moins attirés par la magistrature. Les femmes, qui n’y ont eu accès qu’après la dernière guerre mondiale, représentent maintenant 60 % des juges et 80 % des diplômés de l’ENM. Elles restent cependant sous-représentées dans les échelons les plus élevés, avec seulement 30 % des postes « hors hiérarchie ».
Pour compléter le recrutement des juges, d’autres filières ont été mises en place. Ainsi, à l’ENM, un deuxième concours est ouvert aux fonctionnaires et un troisième aux salariés du privé. Près du quart des places offertes à l’École le sont par le biais de ces deux concours. Un recrutement « complémentaire », ouvert aux personnes justifiant de 10 ans d’expérience professionnelle, a aussi été créé en 2001, avec une période de formation raccourcie à 8 mois (contre 31 à l’ENM). Mais les places offertes ne sont pas toujours pourvues, en raison d’un niveau insuffisant des candidats.
Comme les enseignants, les magistrats ont vu leur image se dégrader. Certaines affaires, très médiatisées, se sont conclues par des erreurs judiciaires ou des jugements qui semblent laxistes. Selon un récent rapport, réalisé pour l’ENM, « le magistrat apparaît comme sédentaire et peu dynamique ». Autre élément à prendre en compte : la rémunération. Un juge gagne 2 600 € net par mois à la sortie de l’ENM, 3 500 € six ans plus tard. Non négligeable mais plutôt faible eu égard à la sélectivité du concours et aux responsabilités endossées. Dans ce domaine, la France est un peu en-dessous de la moyenne européenne.
© ENM Bordeaux