« Ce lieu a bien vocation à être le cœur de la cybersécurité en France et en Europe », a martelé Bruno Le Maire, accompagné de Frédérique Vidal et Cédric O, respectivement ministre de l'Enseignement supérieur et secrétaire d'Etat au numérique. Voulu par Emmanuel Macron, le campus cyber a pour vocation d'accueillir des représentants d'acteurs très divers, de la petite start-up en cours de création à la grande entreprise, en passant par les services étatiques (DGSI, gendarmerie et police, ministère de la Défense) et les organismes de formation.
« Le président de la République a voulu depuis cinq ans faire de la France le fer de lance de l'indépendance aux cyberattaques en Europe.
Ce n'est pas un hasard si en matière de cybersécurité, la nation la plus en pointe est la nation française désormais », a assuré Bruno Le Maire. « C'est la même volonté derrière d'affirmer un continent européen qui défend et protège ses intérêts économiques, sociaux et vitaux, et qui ne se laisse pas faire entre les deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis", a-t-il ajouté. La tour, qui pourra accueillir de 1 600 à 1 700 personnes, ne sera toutefois pas un centre opérationnel de la cyberguerre, destiné à piloter au jour le jour les opérations de défense contre les criminels ou les services secrets.
Elle doit plutôt être un lieu d'innovation, d'échanges et de projets, dans un secteur devenu stratégique avec la numérisation croissante de la société. Cinq des 13 étages de la tour (dessinée par l'architecte Christian de Portzamparc) seront des espaces privatifs. L'Anssi, l'agence nationale de la sécurité informatique disposera par exemple d'un étage, où elle prévoit d'installer son service de formation interne.
Le campus cyber disposera notamment d'un incubateur unique et dédié pour les jeunes pousses du secteur, avec l'objectif de lancer une dizaine de start-up chaque année et d'accélérer les levées de fonds. A titre de comparaison, les jeunes pousses françaises ont levé 550 millions d'euros en 2021, contre respectivement 16 milliards d'euros et 7,8 milliards d'euros pour leurs concurrentes américaines et israéliennes.
Les acteurs présents dans la tour paient un loyer à la société gestionnaire de l'immeuble, dont 56 % du capital est détenu par des acteurs privés et 44 % par l'État. Le directeur général du campus cyber est l'ancien directeur général d'Orange cyberdéfense, Michel Van Den Berghe. Le campus cyber s'inscrit dans le plan “cybersécurité” de 1 milliard d'euros, dont 720 millions d'euros de fonds publics, annoncé par l'exécutif il y a un an. Le gouvernement a fixé pour objectif de parvenir en quelques années à tripler le chiffre d'affaires de la filière française de cybersécurité à 25 milliards d'euros, doubler le nombre d'emplois et faire émerger trois licornes (société valant plus d'un milliard de dollars).