A.-P.: La situation à Colombes est un peu confuse, le candidat investi par LaRem ayant choisi de s'allier à la maire sortante, Mme Goueta. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
Benedicte Petelle : C'est un sentiment de grande tristesse parce que nous avions pris un engagement au mois de septembre. Sébastien Perrotel était investi par la Commission nationale des investitures de la République En Marche et était tenu par plusieurs engagements, notamment celui de ne pas s'allier avec Nicole Goueta. C'était le seul engagement de non-alliance que l'on avait pris, donc il y a eu trahison de cet engagement écrit puisqu'il a décidé de la rejoindre.
C'est dur parce que la confiance a été trahie, vis-à-vis, tout d'abord, d'Adrien Taquet, secrétaire d'Etat, et de moi, parce que nous avions présenté sa candidature, ainsi que d'autres, à la mairie de Colombes. Il a été investi donc c'est compliqué pour tous ceux qui l'ont soutenu, c'est une véritable trahison politique. La déception est énorme pour tous les colistiers qui se sont engagés depuis plusieurs mois, qui ont engagé beaucoup de temps, certains ont pris des mi-temps pour l'aider dans la campagne. On a cru en un homme qui devait porter un projet collectif, on voulait casser cette dynamique d'absence de vision pour la Ville, avec des constructions intempestives, sans vision, sans projet humain ni écologique. Notre projet « Colombes Nouvel Air » proposait une politique humaine vis-à-vis des personnes précaires, rien à voir avec celle de Nicole Goueta qui refuse par exemple l'accès à la cantine et au centre des loisirs pour les enfants de familles logées à l'hôtel.
A. -P. : Au premier tour, la liste La République En Marche, UDI et MoDem avait recueilli presque 22 % des voix, placée en troisième position, elle était assurée de participer à une triangulaire. Finalement, cette liste et ces 22% de colombiens qui ont voté ne seront pas représentés au conseil municipal…
B. P. : Effectivement, au deuxième tour notre liste ne sera pas présente. Sachez que 33 des colistiers ont déposé leur démission de la liste en préfecture car ils n'approuvaient pas le choix de Sébastien Perrotel. Il a dû embarquer avec lui une dizaine de colistiers de la liste Nouvel air. C'est une situation compliquée pour les 21,6 % de nos concitoyens qui ont voté pour un programme qui ne sera pas celui de madame Goueta, celui pour lequel ils ont voté au premier tour.
A. - P. : Donc la République En Marche ne sera pas représentée au 2ème tour des municipales alors qu'elle devait l'être, à cause de la volonté d'une seule personne, sa tête de liste ?
B. P. : Exactement. La République En Marche, ne sera pas présente au deuxième tour ni au conseil municipal, puisque le bureau exécutif de notre parti a décidé de retirer l'investiture à Sébastien Perrotel et aux quelques personnes qui l'ont suivi. Par cette alliance avec la maire sortante, contraire à tous nos engagements politiques, Sébastien Perrotel a trahi la parole donné aux habitants de Colombes, à ses colistiers et a subtilisé le vote exprimé par 21,6 % de colombiens au 1er tour.
A. -P. : De ce fait, pour qui appelez-vous à voter ?
B. P. : Nous appelons à ne pas voter Nicole Goueta. On laisse les citoyens libres de voter selon leur conscience mais notre consigne est de ne pas voter pour elle. On veut offrir la possibilité aux autres candidats d'avoir leur chance et de mettre fin à six années d'immobilisme.
A. - P. : Il y a un an et demi, Sébastien Perrotel était adjoint aux sports de Nicole Goueta et avait démissionné. C'est lui qui est venu vous chercher ? Comment cela s'est passé ?
B. P. : Oui, nous avons été trompés par un individu qui ne respecte pas ses engagements politiques, nous l'avons cru, avec Adrien Taquet et les marcheurs de Colombes car nous avons une autre conception de la politique et un sens de l'intérêt général. C'est pour ça que nous nous battons depuis la création d'En Marche par Emmanuel Macron. On était favorable à sa candidature car Sébastien Perrotel nous avait manifesté son soutien pendant la campagne législative et pendant la campagne européenne. Il avait même été très présent. On s'aperçoit que c'est un candidat qui va là où le vent le mène, qui n'a pas de parole et qui n'est pas fiable. Son parcours aujourd'hui le prouve. C'est une personne incohérente et inconsistante.
En termes de biographie politique, ce n'est pas très cohérent de dénoncer les pratiques de la maire sortante Nicole Goueta et de s'allier ensuite avec elle. C'est un choix malheureux et il faudra que l'on analyse les conséquences de ce choix qui ne correspond pas à nos valeurs et pour l'avenir, faire autrement.
A. - P. Savez-vous si l'UDI lui maintient son investiture ?
B. P. : Je ne sais pas. Mais, là aussi, dans notre analyse, il faudra revoir notre positionnement par rapport à l'UDI.
A.- P. : C'était une liste de rassemblement qui se voulait UDI/Modem. Ce dernier est-il toujours derrière monsieur Perrotel ?
B. P. : Des colistiers MoDem ont fait une demande de retrait sur la liste Nouvel Air. Je ne sais pas encore si la liste de Nicole Goueta aura le soutien du MoDem.
Tout est très frais, la liste de retrait vient d'être déposée donc on ne sait pas encore quelle position va prendre le MoDem. Mais des colistiers MoDem ont fait leur demande de retrait sur la liste.
A. - P. : Pour quelles raisons pensez-vous que Sébastien Perrotel s'est rallié à Nicole Goueta ? Est-ce pour un poste qu'elle va lui offrir ?
B. P. : Je pense qu'il y a d'abord une forte ambition personnelle pour un poste, ce n'est pas quelqu'un de collectif puisqu'il a décidé de rejoindre Nicole Goueta sans suivre l'avis de ses colistiers qui ont voté pourtant il y a quelques jours l'inverse. Et je pense qu'il y a aussi un attrait pour les élections départementales et s'assurer le soutien LR pour garder son poste de conseiller départemental, bien sûr.
Si nous avons déposé cette demande de retrait de 33 colistiers en préfecture, c'est pour montrer qu'on ne se laisse pas piétiner et accaparer par Sébastien Perrotel. Même si cela reste symbolique.
A. -P. : C'est quoi le “management Goueta” pour vous ?
B. P. : D'abord, c'est un management très autoritaire qui correspond au personnage issu de l'ancien monde politique de Pasqua et du RPR. C'est une politique sans vision d'avenir, sans réflexion en termes de bien-être, de citoyenneté, de convivialité et d'écologie. C'est une politique dure vis-à-vis des vulnérables, pour les personnes précaires, hébergées à l'hôtel. C'est une personne qui, au niveau engagement écologique, a manqué de force et d'innovation. Pour la jeunesse, il n'y a pas de projets ambitieux. Après, c'est vrai, sur la sécurité, elle a satisfait les Colombiens.