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Katia Merten-Lentz et Thierry Schoen s'engagent pour les avocats de Paris

Katia Merten-Lentz, avocate au barreaux de Paris et de Bruxelles, et Thierry Schoen, avocat aux barreaux de Paris et de New York, sont candidats, en binôme, aux prochaines elections au Conseil de l'Ordre du barreau de Paris. Ils reviennent sur leurs parcours respectifs et sur les domaines où ils pensent apporter le plus à leurs confrères, notamment les dimensions européenne et internationale.
Katia Merten-Lentz et Thierry Schoen s'engagent pour les avocats de Paris
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Affiches Parisiennes : Vous avez décidé d'être candidats à l'élection du Conseil de l'Ordre du barreau de Paris. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Katia Merten-Lentz : J'ai prêté serment en 1995, à Strasbourg. Au début des années 2000, je suis partie à Bruxelles, pour intégrer le cabinet Gide et pratiquer le droit de l'agroalimentaire. Depuis lors, je travaille à Bruxelles et à Paris. Je suis depuis cinq ans associée du cabinet américain Keller and Heckman, qui est également spécialisé, au niveau mondial, dans le secteur agroalimentaire. Nous avons cinq bureaux : Washington, San Francisco, Shanghai, Bruxelles et Paris. Cette organisation est très utile car je peux ainsi accompagner mes clients à l'international, quel que soit leur projet, à travers une expertise européenne, mais aussi chinoise et américaine.

A.-P. : L'agroalimentaire est donc votre spécialité...

K. M.-L. : Oui, je suis spécialisée en droit européen agroalimentaire. Je suis inscrite aux deux barreaux de Paris et de Bruxelles, avec un rattachement principal à Paris.

Thierry Schoen : Je suis pour ma part Alsacien et j'ai aujourd'hui 35 ans de pratique. Je suis avocat aux barreaux de Paris et de New York. Après Sciences Po Strasbourg et une maîtrise en droit à Assas, je suis allé suivre un LLM aux Etats-Unis, où j'ai commencé ma carrière chez Sullivan & Cromwell. J'ai ensuite passé 10 ans à Paris, chez Cleary Gottlieb, avant de rejoindre Clifford Chance, toujours à Paris. A l'origine, j'étais fiscaliste, comme Jean-Michel Tron, l'associé qui m'a recruté chez Cleary Gottlieb. En fait, Jean-Michel s'est lancé dans les fusions & acquisitions lorsque ces dossiers ont pris de l'importance en France. J'ai alors suivi cette orientation, en travaillant sur de nombreuses opérations emblématiques de la place de Paris. Mon métier, ce sont donc les fusions & acquisitions et les marchés de capitaux, mais comme j'ai touché à bien d'autres domaines comme les grand contentieux financiers, je dirais que, finalement, j'ai une pratique assez généraliste, avec un tropisme pour les clients industriels.

J'ai par ailleurs une expérience de management au sein du cabinet Clifford Chance, où j'ai été membre du comité exécutif pendant une dizaine d'années. J'ai également une expérience en matière de gestion, en étant, là encore, pendant une dizaine d'années, l'un des dirigeants de la pratique mondiale des fusions & acquisitions. Si nous sommes élus par nos confrères, j'aimerais mettre à la disposition de l'Ordre ces compétences de management et de gestion.

A.-P. : De votre côté, Katia Merten-Lentz, pourquoi avez-vous décidé d'être candidate ?

K. M.-L. : Principalement parce que mon parcours est un peu singulier, d'un point de vue géographique. J'ai un pied à Paris et un autre à Bruxelles. Je suis ainsi au fait des préoccupations européennes et de celles des avocats qui, comme moi, sont expatriés, et exercent à l'international tout en conservant un rattachement principal à Paris. Je peux à la fois comprendre ces confrères, les soutenir, et les représenter au sein du Conseil de l'Ordre. L'autre raison concerne mon exercice professionnel, qui est très spécifique. J'ai connu un démarrage difficile, dans le développement de cette activité agroalimentaire qui n'était ni connue ni reconnue au sein des grandes structures.

Je suis aujourd'hui associée mondiale au sein d'un cabinet américain qui ne compte que 40 associés de le monde. Je comprends donc parfaitement les confrères, jeunes ou moins jeunes, qui affrontent des difficultés dans la construction de leur carrière ou de leurs structures. Enfin, mon expérience de 10 ans chez Gide m'a permis de côtoyer notre futur Bâtonnier Olivier Cousi et nous pensons, Thierry et moi, pouvoir utilement l'accompagner au sein de l'Ordre pour soutenir ses projets.

A.-P. : Justement, dans quels domaines plus particuliers pensez-vous être utiles au barreau de Paris ?

K. M.-L. : Nous avons échangé avec plusieurs membres du Conseil de l'Ordre. En ce qui me concerne, je pourrais être très utile au sein de la cellule européenne, du fait de ma connaissance des institutions et des rouages du lobby. Beaucoup de mécanismes européens sont encore méconnus, alors même qu'ils nous concernent directement. Il en va ainsi d'un certain nombre de décisions importantes concernant les règles de fonctionnement de la profession d'avocats, qui sont prises directement au niveau européen, par exemple la mise en place de la sollicitation personnalisée, issue des textes et de la jurisprudence de la CJUE. Je serai ravie de faire plus de pédagogie sur ces sujets, afin de mettre davantage en lumière ces mécanismes auprès de tous nos confères.

A.-P. : Et vous, Thierry Schoen ?

T. S. : Concernant les raisons de mon engagement, sachez d'abord que nous avons, chez Clifford Chance, une relation particulière, nouée depuis de nombreuses années, avec le Conseil de l'Ordre, où le Cabinet a compté de nombreux membres. Mon associé et ami Thomas Baudesson en a été le détonateur. Par ailleurs, je crois que les cabinets d'affaires sont sous-représentés au niveau de l'Ordre. Or, il est important qu'ils y soient présents, car ils apportent un savoir-faire, une expertise, une vision, un sens du travail en commun qui sera utile.

Je pense également que j'apporte une vision internationale liée à mon parcours professionnel, à la fois à New York et à Paris, dans des cabinets américains et dans un cabinet anglais. Etant Alsacien, je connais également très bien la culture allemande. Je suis ainsi, très immodestement, quadri-culturel, ce qui constitue un atout au moment où le barreau de Paris souhaite rayonner davantage sur le plan international, en cette période de Brexit qui représente une tragédie pour la Grande-Bretagne et pour l'Europe, mais une réelle opportunité pour la France. Nous avons ainsi la CCI, qui est une réussite formidable, et une pépinière de cabinets internationaux en France qui est la première d'Europe.

Nous devons nous appuyer sur ces atouts pour promouvoir davantage Paris comme place de droit et développer le recours au droit français pour les opérations mêlant des enjeux internationaux. A cet effet, je pourrais avantageusement épauler l'Ordre dans les commissions internationales. Etant donné mon parcours, j'ai par ailleurs une très bonne connaissance de la finance, de la comptabilité, des problèmes fiscaux... Là aussi, je pourrais, je l'espère, être utile au barreau de Paris.

A.-P. : Vous pensez que Paris Place de droit peut être aujourd'hui développée ?

T. S. : A Paris, nous avons la chance d'avoir un écosystème de grandes sociétés du CAC40 et du SBF120 qui ont un rayonnement mondial. Ces sociétés sont très actives à l'étranger, où elles réalisent souvent la majorité de leur chiffre d'affaires. Il s'agit donc, pour les avocats, d'une clientèle potentielle importante, à laquelle vient se joindre un grand nombre de fonds d'investissement, de fonds de venture, de sociétés de haute technologie, en pleine croissance. Cet écosystème est là et ne demande qu'à être développé. Je peux ainsi contribuer à rapprocher l'Ordre de Paris des entreprises. Nous avons par ailleurs des banques très puissantes, ainsi que la BPI, et le Gouvernement manifeste la volonté d'aller dans ce sens.

Il faut vraiment que l'Ordre se mette au service des entreprises. Tout cela est aujourd'hui prégnant au sein du marché français du droit, avec des cabinets d'affaires français et internationaux de premier plan qui travaillent très bien avec ces acteurs. Nous avons donc une carte à jouer ensemble au niveau européen. Il n'y a pas beaucoup de capitales en Europe continentale qui présentent toutes ces caractéristiques. La France est par ailleurs un pays très centralisé et l'essentiel de son activité se concentre en région parisienne.

Le barreau de Paris doit saisir cette opportunité fantastique, et je l'aiderai à être davantage moteur dans la réalisation de cette ambition.

K. M.-L. : Thierry a raison d'insister sur ce point, que je constate régulièrement dans mon activité. Ainsi, mes associés américains n'avaient pas semblé réaliser, avant que j'intègre mon cabinet actuel, à quel point, dans le domaine agroalimentaire, les sociétés les plus importantes au niveau mondial sont françaises. Nous avons un vivier incroyable, et pas seulement dans mon domaine d'activité. Il nous revient de le mettre davantage en valeur, de le promouvoir.

Thierry et moi avons cette volonté commune de soutenir le bâtonnier pour renforcer le rayonnement de Paris. Nous avons parfois le sentiment que les avocats français, en général, et les avocats parisiens, en particulier, ont perdu cette dimension de vue et cette force du barreau de Paris. Or, figurez-vous que je sors d'un rendez-vous avec le bâtonnier Olivier Sur qui me rappelait que Paris est la première place de droit mondiale dans bien des domaines, comme l'arbitrage, les droits de l'Homme... A nous d'aider l'Ordre à poursuivre sur cette lancée.

A.-P. : Ce rayonnement, vous le mettriez en œuvre au profit de tous les confrères. Il y a justement dans la profession, les jeunes confrères surtout, qui affrontent des difficultés, notamment en termes d'installation. Que pouvez-vous leur dire ?

T. S. : Je crois que nous représentons des structures qui génèrent une portion significative d'embauches de collaborateurs, et donc d'opportunités de collaboration pour nos jeunes. Ce que je dirais à nos confères qui affrontent des difficultés, c'est que la demande en matière de services juridiques présente, globalement, une tendance à la hausse. De nombreux facteurs sont ainsi générateurs d'opportunités pour eux, comme les dispositions RGPD, la loi Sapin 2, l'internationalisation des clients, l'importance des investisseurs internationaux dans les entreprises hexagonales (qu'ils soient européens, américains ou chinois), et maintenant le Brexit. Tout cela crée une croissance de la demande en droit. Il existe donc des fondamentaux solides permettant à nos jeunes confrères d'avoir confiance.

Je pense par ailleurs que nos cabinets d'affaires représentent des pépinières pour ces jeunes. Un certain nombre de nos collaborateurs, après avoir grandi avec nous, choisissent de relever le défi de l'installation, et certains d'entre eux avec beaucoup de réussites. Voir ces collaborateurs s'installer et grandir est, pour nous, une très grande satisfaction.

A.-P. : Vous tenez également à contribuer au bien-être des avocats. Pouvez-vous nous expliquer de quelle manière ?

K. M.-L. : Nous prenons grand soin de nos collaborateurs. Thierry a une formule que j'adore. Il dit qu'ils sont tout aussi importants que nos clients. Nous travaillons avec eux au quotidien, et nous dépendons donc d'eux. Afin de faciliter leur quotidien, nous avons mis en place au sein de nos cabinets des process très spécifiques garantissant les meilleures conditions de travail, comme des procédures de contrôle interne, de reporting, d'évaluation de nos associés permettant d'anticiper et de mieux répartir les charges de travail, ainsi que de garantir la tenue, à tout moment, de comportements exemplaires.

A.-P. : Il y a encore un décalage, notamment pour les femmes, notamment vis-à-vis de l'association...

K. M.-L. : Oui, ce décalage existe. J'ai conscience du plafond de verre. Cela dit, les mentalités évoluent dans le bon sens. Il y a une vrai prise de conscience, y compris dans les cabinets où les associés sont très majoritairement des hommes. Il nous appartient aujourd'hui de permettre à toutes les femmes de pouvoir saisir les opportunités qui leur sont offertes, comme je l'ai fait, même si, personnellement, j'ai eu la chance de ne jamais ressentir de difficultés à être une femme pour exercer notre profession.

T. S. : Comme vient de le rappeler Katia, les mentalités ont évolué. Il y a ainsi une prise de conscience à l'intérieur du cabinet où j'exerce. Chez nos clients, très souvent, les équipes des directions juridiques sont des femmes et elles sont donc très sensibles à ces questions. Chez Clifford Chance, nous avons mis en place un système pour promouvoir les femmes, avec un objectif de renforcer significativement leur représentation au sein de l'association. Ainsi, à Paris, 20% des associés sont aujourd'hui des femmes, et cette tendance est, depuis une dizaine d'année, à la hausse, avec une féminisation croissante des promotions d'associés.

Nous avons également mis en place des systèmes de télétravail qui bénéficient aux femmes, mais aussi aux hommes, leur permettant de travailler depuis chez eux, s'ils le souhaitent, dans la mesure où ils restent disponibles pour nos clients, car il s'agit là du rôle premier de l'avocat. Nous considérons ainsi que nos collaborateurs sont notre principale richesse, et la féminisation de la profession, à tous les niveaux de responsabilité, constitue un atout qu'il convient de promouvoir davantage. Pour traiter efficacement le sujet de l'égalité des chances femme/homme dans les cabinets, il est également important que l'impulsion vienne du sommet, supporté par le management au plus haut niveau. Chez nous, c'est clairement le cas, tant à Paris qu'au niveau international. Nous veillerons à ce que l'Ordre soit également exemplaire en la matière.

K. M.-L. : J'espère pouvoir être un exemple d'une femme passée par toutes les étapes, du stage jusqu'à l'association dans un domaine qui plus est spécifique, tout en ayant élevé ma fille et avoir mené une vie "normale", c'est-à-dire riche et équilibrée. Je ne peux donc qu'encourager mes consœurs à progresser dans la voie de la parité. Les femmes ont maintenant incontestablement leur place en tant qu'associée quelle que soit la taille de leur structure.

A.-P. : Pourquoi vos confères devraient voter pour vous ?

K. M.-L. : Pour des raisons identiques et complémentaires, Thierry et moi pouvons les représenter au niveau international, au niveau européen, dans toute leur diversité et à chacun des stades de leur carrière. Notre message est fondé sur nos expériences respectives et nos convictions. Il ne s'agit pas de vœux pieux ou d'effets d'annonce, mais d'engagements sincères et véritables.

T. S. : ll est important que l'Ordre intègre toutes les composantes de la profession. Les cabinets d'affaire, notamment internationaux, font partie de cet écosystème. Une grande partie du Conseil de l'Ordre est aujourd'hui constituée de pénalistes, d'avocats du contentieux et de civilistes, ce qui constitue bien évidemment une richesse inouïe. Il est cependant important que les avocats transactionnels et que les conseils en droit des affaires soient également représentés au sein de la grande famille de la profession, pour un Ordre qui nous ressemble, et qui nous rassemble.

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