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Les avocats à la barre

Bénédicte Graulle et Frédéric Nouel, avocats au sein de deux grands cabinets parisiens, Jones Day et Gide, sont co-skippers d'un des voiliers du barreau de Paris. Ces deux marins avertis, honorés d'avoir été contactés par leur bâtonnier Pierre-Olivier Sur et leur vice-bâtonnier, comptent bien remporter la Juris'Cup.
Les avocats à la barre

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Affiches Parisiennes : Que souhaite le bâtonnier de Paris en vous proposant de participer à cette 24e édition de la Juris’Cup ?

Bénédicte Graulle : La Juris’Cup est un événement qui tient à cœur à Pierre-Olivier Sur et à Laurent Martinet. Ils ont choisi comme co-skippers du bateau barreau de Paris, deux navigateurs rompus à la course au large. Frédéric qui a traversé l’Atlantique dans le cadre de régates sur des 40 pieds (La Solidaire du Chocolat et Les Sables – Les Açores – Les Sables, ndlr) et moi-même qui ai participé à la Mini Transat en 2007.

Frédéric Nouel : Nous ne venons pas du monde de la régate autour des bouées mais nous allons essayer de nous adapter ! Le bâtonnier et le vice-bâtonnier n’ont pas souhaité rechercher des professionnels de la régate non avocats pour défendre les couleurs du barreau. Dans une démarche d‘authenticité caractéristique de leur bâtonnat, ils ont souhaité confier les bateaux à des avocats qui sont, en outre, des amateurs avertis de voile.

Arrivée de Bénédicte Graulle à Salvador de Bahia pour la Mini Transat 2007

AP : Quelle sera la particularité cette année ?

B.G. : Pour le bâtonnier et le vice-bâtonnier il s’agit d’un événement très important car il rassemble toutes les professions du droit et tous les barreaux de France. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons un beau bateau, un Sydney 46 (voilier de 14 mètres), avec un bel équipage.

F.N. : L’approche du bâtonnier de contacter deux membres de son barreau au CV nautique raisonnable permet de rééquilibrer la course. Il ne s’agit pas d’une course à l’armement pilotée par des skippers professionnels mais de relever un challenge sportif entre confrères dans un esprit convivial.

AP : Comment avez-vous constitué votre équipage ?

B.G. : Nous serons un équipage de onze avocats dont trois membres du Conseil de l’Ordre du barreau de Paris. Ce sont des avocats expérimentés, qui aiment naviguer et connaissent la voile. L’équipage a été constitué sur la base du volontariat et ce sera un équipage tournant car beaucoup ont répondu à l’appel. L’équipage est donc susceptible d’être modifié pour pouvoir faire naviguer un maximum d’avocats. Le niveau sera hétérogène, tout le monde n’ayant pas la même pratique. Certains sont spécialisés en match racing et d’autres en course au large. L’entraînement s’impose donc, car nous avons bien l’intention d’en découdre !

F.N. : L’esprit de l’équipage est au diapason. Ses membres volontaires, sont un échantillonnage du barreau de Paris. L’équipage est mixte, la parité est parfaite entre les hommes et les femmes qui exercent dans tous les domaines du droit. Bénédicte est ancien Secrétaire de la Conférence (promotion 2004, ndlr) spécialisée en contentieux pénal et plus particulièrement en droit pénal des affaires et cybercriminalité, alors que je suis un ancien président de l'UJA membre du barreau d'affaires, cela reflète la diversité du barreau d’aujourd’hui. Sur l’eau, nous aurons une femme skipper, ce qui est rare, et un homme pour l’aider !

AP : Aviez-vous déjà participé à la Juris’Cup ?

B. G. : C’est ma troisième Juris’Cup, j’y avais participé lorsque j’étais élève à l’EFB. Nous avions gagné, c’était formidable, d’ailleurs, j’ai toujours la coupe ! Ma deuxième participation était plus tard dans le cadre de la campagne de Pierre-Olivier Sur au bâtonnat. Un de ses amis lui avait prêté un beau bateau que j’avais en charge de skipper. J’avais rencontré le bâtonnier et le vice-bâtonnier en 2007 lorsque leurs cabinets respectifs m’avaient sponsorisée avec 60 autres cabinets pour participer à la Mini Transat 2007 (traversée de l’Atlantique en course en solitaire sur des voiliers de 6,50 mètres sans assistance, ndlr). C’est grâce à eux et au parrainage de l’Ordre que j’ai pu avoir tous ces sponsors. Je suis arrivée 14e sur 90 concurrents, en 28 jours de mer.

F.N. : Pour moi c’est une première. On part pour en découdre avec de belles intentions. Nous avons trois atouts : Bénédicte, un bateau rapide et puissant, et l’équipage. Et puis, notre confrère Henri de la Motte Rouge qui a fait plusieurs Juris'Cup pour finir premier en 2012 puis deuxième l'année dernière, sera présent sur un bateau de classe Grand Surprise pour nous aider à défendre le barreau de Paris ! Notre équipage est plus hétérogène que le sien. Notre approche est différente mais le but est identique : donner le meilleur.

AP : Les équipes partent-elles sur un pied d’égalité ?

F.N. : Le classement est en temps compensé, donc il y a un phénomène d’égalisation des chances. Chaque bateau a un handicap de temps, qu'on appelle le rating, calculé en fonction de ses caractéristiques. Le classement en temps compensé est calculé en prenant en compte ce rating et le temps réel. Ainsi, le premier arrivé n'est pas obligatoirement le premier au classement.

B.G. : Certains équipages ont un skipper professionnel, ce qui permet aux avocats qui ne sont pas chevronnés de participer.

AP : Comment vous êtes-vous entraîné ?

B.G. : On n’a pas encore commencé, mais un week-end d’entraînement est prévu à Marseille la semaine précédant la Juris’Cup. Pour des raisons budgétaires et d’emploi du temps on n’a qu’un entraînement.

AP : Quels avantages ou difficultés pour une femme à la barre ?

B.G. : Cela dépend, je ne fais généralement pas de différence, sauf que l’on a quand même moins de force physique ce qui peut être un inconvénient pour la régate.

AP : Parlez-nous de votre passion pour la voile ?

B.G. : Ma passion pour la voile a débuté très jeune, avec le bateau de mon grand-père. Adolescente, j’allais tous les week-ends à Granville pour prendre la mer. Puis, à l’époque de la Mini Transat, j’ai consacré tout mon temps libre à la voile pendant quatre ans. Après, j’ai eu mes enfants donc j’avais moins de temps. Aujourd’hui, je poursuis ma passion par procuration car mon conjoint est skipper semi-professionnel et va participer à la Route du Rhum cette année. C’est d’ailleurs dans ce cadre là que j’ai rencontré Frédéric puisqu’il était concurrent de mon conjoint lors de La Solidaire du Chocolat…

F.N. :…et qui m’avait battu à plate couture ! Effectivement, Stéphane Le Diraison, le mari de Bénédicte, est un marin exceptionnel à qui je souhaite bonne chance pour la Route du Rhum.

AP : Un lien avec votre passion pour le droit ?

B.G. : Ma passion pour la voile est une longue histoire. J’avais d’ailleurs hésité entre devenir skipper et avocat ! mais mon métier est très important. Je voulais être avocat depuis l’âge de six ans ! La Mini Transat et la Juris’Cup m’ont permis de concilier les deux.

F.N. : Vous comprenez que ce n’est pas trop compliqué pour Bénédicte de skipper un bateau puisqu’elle fixe ses objectifs très à l’avance ! On va tous être très obéissant à bord…La régate est un très beau challenge sportif, et les marins partagent des valeurs très proches de celles de la profession d'avocat. La solidarité entre gens de mer est extraordinaire. On le voit lors de chaque course au large lorsque tous les concurrents abandonnent instantanément le classement pour secourir l’un d’entre eux au moindre problème. C’est un esprit identique au sein du barreau où effectivement on défend sa cause mais on le fait pour les autres dans un esprit de solidarité et de dévouement absolu.

Propos recueillis par Boris Stoykov et Anne Moreaux.

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