«L'activité touristique à Paris s'est évidemment écroulée avec 70 à 80 % de baisse. En 2020, on a eu 12 millions de visiteurs contre 36 millions habituellement et cette année, on en aura peut-être 17 millions. Mais je suis convaincu qu'en 2022, on va retrouver assez rapidement, au moins sur le tourisme de loisirs, une activité égale à celle de 2019. Les touristes vont revenir très fort. Pas mal d'activités vont refonctionner complètement à compter de juillet. Globalement, le tourisme coûte beaucoup moins cher que d'autres secteurs. En Île-de-France, il représente 13 % de l'emploi. Les aides gouvernementales ont été colossales et exceptionnelles. Il faut les poursuivre encore quelques mois, mais les pondérer en fonction de l'évolution de l'activité.
Globalement, on a vu moins de faillites que d'habitude, mais il pourrait y en avoir quand les aides vont commencer à se réduire et que les PGE (Prêts garantis par l'Etat) vont être transformés en dettes à long terme. La casse va concerner des entreprises qui avaient des soucis de fonds propres ou de rentabilité. La crise sanitaire les a trop fragilisées et elles vont souffrir. Il faudra regarder entreprise par entreprise, mais on ne pourra pas sauver tout le monde, notamment dans le tourisme d'affaires. Il ne va pas reprendre autant que celui de loisirs. Les séminaires vont repartir, mais je suis plus circonspect pour les salons. Les gens ont appris à travailler à distance et il va y avoir des restructurations.
Notre secteur va être également exposé à la problématique de la réouverture des frontières qui va être graduelle et provisoire. La seule critique que j'émettrai concerne d'ailleurs les frontières. On s'est beaucoup concentré sur les arrivées internationales dans les aéroports, mais assez peu sur les arrivées terrestres de l'Union européenne qui représentent 80 % des arrivées. Pour des raisons politiques et diplomatiques, on a été assez mous sur cette question et très durs sur les frontières internationales, alors qu'on aurait dû faire l'inverse.
Je suis un écologiste très engagé et j'aimerais bien que tout change demain, mais je ne crois à cette fable. Tout le monde ne va pas devenir immédiatement plus vertueux. La frénésie de voyages et de vacances va repartir. Il va falloir attendre quatre ou cinq ans pour qu'il y ait une vraie prise de conscience, mais celle-ci augmente, c'est certain. Les gens commencent à comprendre que le réchauffement climatique, la biodiversité et l'artificialisation des sols ne sont pas des gadgets.
Faut-il faire une campagne de communication pour inciter les touristes à revenir ? Surtout pas ! Ils vont revenir tous seuls et très vite. A Voyageurs du monde, en ce moment, les demandes sur l'Europe sont trois fois plus nombreuses qu'en période normale. Il y a une telle soif de consommer et de voyager que ce n'est pas la peine de communiquer. Nos clients ont déjà décidé de partir en Grèce, en Italie ou au Portugal. Les touristes des Dom Tom et d'Afrique du nord vont pouvoir revenir également. Il faut surtout cibler la clientèle américaine, japonaise et chinoise, mais elle va revenir aussi. »