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Irrigation agricole et sécheresse, sujets de grande préoccupation des agriculteurs

Dans un contexte de sécheresse d'ores et déjà annoncée pour la saison estivale, les agriculteurs sont inquiets pour leur culture. Au Salon de l’Agriculture 2023, le sujet de l’irrigation a été évoqué lors d’une conférence.
Emmanuel Buisson, directeur Recherche & Innovation chez Weenat et expert agro-météo, Auriane Pierrard (au centre), chargée de mission recherches et innovations agronomiques chez Bonduelle, et Pierre Giquel, ingénieur agronome chez Weenat
© AP - Emmanuel Buisson, directeur Recherche & Innovation chez Weenat et expert agro-météo, Auriane Pierrard (au centre), chargée de mission recherches et innovations agronomiques chez Bonduelle, et Pierre Giquel, ingénieur agronome chez Weenat

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A l’occasion du Salon de l’Agriculture, Weenat a organisé une conférence sur le thème de « l’irrigation : les attentes du monde agricole » le 28 février dernier, au stand de la Ferme Agricole. Elle a réuni Emmanuel Buisson, directeur Recherche & Innovation chez Weenat et expert agro-météo, ainsi que Pierre Giquel, ingénieur agronome chez Weenat. Ils ont exploré avec le public les enjeux et les besoins du monde agricole en terme d’irrigation et ont évoqué les solutions d’aide et de gestion de l’eau existantes, même si elles ne suffiront sans doute pas face au réchauffement climatique.

Si pour le philosophe français Gaston Bachelard, « Une goutte d’eau suffit pour créer un monde », la réalité du monde agricole est cependant tout autre. 2022 a été une année exceptionnelle, c’est l’année la plus chaude que nous avons rencontrée depuis le début des relevés de Météo France, en 1900. Derrière ce réchauffement climatique, le monde agricole se retrouve en première ligne et est fortement touché, particulièrement avec la sécheresse des sols. Ce constat alarmant est partagé par les experts agro-météologues comme Emmanuel Buisson. « Nous avons constaté énormément de jours avec des températures moyennes supérieures aux normales de saison. Avec toutes ces anomalies positives, on arrive à une température moyenne de l'année 2022, sur l'ensemble de l'année du territoire français, qui va atteindre +1,6 degré au-dessus de la moyenne de ces 30 dernières années », a-t-il indiqué.

Autre préoccupation supplémentaire : selon les relevés de Météo France, 2022 a aussi été l’une des années les plus sèches depuis 1900, avec des coups de chaud dès le printemps. Et comme si ça ne suffisait pas, la recharge hivernale n’a pas été suffisante pour renflouer les nappes phréatiques pour la nouvelle année 2023. « On estime le déficit pluviométrique à l'échelle nationale à plus de 25 % en fin d'année 2022. Il est évident aujourd'hui que la pluviométrie de cet hiver et la pluviométrie prévue ce printemps ne suffiront pas à renflouer les nappes phréatiques », a-t-il ajouté.

Face à toutes ces mauvaises nouvelles, il faut tout de même nuancer les résultats, en s’appuyant sur une échelle régionale. « Aujourd'hui, on a un territoire français qui est très hétérogène par rapport à la sécheresse de surface. On a un certain nombre de régions qui ont reçu de l'eau, entre 150 et 180 mm, comme la façade atlantique. A l’inverse, le pourtour méditerranéen est actuellement bien en dessous des normales de ces 30 dernières années ».

« L'irrigation est un levier important »

« De manière générale, on considère qu'un légume, c'est à peu près 90 % d'eau, ce qui fait que c'est une ressource qui est indispensable à la croissance de ces cultures et qui va être indispensable à sa qualité. Que ce soit, par exemple, pour limiter le nombre de grains ou les fils dans les haricots verts. Donc c'est vraiment une ressource qu’il est primordial de préserver et dont on ne peut pas se passer », témoigne Auriane Pierrard, chargée de mission recherches et innovations agronomiques chez Bonduelle.

Aujourd'hui, on considère qu'à l'échelle du globe, 20 % des surfaces agricoles sont irriguées, mais que cela représente 40 % de la production agricole. « On se rend donc vite compte que l'irrigation est un levier important pour la sécurité alimentaire, particulièrement dans le contexte d'une population qui augmente », estime, quant à lui, Pierre Giquel.

Aujourd'hui on arrose, mais on gaspille aussi beaucoup. L'irrigation en France concerne 50 % de la consommation en eau potable. « Avec de mauvaises pratiques d'irrigation, on peut aller jusqu'à 60-70 % de gaspillage de l'eau, qui ne sera pas consommé pour la production agricole. Toute cette eau gaspillée va entraîner derrière des problématiques d’érosion et de pollution des eaux ». C’est en partie pour pallier cette problématique que l’entreprise Weenat propose des bilans hydriques. La méthode consiste à se baser sur des capteurs plantés dans le sol, qui vont permettre de donner aux irrigants une indication sur ce qui se passe dans le sol pour leur culture. « Ça va leur donner des informations pour qu'ils puissent prendre les bonnes décisions sur la gestion de leur irrigation ». Avec un système de pilotage d’irrigation, Weenat estime l’économie d’eau à environ à 20%.

© AP

Une recherche globale sur la gestion de l’eau

Aujourd'hui, dans l'agriculture, plusieurs autres leviers sont à disposition des agriculteurs pour améliorer la performance de l'utilisation de l'eau, que ce soit avec une aide sur le pilotage d’irrigation, mais aussi par des améliorations du patrimoine végétal des cultures qui sont utilisées et par les différentes pratiques agricoles.

Dans l’entreprise nordiste Bonduelle, « nous travaillons avec nos producteurs sur la rotation des cultures et la régénération des sols, mais aussi avec les semenciers pour sélectionner des variétés qui sont les plus adaptées au climat qu'on a dans le bassin de production. Nous avons aussi engagé des chefs de plaine, qui vont suivre avec les producteurs, les cultures de légumes tout au long de l'année pour les conseiller à la meilleure façon de piloter l'irrigation des légumes sous contrainte et les accompagner sur l'utilisation d'outils comme par exemple les bilans hydriques », explique Auriane Pierrard.

Un printemps 2023 pluvieux et chaud

2022 a été très particulière pour tout le monde, mais l’agriculture fait partie des secteurs extrêmement touchés. Les réserves pour 2023 ne sont pas pleines à 100 %, la ressource d’eau va donc poser assez rapidement problème pour les agriculteurs. Si les prévisions des agro-météorologue s’avèrent exactes, le printemps 2023 s’annonce pluvieux, mais avec une température assez chaude. Pas de quoi laisser de repos aux agriculteurs et leurs problèmes hydriques de plus en plus présents.

La région Île-de-France présente en nombre au Salon de l’Agriculture

Pas moins de deux pavillons sont réservés aux produits et saveurs de France au Salon de l’Agriculture 2023. Chaque région et beaucoup de départements exposent au mieux ce qui fait la renommée de leur territoire. Du côté de la région Île-de-France, impossible de rater le stand de 470 m². À travers un marché de produits de la marque “Produit en Île-de-France”, chacun des sept départements (en dehors de Paris) est présent. Des dégustations et animations en tout genre aguichent les visiteurs curieux. Plus de 75 producteurs et artisans franciliens se sont succédé tout au long des neuf jours de salon

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