AccueilEntrepriseVie des entreprisesFrédéric Dabi : « Une nouvelle génération insaisissable et diffusionniste »

Frédéric Dabi : « Une nouvelle génération insaisissable et diffusionniste »

À l’occasion de la REF théma Jeunes du mardi 7 février, Frédéric Dabi a livré ses impressions sur la jeunesse, faisant état d’une véritable fracture, mais pas irréparable avec les autres générations.
« La jeunesse est le segment générationnel le plus regardé, parce que c’est le présent, mais surtout l’avenir et la projection du pays », a introduit Frédéric Dabi.
© DR - « La jeunesse est le segment générationnel le plus regardé, parce que c’est le présent, mais surtout l’avenir et la projection du pays », a introduit Frédéric Dabi.

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Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop et auteur du livre La Fracture, qui répond à comment la jeunesse d’aujourd’hui fait sécession, entre valeurs, choix, révoltes et espoirs, était présent, mardi 7 février, à la REF théma jeunesse organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef). A l’occasion de ce rassemblement des dirigeants de société, Frédéric Dabi a apporté son éclairage à la question « La fracture jeunes : mythe ou réalité ? ».

« Elle n’est pas un bloc monolithique »

« La jeunesse est le segment générationnel le plus regardé, parce que c’est le présent, mais surtout l’avenir et la projection du pays », a introduit Frédéric Dabi. Faisant écho à son ouvrage La Fracture, il a défini cette nouvelle génération comme insaisissable, pour plusieurs raisons. « D’une part, elle n’est pas un bloc monolithique, d’autre part nous avons du mal à la comprendre et à la saisir, nous avons tendance à lui accoler des étiquettes, je dirai même des épithètes : génération Charlie, Covid, offensée, sacrifiée, Greta Thunberg ou encore TikTok. Le fait de toujours lui donner un adjectif, de chercher à la qualifier, ce que nous ne faisons pas avec les seniors, et les autres catégories sociales ou générationnelles, c’est le signe que nous rencontrons des difficultés à l’appréhender, à la comprendre et à la saisir. Surtout qu’elle est parfois très en rupture avec les autres générations, mais aussi avant-gardiste sur le climat », a-t-il affirmé.

« Les différences émanent du genre et de la catégorie d’âge »

Pour appuyer ses propos, Frédéric Dabi est revenu sur une enquête de l’Institut français d’opinion publique (Ifop) concernant la génération des 18-30 ans, qui a révélé « une véritable fracture avec les autres générations ». Représentative de toute cette partie de la population, cette étude a révélé que « les clivages sont très forts » au sein de cette jeunesse. « C’est une surprise, mais ce n’est absolument pas la catégorie sociale qui change la perception de l’avenir de manière générale des jeunes, mais plutôt l’âge. Par exemple, l’inquiétude est plus importante chez les 25-30 ans que pour les 18-24 ans », a indiqué le directeur général de l’IFOP. Cependant, quand la question des inégalités entre les femmes et les hommes est sur la table, la perception change. « En résumé, les différences les plus importantes dans cette nouvelle génération émanent du genre et de la catégorie d’âge ».

« La jeunesse fait bande à part vis-à-vis du reste de la société »

Cependant, selon Frédéric Dabi, la fracture la plus importante se situe entre les nouvelles et les anciennes générations. « Ce sont des fractures générationnelles. Les grandes différences se font notamment sur les questions sociétales, d’inégalités et de discriminations. A titre d’exemple, les jeunes des années 80 voyaient des inégalités, voulaient que la société soit plus égalitaire, mais ils croyaient aux politiques pour changer les choses. Ceux de 2020 sont presqu’une majorité à dire que les pouvoirs publics entretiennent et construisent ces inégalités et ces discriminations. Nous sommes donc sur deux mondes différents, la jeunesse fait bande à part vis-à-vis du reste de la société », a analysé l’auteur.

« La jeunesse fait du wokisme sans le savoir »

Pour le directeur général de l’Ifop, « la jeunesse fait du wokisme sans le savoir, c’est-à-dire qu’elle épouse les piliers du wokisme, notamment avec la défense des minorités, qui sont ontologiquement et automatiquement discriminés, et qu’elle considère que la société est structurellement injuste et inégalitaire. C’est ce qui la pousse à tourner le dos aux principes républicains ». Frédéric Dabi a d’ailleurs indiqué que d’après une enquête de l’Ifop, « 30 % des jeunes considèrent, deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, qu’il a eu tort de montrer ces dessins pour illustrer la liberté d’expression ».

En conclusion Frédéric Dabi a souligné le risque d’une plus grande fracture, notamment avec les réseaux sociaux, qui « coupent de plus en plus les modes d’apprentissage et d’éducation entre les jeunes et les moins jeunes », mais selon lui, il est encore temps de « raccrocher les wagons générationnels ». « Cette jeunesse est dépolitisée, mais n’est pas désengagée, elle veut évangéliser et montrer, si je puis dire, le bon chemin aux autres, notamment sur les questions du climat, du travail et de l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelles. En fait, cette jeunesse est diffusionniste », a conclu le directeur général de l’Ifop.

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