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Fonctionnaires : critiques sanctionnées

Il est dangereux de critiquer l'administration française, surtout lorsqu'on en fait partie. Deux fonctionnaires de l'administration territoriale viennent d'en faire l'expérience.

ActualitéRégion Île-de-France & Grand Paris Publié le ,

Il est regrettable qu’aucune étude internationale n’ait encore tenté de comparer les performances des fonctionnaires de différents pays. Mais de nombreux dysfonctionnements donnent à penser que l’administration française n’est guère performante. Voici deux exemples parmi tant d’autres. Une jeune avocate française a récemment tenté d’obtenir une copie certifiée conforme de ses diplômes. Elle a mis un quart d’heure avec le King’s College de Londres, grâce à Internet, et une journée avec la Sorbonne … Autre cas : une association, qui avait vendu une camionnette à un particulier et obtenu le certificat de cession de la préfecture, a reçu pendant près d’un an des amendes, qui auraient dû être destinées au nouveau propriétaire du véhicule. La police française ne disposant pas d’un fichier centralisé des cessions de véhicules, il a fallu une dizaine de lettres recommandées pour stopper les procédures en cours, y compris un avis d’opposition administrative notifiée à la banque de l’association.

Les situations de ce type sont légion, mais, lorsque des fonctionnaires eux-mêmes s’avisent de les dénoncer, ils risquent de sévères sanctions. Ainsi, Aurélie Boulet, qui a publié en 2010 « Absolument dé-bor-dée » à partir de son expérience au Conseil régional d’Aquitaine, a écopé de dix mois de mise à pied sans solde dont six avec sursis. Moins chanceux, Jérôme Morin, employé à la mairie de Pontault-Combault, s’est vu infliger dix-huit mois de mise à pied dont six avec sursis, pour avoir publié en 2011 « Abruti de fonctionnaire ».

Tous les deux ont voulu exprimer leur mal être et le fait d’écrire a été pour eux une sorte d’exutoire. Ils ont été sanctionnés au nom d’un « devoir de réserve » qui s’apparente plutôt à une censure, d’autant plus dérisoire que le bien fondé des critiques n’est pas mis en cause. Écrit à la fin du XIXe siècle, « Messieurs les ronds-de-cuir » reste d’actualité. Son auteur, qui n’a pas été sanctionné, était un employé de l’administration des cultes nommé Georges Moinaux, plus connu sous le nom de Courteline.

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