Dans le numéro 79, les Affiches Parisiennes ont mis en relief les principales « limites » de la loi du 5 mars 2014 relative à la réforme de la formation professionnelle (Cf. AP n°79 du 4 au 7 octobre 2014).
Parmi ces limites, les auteurs de la note de l’Institut Montaigne regrettent que la qualité de l’offre de formation professionnelle ne soit pas davantage prise en compte dans la réforme. Notamment via un dispositif de certification des organismes de formation.
Ce fait est d’autant plus regrettable, en effet, que tous les outils et acteurs d’un tel dispositif sont présents en France et offrent toutes les garanties de rigueur et d’objectivité.
A commencer pas les référentiels :
- La certification « NF service Formation » a été créée en 1998 sous l’impulsion des pouvoirs publics, notamment pour : « garantir un niveau de qualité de service exigeant et constant et distinguer le professionnalisme des organismes de formation ». A ce jour, seulement 140 organismes sont certifiés selon ce référentiel.
- Des référentiels régionaux ont été instaurés au début des années 2000 à l’instar du référentiel qualité État-Région PACA mis en œuvre pour agir sur deux axes prioritaires : La qualité du service rendu aux apprenants et l’efficacité de l’organisation via le management et la maîtrise de la qualité. Auxquels s’ajoutera un troisième axe en 2010 : la responsabilité sociétale (environnementale, sociale, territoriale).
- En 2010, enfin, l’International Standards Organization (ISO) a publié une norme dédiée à la formation professionnelle : l’ISO 29990. Elle apparaît aujourd’hui comme le référentiel le plus universel de par son origine internationale et le plus abouti car largement inspiré de l’illustre ISO 9001.
Les organismes certificateurs ensuite : Depuis 1988 et les premières certifications selon les référentiels de la famille ISO 9000 (système de management de la qualité), le marché de la certification de systèmes de management s’est structuré en France et propose un large choix de certificateurs. Les organismes « sérieux » disposent d’une réelle notoriété et sont accrédités par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC) ; citons pour exemples : AFNOR Certification, Bureau Véritas, SGS, LRQA.
Convaincus de l’intérêt d’une démarche qualité sur le long terme, nombre d’organismes de formation continue ont choisi de structurer leur organisation à l’aide de l’un de ces référentiels avec pour objectifs : une approche client plus développée, des processus mieux maîtrisés et une notoriété accrue. Parmi ceux-ci :
- Le SUFA, service de formation continue d’Aix-Marseille Université certifié ISO 9001.
- Le Bureau des Formations Professionnelles de la faculté des Arts, lettres, Langues et Sciences Humaines d’Aix-Marseille Université certifié ISO 9001.
- Le CEFM (centre d’échanges et de formation Michelin) certifié NF Service Formation.
- Le CELSA, école interne de l’Université de la Sorbonne pour les métiers de l’information et de la communication certifié ISO 29990.
- L’ASFORED, école d’Ile de France spécialiste de la formation aux métiers de l’édition certifiée ISO 9001.
- L’ASKORIA, premier organisme de formation aux métiers de l’intervention sociale de France certifié ISO 9001et certifié ISO 29990.
Si ces exemples sont pertinents, ils ne concernent qu’une minorité des organismes qui bénéficient du conséquent budget formation des entreprises visé par la réforme de la formation professionnelle.
Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui les pouvoirs publics de se montrer plus incitatifs et exigeants en matière de certification des organismes de formation continue ?
Une telle pratique de la certification, si elle se généralisait, aiderait sans conteste la réforme en cours à :
- opérer une vraie sélection pour favoriser les organismes de formation organisés, structurés et crédibles sur le long terme ;
- renforcer la correspondance entre l’offre de formation et les besoins ;
- accroître au global l’efficacité des dépenses de formation.
Enfin, une telle incitation des pouvoirs publics apporterait une nouvelle dynamique au processus de certification des systèmes de management, domaine dans lequel la France a jusqu’alors plutôt fait preuve d’un excès de timidité et de retenue.