L’étiquette vaut pour tous les sujets, avec une dimension plus prégnante encore si les Anglo-saxons ont été prompts à instiller un anglicisme. A l’heure où les SMS molestent sans vergogne la langue de Molière en toute impunité, les beaux parleurs tricolores persistent à œuvrer au mot juste, au verbe fondé, les laissant même, en bas âge, accéder aux colonnes du Journal officiel. C’est ainsi chose faite pour « beuverie express », expression chargée de supplanter le disgracieux « binge drinking », débarqué d’outre-Manche. Les experts de la Commission générale de terminologie et de néologie ont opté pour ce couple sans visiblement trouver la panacée. Les options étaient pourtant nombreuses, toutes en lien avec le vernaculaire, de « cuite rapide » à « enivrement précipité », en passant par « mufflée-subite » ou encore, sans doute trop classieux pour l’heure, « bacchanale fulgurante ». Certes, l’affaire ne mérite pas référendum... Le duo gagnant, que d’ailleurs nul ne prendra jamais la peine d’utiliser, est flanqué d’une définition tout aussi officielle : « absorption massive d’alcool, généralement en groupe, visant à provoquer l’ivresse en un minimum de temps ». Au-delà des qualificatifs, les études prouvent que ce phénomène prend racine, surtout chez des jeunes qui ingurgitent le tout-venant haut en degrés à rythme effréné, pour évacuer leur quotidien désenchanté sans la moindre modération…