Les résultats de l’enquête de conjoncture de la CCI Paris Ile-de-France, réalisée par Médiamétrie du 8 au 26 septembre auprès de plus de 6 000 entreprises de toute la France, témoignent d’un climat économique inquiétant. Deux tiers des entreprises interrogées (64 % en Ile-de-France) pensent que la situation économique de la France va continuer à se dégrader.
Selon cette enquête, « aucune perspective de croissance n’est à l’ordre du jour en cette rentrée. 44 % des entreprises franciliennes, PME et grandes entreprises confondues, annoncent un chiffre d’affaires en baisse. La situation financière des PME se dégrade, particulièrement celle des petites structures, et les investissements, comme les recrutements, ne devraient pas repartir à la hausse ».
Comme le précise la CCI Paris Ile-de-France, « l’urgence de la situation, l’ampleur des déficits publics et du chômage appellent à une accélération et à une simplification des mesures annoncées par le gouvernement pour redresser au plus vite la compétitivité des entreprises. » Par ailleurs, « les témoignages des chefs d’entreprise révèlent une situation de l’emploi marquée par des dysfonctionnements majeurs : 60 % des PME rencontrent des difficultés à embaucher, principalement en raison de l’inadéquation de la formation des candidats aux besoins des entreprises et particulièrement en Ile-de-France. A cet égard, les récentes mesures concernant l’apprentissage, globalement défavorables en dépit des apparences, risquent d’aggraver cette situation. »
L’analyse de Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI Paris-Ile-de-France
« Si les chefs d’entreprise affichent aussi peu de confiance, pas dans leur entreprise, mais dans leur environnement, c’est parce qu’ils constatent que depuis deux ou trois ans, un certain nombre d’annonces choc ne fonctionnent pas. Le CICE est si compliqué qu’on ne consommera que 4,8 milliards sur le 9,9 milliards annoncés. Les contrats de génération avaient un objectif de 100 000 en 2014. On en compte 29 000 à fin juin. Concernant l’apprentissage, on nous annonce +25 % d’ici la fin du quinquennat, on est à -11 % en juillet 2014…
Dans d’autres domaines, comme celui de l’investissement immobilier, on visait 500 000 logements mis en chantier au niveau national… Si on atteint les 300 000 en 2014, ce sera bien.
On a là une vraie crise d’efficacité des dispositifs publics que les chefs d’entreprise ressentent. Mais ces derniers n’ont pas le choix : ils doivent tenir les trésoreries et les résultats.
Pour aborder un sujet un peu plus francilien, il est essentiel que le Métro du Grand Paris et son environnement non seulement respectent le calendrier, mais éventuellement accélèrent leur construction. Si nous défendons le projet d’exposition universelle de 2025, et c’est le cas de la CCI Paris-Ile-de-France qui a fortement adhéré au projet, c’est précisément parce que la région a besoin de retrouver de grands projets de cette nature et que le métro est une sorte de gage avancé. Le projet d’exposition s’appuie en effet sur la réalisation de ce métro. On n’imagine pas attirer la planète entière avec des chantiers non terminés. L’organisation de l’exposition universelle est intelligente parce qu’elle ne représente pas une dépense supplémentaire, mais au contraire l’utilisation d’infrastructures pérennes. Reconnaissons néanmoins que la loi de Finances n’a pas porté atteinte aux crédits de la Société du Grand Paris. Il y a là manifestement une volonté de faire, de maintenir, de protéger et de ne pas tailler dans l’investissement, contrairement à bien d’autres postes budgétaires. En revanche, si on pouvait avancer le calendrier, et faire en sorte que la date ultime ne soit plus 2028, mais 2025, cela me paraîtrait intelligent.
Un mot sur le logement. En Ile-de-France, c’est moins de 40 000 logements qui ont été mis en chantier sur les 12 derniers mois, alors qu’on visait 70 000. Il ne faudrait pas que les difficultés de gouvernance de la région parisienne soit l’occasion de geler tous les projets pendant un an ou deux, au motif que les compétences ont été mal définies ou reportées à 2016, comme on l’entend parfois. Il ne faudrait pas que les maires, qui ont la main sur leur foncier, soient frappés de stupeur en attendant que la situation s’éclaircisse. Les entreprises souffrent déjà beaucoup trop cette lenteur terrible entre l’annonce des mécanismes et leurs premiers effets.
Sur ce panorama très clairement pessimiste, une bonne nouvelle enfin. Il ne s’est jamais créé autant d’entreprises en France qu’en ce moment. Une récente étude précise que 17 % des Français sont prêts à créer leur société, contre seulement 13 % aux Etats-Unis et 6 à 7 % en Allemagne –le niveau français il y a 10 ans. On sent que ce besoin de se sauver par soi-même est assez fort. Nous retrouvons cet élan au sein des écoles de la CCI Paris-Ile-de-France, à travers nos modules d’entreprenariat. Nos élèves, nos étudiants, nos apprentis, non seulement sortent avec leurs diplômes, dans des proportions supérieures à la moyenne nationale, mais également créent de plus en plus d’entreprises, quel que soit le niveau de leur formation. »