Avec une population aussi dense, où se faire porter pâle serait peut-être moins remarqué qu’ailleurs, on pourrait songer que Paris et l’Île-de-France ne pointeraient pas comme bons élèves d’un classement sur l’absentéisme. Pourtant, les résultats de l’étude menée par le cabinet de conseil et courtage en assurance WTW en France sont formels : la région francilienne est la moins touchée par l’absentéisme.
Réalisée à partir de l’observation de plus de 340 000 salariés issus de près de 650 entreprises du secteur privé sur une période de 5 ans, et de l’analyse d’une enquête menée auprès de plus de 1 000 salariés en début d’année, l’étude démontre que ce phénomène est à la hausse. Depuis 2017, l’absentéisme a ainsi augmenté de 37 %, et l’année 2021 a conforté cette tendance. Elle s’explique notamment par le fait que les travailleurs sortent de la crise sanitaire usés, avec des conditions de travail moins évidentes.
Augmentation depuis 2017
« La tendance observée ces dernières années perdure pour l’ensemble des indicateurs : le taux d’absentéisme, le nombre de salariés en arrêt au moins une fois dans l’année, le nombre moyen de jours d’absence ainsi que la fréquence d’arrêt sont tous en augmentation depuis 2017 », constate Noémie Marciano, directrice Health & Benefits WTW en France.
« Bien que les collaborateurs non-cadres et les femmes restent les plus touchés, certaines populations comme les jeunes doivent être surveillées pour inverser la courbe ou mettre en place des dispositifs. De même, les salariés des établissements de santé devront être suivis en raison des conséquences de la pandémie qui continueront de se répercuter sur leurs conditions de travail », ajoute-t-elle.
En 2021, le taux d’absentéisme a cependant légèrement baissé, de 4,6 % contre 5,04 % en 2020. Un fléchissement qui ne doit cependant pas cacher la dynamique de fond qui existe depuis 5 ans. Ainsi, les 3 régions les plus touchées par l’absentéisme sont le Grand Est (6,4 %), la Bourgogne-Franche-Comté (5,6 %) et les Hauts-de-France (5,5 %). L’Île-de-France (3,8 %) est, elle, la région la moins impactée par l'absentéisme.

L’impact de la crise sanitaire
Au plus fort de la crise sanitaire, le taux d’absentéisme a cependant augmenté de 15 % (2019-2021). Par ailleurs, 31 % des salariés concernés par l’étude ont posé au moins un arrêt de travail au cours de l’année en 2020. Pour l’année 2021, la durée moyenne annuelle d’absence d’un salarié est de 54 jours. Catégorie importante de la population touchée, l’absentéisme chez les jeunes a également progressé de 54% en 5 ans. Chez les autres tranches d’âge, l’augmentation est comprise entre 25% et 35% sur la même période. Les secteurs les plus touchés par l’absentéisme sont, comme les années précédentes, les établissements de santé (9,02%), le transport et la logistique (7,07%).
L’étude de l’année dernière précisait déjà que le dispositif d’indemnisation des arrêts dérogatoires pour motifs d’enfants non scolarisés, de personnes vulnérables ou encore de proches de personnes vulnérables, mis en place durant la crise sanitaire, avait été le facteur prépondérant de l’augmentation des arrêts-maladies (+ 25 % en 2020). En 2021, la part des arrêts longs a continué à augmenter, représentant près de 60% des jours d’absences (vs 61% en 2020). Enfin, concernant le type d’arrêt, l’étude indique que l’absentéisme pour maladie s’élève à 83% contre 17% pour les accidents de travail.
Absentéisme différent selon l’âge et le sexe…
L’absentéisme touche par ailleurs tous les genres, toutes les tranches d’âge, ou encore tous les secteurs d’activité. Le contraste entre les hommes et les femmes se confirme en effet depuis l’étude menée en 2019, avec un absentéisme 40% plus important chez les femmes. Il s’élève à 5,8 % en 2021 chez les femmes, alors qu’il est de 4% chez les hommes. Mais depuis 2017, l’évolution est similaire entre les 2 populations, avec un absentéisme en augmentation de 38 % chez les hommes et de 34 % chez les femmes.
L’étude WTW en France révèle aussi une dégradation de l’absentéisme sur toutes les tranches d’âge, avec une accélération chez les jeunes donc, bien que les salariés de plus de 50 ans demeurent les plus impactés par l’absentéisme (6,5% en 2021). Les non-cadres ont été deux fois plus impactés par la crise que les cadres. Du fait de la pénibilité de certaines professions et de l’impossibilité de télétravailler à domicile, l’absentéisme s’est accru de 42 % chez les non-cadres depuis 2017. Une hausse qui s’établit à 20% entre 2019 et 2021, contre 9% aux cadres.
… Et la profession
Enfin, en termes de professions, les secteurs les plus touchés par l’absentéisme sont les établissements de santé (9,02%), le secteur du transport/logistique (7,07%), et la distribution (6,16%). On retrouve ici les mêmes métiers que précédemment. Mais presque toutes les professions font état d’une baisse significative de l’absentéisme entre 2020 et 2021. C’est la fin des vagues de confinement et l’allégement des règles sanitaires qui expliquent ces tendances. Seuls deux secteurs n’ont pas vu baisser leur absentéisme entre 2020 et 2021 : le BTP (+0,10%) et le secteur automobile et équipement (+0,29%).
Les secteurs de l’Immobilier, des sociétés de Conseil, de la Communication & des Technologies de l’information sont eux les moins impactés par l’absentéisme. Du côté de la taille des entreprises pour conclure, l’étude révèle que les PME et les ETI semblent toujours pâtir des effets de la Covid. Malgré un infléchissement généralisé entre 2020 et 2021, l’évolution de l’absentéisme depuis 2019 est moins importante chez les grandes entreprises (+12%) que les ETI et les PME (+18%).