Première femme à être élue à ce poste, Yaël Braun-Pivet marque l'histoire.
Favorite, Yaël Braun-Pivet est arrivée en tête du vote des députés réunis, à l'issue du premier tour, avec 238 voix à son actif. Faute de majorité absolue, l'hémicycle a dû procéder à un second tour, au terme duquel elle a obtenu plus de la moitié des suffrages exprimés, soit 242 voix, après que le candidat présenté par le Rassemblement national, Sébastien Chenu, ait décidé de retirer sa candidature et que certains députés se soient abstenus. Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, aucune femme n'avait jamais occupé cette fonction en France.
Une première en France
Première femme présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet était novice en politique il y a cinq ans. Aussitôt, après son élection, l'élue des Yvelines a promis d'être « la garante exigeante du dialogue à l'Assemblée », qui sera « la fondation sur laquelle nous pourrons bâtir du consensus, des compromis ».
Pour accéder au Perchoir, elle a quitté le Gouvernement, après seulement un mois et cinq jours au ministère des Outre-Mer, au grand dam d'élus de ces territoires. En cinq ans de présidence de la commission des Lois, elle était devenue une figure incontournable du Palais Bourbon. « J'ai tenu la barre face aux crises, du terrorisme à la pandémie », les sujets de sa commission, fait-elle valoir. Avec sa « nouvelle méthode de travail, faite d'écoute et de co-construction », elle a su se faire apprécier des oppositions. Les femmes « doivent réussir en politique sans imiter ou s'adapter à un modèle masculin », juge Yaël Braun-Pivet. Face aux élus RN et LFI en force, « il faut quelqu'un de stable et expérimenté, avec un sens de la répartie », relève un ministre qui la soutient. Cette descendante de « l'immigration slave, juive polonaise et juive allemande, avec des grands-parents entrés en France avec des visas touristes » dans les années 1930, dit que sa famille « doit tout à la République ».
Sa mère, enfant de la Ddass, lui a « appris qu'il ne fallait jamais suivre le chemin que les autres ont tracé pour vous ». Ancienne avocate pénaliste, cette native de Nancy, « première parmi les siens à accomplir des études supérieures », avait mis sa « vocation » entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L'Oréal, sept ans à Taïwan et au Japon, et élever leurs cinq enfants. De retour, elle s'investit aux Restos du Cœur, créant des consultations gratuites d'avocats et un centre d'accueil dans les Yvelines.
Une femme de conviction
Son adhésion à En Marche – après avoir « toujours voté PS » - est un « prolongement » : « Dans l'action, sans rester sur des postures ». Elle imprime rapidement sa marque avec des visites collectives de terrain, notamment dans une trentaine d'établissements pénitentiaires. Si ses qualités humaines – « chaleureuse », « pas tordue » – sont saluées, elle se voit parfois reprocher d'être trop « sympa ». « Ce n'est pas mon truc d'être chiante et autoritaire », réplique Yaël Braun-Pivet. Opiniâtre, elle s'est fortement engagée l'année dernière en faveur de la proposition de loi d'Olivier Falorni autorisant l'euthanasie. Elle a aussi cherché à avancer dans la rénovation de la vie démocratique et des réformes constitutionnelles.
Yaël Braun-Pivet a placé son mandat sous le signe de l'égalité entre les femmes et les hommes, de l'humanisme, dans la continuité des combats politiques de Simone Veil.