AccueilEntrepriseVie des entreprisesDaniel Weizmann, président du Medef Île-de-France : « Face aux crises, les entrepreneurs franciliens ont une réelle capacité d’adaptation »

Daniel Weizmann, président du Medef Île-de-France : « Face aux crises, les entrepreneurs franciliens ont une réelle capacité d’adaptation »

À l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France, REF 2022, Daniel Weizmann, fait le point sur la situation des chefs d’entreprise franciliens.
Daniel Weizmann, président du Medef Île-de-France : « Face aux crises, les entrepreneurs franciliens ont une réelle capacité d’adaptation »
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Ces derniers affrontent actuellement des problèmes qui arrivent en rangs serrés, conséquences directes et indirectes de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine : inflation, hausses spectaculaires des prix de l’énergie, difficultés récurrentes de recrutement, difficultés d’approvisionnement en matières premières… L’entreprise n’a plus rien du long fleuve tranquille…

Affiches Parisiennes : Peut-on dresser le tableau économique actuel de l’Île-de-France ?

Daniel Weizmann : Nous venons de traverser une période assez anxiogène pour les entreprises de notre région. Nous étions très inquiets il y a un an. L’Île-de-France a pourtant retrouvé son niveau économique de 2019, avant l’offensive de la Covid. Nous pouvons donc être satisfaits d’être revenus aussi rapidement à une telle performance économique. Les événements en Ukraine sont venus affecter cette reprise en apportant une complexité supplémentaire. Néanmoins, on peut dire qu’économiquement, l’Île-de-France s’en est mieux sorti que beaucoup d’autres régions françaises, même si les crises qui se profilent vont, à nouveau, nous impacter.

A.-P. : Covid, guerre en Ukraine, sécheresse… Peut-on parler d’effets en chaîne ?

D. W. : Un certain nombre de secteurs d’activité ont été très lourdement pénalisés par la crise de la Covid, notamment l’hôtellerie, la restauration et le tourisme. C’est l’une des particularités de l’Île-de-France, par rapport à d’autres régions. Ces secteurs font, par ailleurs, face à de sérieux problèmes de recrutement. C’est la problématique actuelle de nombreuses entreprises en Île-de-France. Sans ces difficultés de main d’œuvre, l’activité aurait été bien meilleure. Par exemple, il y a actuellement de nombreux hôtels de la région qui sont contraints de fermer des chambres, voire des étages entiers, par manque de personnel. La demande est pourtant présente.

La guerre en Ukraine pose, elle, un problème énergétique majeur, avec des coûts qui augmentent et des répercussions sur une inflation qui devrait atteindre 8 % d’ici la fin de l’année. On vit cette situation dans tous les secteurs d’activité. L’inflation aura naturellement un impact sur l’économie francilienne, à travers l’augmentation des prix et ces difficultés de recrutement qui deviennent réellement problématiques depuis quelques mois.

A.-P. : Les entrepreneurs d’Île-de-France affrontent également des problèmes de matières premières ?

D. W. : Les problèmes d’approvisionnement restent très fluctuants, puisque les matières premières, comme les composants électroniques, le bois, l’alu ou l’acier, ont retrouvé aujourd’hui des niveaux de prix assez proches de ceux de l’avant crise. Le côté spéculatif semble progressivement s’atténuer.

Il est clair, aujourd’hui, que le véritable enjeu des augmentations, c’est l’énergie. Pour vous donner un élément chiffré le mégawatt de gaz (MWh) coûtait 85 euros avant la crise. Il dépasse actuellement les 1 000 euros. Forcément tout cela va avoir un impact très lourd sur certains secteurs d’activité, notamment dans l’industrie. C’est un vrai problème…

A.-P. : Quel est actuellement l’état d’esprit des entrepreneurs d’Île-de-France ? Quelles sont leurs préoccupations essentielles ?

D. W. : Dans tous les secteurs d’activité, dans toutes les entreprises, il y a une forme de résilience. Les entrepreneurs d’Île-de-France ont une réelle capacité d’adaptation. Nous l’avons vu avec le développement du télétravail et la diversification des mobilités qui ont été révélés par la pandémie. La préoccupation majeure des entrepreneurs est aujourd’hui le recrutement. Nous faisons face à une vraie problématique de formation et d’orientation. Nous en arrivons à ne plus trouver de jeunes formés et motivés pour occuper les postes vacants. Nous avons un travail collectif à réaliser avec le Medef, bien évidemment, mais aussi avec les institutionnels, que ce soit la Région et les préfectures, pour remettre à plat notre système de formation et d’orientation, afin de diriger les jeunes le plus tôt possible vers les métiers qui vont recruter. Ce travail ne répondra pas à la problématique à court terme, malheureusement, mais il faut se pencher sur le sujet sur le long terme.

A.-P. : Malgré tous ces problèmes qui s’accumulent, les entrepreneurs d’Île-de-France restent-ils optimistes ?

D. W. : Mais oui. Au Medef, nous venons de réaliser une enquête auprès de nos adhérents sur l’évolution la situation économique. Ce qui ressort de cette étude, c’est un indice de confiance sur l’avenir qui reste assez haut. Plus de 80 % des chefs d’entreprise interrogés se disent confiants. Paradoxalement, ils considèrent que l’avenir est moins favorable au niveau national.

Même si on entend parler actuellement de faillites d’entreprises, il faut relativiser. Avant la crise sanitaire, il y avait chaque année, en France, entre 50 000 et
60 000 faillites. Pendant la Covid, nous sommes descendus à environ 10 000. Il va donc y avoir une sorte de rééquilibrage dans les mois qui viennent, mais les chefs d’entreprise pensent qu’on ne retrouvera pas le niveau de 2019, ce qui veut bien dire que l’activité économique, à l’exception de certains secteurs d’activité, ne s’en sort pas si mal.

A.-P. : Avez-vous un message pour tous les entrepreneurs d’Île-de-France ?

D. W. : Nous sommes la première région d’Europe en termes d’activité économique, avec un tissu d’entreprises extrêmement solide. Le dynamisme et l’innovation en Île-de-France se retrouvent dans tous les départements franciliens. Le message, le même depuis des années, est de toujours faire confiance aux chefs d’entreprise qui vont continuer à œuvrer pour le développement et pour l’emploi. Dans certains secteurs, ils vont travailler sur un axe de relocalisation de leur activité, pour contribuer au rayonnement international de notre belle région.

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