Initialement axée sur la question de la relance, cette nouvelle mouture de l'Université francilienne des entreprises a finalement été remaniée, pour tenir compte de l'annonce du reconfinement. François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a en effet rappelé que la croissance avant grimpé de 18 % au troisième trimestre de cette année.
« Cette université intervient au début d'un second confinement, qui a été une surprise et sera une épreuve pour vous, je le sais. Je veux vous dire notre solidarité concrète dans cette épreuve, qui est nécessaire même si elle est rude », a-t-il tenu à préciser aux entrepreneurs, soulignant que la confiance sanitaire était un préalable nécessaire. Concernant ce besoin de confiance mais du point de vue de la Banque de France, le Gouverneur a indiqué vouloir prendre quatre engagements. D'abord, celui de l'accès au crédit. « L'octroi du PGE a été un succès, plus encore en France qu'ailleurs », a-t-il souligné. Quelque 120 000 entreprises ont pu en bénéficier en Île-de-France, pour un montant de 45 milliards d'euros et les demandes émanaient à plus de 90 % des TPE-PME. Ensuite, celui de la surveillance des délais de paiement, le Gouverneur indiquant que le comité de crise mis en place sur le sujet allait rester en alerte forte. « Le troisième engagement, ce sont les correspondants TPE-PME, présents dans chaque département et qui ont déjà reçu 10 000 demandes. Nous avons signé des conventions pour fonctionner efficacement, en réseau, et trouver des solutions concrètes ». Enfin, la Banque s'engage à « éclairer au maximum la conjoncture dans cette période d'incertitude » par le biais de ses enquêtes mensuelles de conjoncture, qui sont l'occasion d'interroger près de 8 000 entreprises franciliennes. Le Gouverneur de conclure : « Cette rude épreuve, aucun d'entre nous ne l'a choisie, mais c'est ensemble seulement que nous finirons par la gagner. »
La Région s'engage
Valérie Pécresse, présidente de la Région, est ensuite intervenue pour préciser la politique menée en cette période de crise. « La Région est à vos côtés, comme elle l'a été depuis le début de cette crise, en apportant des masques alors que l'on n'en trouvait pas sur le marché », a-t-elle assuré d'emblée. L'Île-de-France s'apprête en effet à vivre une période de crise économique et sociale sans précédent. Bien que la Région soit habituellement « très résiliente », la structure même de son économie la rend particulièrement vulnérable à cette crise. La présidente de Région de citer l'aéronautique, le tourisme, l'hôtellerie et la restauration, des secteurs habituellement portés par les touristes, qui ne reviendront pas, s'agissant de la frange internationale, avant 2024. D'où la mobilisation particulière de la collectivité pour organiser les JO et faire en sorte que l'activité puisse repartir à cette date. Mais d'ici ces événements porteurs, la Région s'attend à des plans sociaux d'une ampleur sans précédent dans les grands groupes et à des suppressions de postes chez leurs sous-traitants et chez leurs fournisseurs, dans le tissu de TPE et PME franciliennes. « Sans doute atteindrons nous le chiffre fatidique du million de chômeurs d'ici la fin de l'hiver, un chiffre énorme qui nous impose de rebondir très vite », a poursuivi Valérie Pécresse.
Pour tenir d'ici à ce qu'un vaccin soit trouvé, soit probablement en avril, la Région a mis en place une série d'aides, que la présidente de Région a tenu à rappeler. On citera le Fonds de solidarité état-Région, qui a bénéficié à un tiers des entreprises franciliennes. Sans oublier les prêts rebond, qui peuvent aller jusqu'à 300 000 euros pour les TPE-PME et rencontrent un très grand succès, et le fonds résilience Île-de-France et collectivités, signé avec 71 d'entre elles et qui a été doté de 10 millions d'euros pour aider les « très petits », l'ESS, les indépendants, mais aussi l'hôtellerie-restauration jusqu'à 50 salariés désormais. « Nous le savons, près de 30 % des CHR sont en risque de faillite cet hiver », a tenu à souligner la présidente de Région.
La formation
La Région a également mis en place des aides spécifiques pour le retour à l'emploi des chômeurs. En effet, si certains secteurs sont à la peine, d'autre recrutent massivement, comme le numérique, le BTP, la sécurité, le sanitaire et social, ou encore l'environnement. Aussi, la collectivité a doublé son offre de formation sur ces métiers et a mis en place une prime de 1 000 euros pour inciter les demandeurs d'emploi à se former. Par ailleurs, la collectivité a refondu les aides individuelles au retour à l'emploi, afin qu'elles ne soient plus subordonnées à une promesse d'embauche et soient dorénavant destinées à la formation, à la création, et reprise d'entreprise. « Un certain nombre d'entrepreneurs vont passer la main dans cette crise. Ils ont subi la crise des gilets jaunes, les grèves, puis la crise sanitaire. Désormais proches de la retraite, ces chefs d'entreprises vont passer la main. C'est le moment pour des artisans, commerçants et des cadres de s'engager dans cette dynamique », a estimé Valérie Pécresse, indiquant vouloir travailler « main dans la main » avec la CPME pour repérer ces entreprises et éviter qu'elles ne ferment.
La présidente de Région l'a également assuré, l'Île-de-France sera moteur dans le cadre du plan d'investissement en fonds propre qui sera régionalisé pour identifier les entreprises stratégiques. La Région a également demandé à l'Etat de pouvoir agir en amont des suppressions de postes, afin de proposer aux salariés menacés des programmes de formation, de reconversion, afin d'éviter qu'ils ne grossissent ensuite les chiffres de Pôle emploi.
Enfin, la présidente a évoqué le dispositif “PM'Up”, axé vers la relance, et qui peut atteindre jusqu'à 800 000 euros d'aides pour les investissements d'avenir des entreprises franciliennes. La Région travaille aussi avec les grands donneurs d'ordre sur l'industrie du futur, la décarbonation, notamment concernant les restructurations chez Renault, les possibilités d'investissement chez Sanofi, afin que « l'industrie se transforme et que la Région reste une grande terre industrielle ».
« La situation francilienne est préoccupante, nous avons perdu 14 millions de touristes et il y a eu en un an + 14 % de chômage contre + 9,5 % au niveau national », a ajouté Alexandra Dublanche, interrogée par Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris Île-de-France, sur la question du budget régional. « Oui, nous avons la capacité de réagir, puisque depuis la fin 2015 nous avons cherché à assainir les finances. Nous sommes donc capables de mettre sur la table un plan de relance de 1,3 milliards d'euros et d'emprunter », a-t-elle indiqué, expliquant qu'il était important de « jouer collectif » avec tous les acteurs locaux pour remonter les difficultés propres à chaque territoire. « L'agilité est essentielle, les problèmes ne sont pas les mêmes à Melun et à Puteaux. Il faut faire confiance aux acteurs locaux, qui connaissent les besoins et sont responsables ».