Les 20 membres du jury de cette conférence, "inédite" dans le domaine judiciaire, rendront mercredi leurs recommandations au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et à la ministre de la Justice, a détaillé Mme Taubira, qui ouvrait les deux journées d'auditions publiques. Le gouvernement s'est "engagé" à tenir compte des préconisations de la conférence de consensus, a-t-elle rappelé. Il s'agit pour le jury présidé par l'ancienne présidente de la CEDH, Françoise Tulkens, de contribuer à construire un "nouveau régime de peines (...) qui nous permettra de donner plus de sens à la sanction".
Dans cette perspective, une trentaine d'experts du monde de la justice et de la société civile ont commencé jeudi à dresser un état des lieux des connaissances et expériences, en France et à l'étranger, en matière de prévention de la récidive. Ils poursuivront leurs travaux vendredi puis le jury élaborera à huis-clos ses propositions. Constatant que le renforcement de l'arsenal législatif ces dernières années a produit "un terrain encombré", Christiane Taubira a stigmatisé la faiblesse de ces dispositifs qui "reposent sur un postulat: celui du rôle dissuasif de la prison, un postulat qui n'est pas vérifié, ni théoriquement, ni à l'usage". "Est-ce que sommes contraints de rester (...) avec ce paradigme d'incarcération et cette référence systématique (à la prison) ou est-ce que nous serons en mesure de produire de vraies peines, vécues ainsi par ceux qui les prononcent et les exécutent et l'ensemble de la société ?", a interpellé la ministre en appelant à l'invention "d'alternatives à l'incarcération qui ne soient pas des sous-peines, des péri-peines, des méta-peines". Parce qu'une conférence de consensus est "périlleuse", Christiane Taubira a appelé les participants à affronter "divergences" et "paroles dérangeantes".