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Caroline Moreau Didier : « Les bateaux les plus rapides ne gagneront pas forcément »

Lors de cette 25e édition, Caroline Moreau Didier va skipper un Grand Surprise portant haut les couleurs du Yacht Club de France, sponsorisé conjointement par les Affiches Parisiennes et Lexbase. Cet avocat, qui a décidé de s'immerger dans le droit maritime, apprécie les challenges, tant personnels que professionnels…
Caroline Moreau Didier : « Les bateaux les plus rapides ne gagneront pas forcément »

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Affiches Parisiennes : Que représente pour vous la Juris’Cup ?

Caroline Moreau Didier : Cette édition 2015 est un peu particulière puisque l’événement fête ses 25 ans. Pour moi, la Juris’Cup, c’est déjà le colloque du jeudi 17 septembre. J’ai vu dernièrement mon confrère Denis Rebufat, à Marseille, qui a évoqué le programme avec notamment une matinée dédiée à une rétrospective sur les 25 dernières années du droit de la plaisance et un après-midi voué au sport dans la plaisance.

Le Yacht Club de France – auquel j’appartiens depuis 1996 – et son président, l’amiral Yves Lagane, vont intervenir pour la première fois. La Juris’Cup, c’est surtout bien évidemment, trois jours de régates formidables où s’affrontent plusieurs classes de bateaux. Parmi ces groupes, on retrouve les magnifiques Classiques, les classes des années 1980, des bateaux de course un peu pointus, et les monotypes comme les Grand Surprise. Il y a aussi cette rade de Marseille et les îles du Frioul qui sont juste superbes. Les parcours des régates varient en fonction de la force des vents. Si le Mistral souffle comme un fou, ils seront un peu plus longs, puisque les bateaux vont plus vite. Ce sont essentiellement des parcours côtiers toujours très contrastés. En termes de navigation, il faut bien connaître le plan d’eau pour espérer figurer sur le podium, avec des bascules de vent, des changements de temps… Il y a beaucoup de stratégie. Ce ne sont pas forcément les bateaux les plus rapides qui vont gagner.

La Juris’Cup est également un événement très festif avec des cocktails, la soirée de gala du samedi, le dîner des équipages… Cette manifestation est un incomparable moyen de rencontrer beaucoup de juristes français qui aiment naviguer. La couverture média est également très importante, avec notamment un hélicoptère qui va survoler les régates pour prendre des photos et filmer. La Juris’Cup est vraiment importante, pour les juristes, pour Marseille et pour la voile en général.

A.-P. : Avez-vous déjà participé à cet événement ?

C. M. D. : Oui, à plusieurs reprises. J’ai participé avec des confrères qui m’invitaient, mais surtout avec des amis, des membres du Yacht Club de France. Ces trois dernières années, j’ai participé avec l’ACE sur le Selection engagé par ce syndicat d’avocats. Cette année, j’ai eu la chance d’avoir deux partenaires, le groupe de presse Affiches Parisiennes et l’éditeur juridique Lexbase qui me permettent de skipper un Grand Surprise aux couleurs du Yacht Club de France. J’ai un voilier, donc je suis habituée à skipper, mais c’est nouveau pour moi puisque nous allons organiser des événements, trouver l’équipage, prendre en charge l’inscription, effectuer les démarches pour les licences, les assurances…

A.-P. : Comment avez-vous constitué votre équipage ?

C. M. D. : Pour le former, j’ai fait un appel à candidatures au sein du Yacht Club de France, mais sachant qu’il faut obligatoirement que la moitié de l’équipage soit constituée de juristes. Sur un Grand Surprise, l’équipage est de six ou sept équipiers. Il faut un barreur, un tacticien, un numéro un, les responsables des manœuvres du Spi qui sont plus délicates, le pianiste…

A.-P. : Comment vous êtes-vous entraînés ?

C. M. D. : Nous nous sommes entraînés sur le plan d’eau les 5 et 6 septembre même si le samedi, nous n’avons pas pu naviguer pour cause de mistral. Je connais les parcours puisque j’ai déjà fait ces régates. Nous avons fait des simulations pour voir comment le bateau fonctionne et comment l’équipage se comporte. La tâche n’est pas aisée, car nous allons régater contre des marins accomplis comme Henri de la Motte Rouge, membre du YCF et plusieurs fois vainqueur de l’épreuve et Martin Minvielle, lui aussi membre du YCF, à bord de deux autres Grand Surprise.

A.-P. : Comment gérez-vous vos deux passions, le droit et la voile ?

C. M. D. : Jusqu’à présent, je pratiquais beaucoup le droit des assurances, la responsabilité civile, les accidents de la circulation… Il y a environ un an, j’ai fait un bilan de compétence grâce au barreau de Paris et j’ai eu une sorte de révélation. Comme je suis passionnée de bateau depuis mon plus jeune âge – mon premier bateau était un Optimiste, j’avais huit ans et demi –, j’ai compris que je pouvais très bien associer mes deux passions, pour le droit et pour la voile. Je parle parfaitement anglais et je connais bien l’Angleterre, car j’y ai beaucoup navigué. Je me rapproche donc actuellement de cabinets maritimistes de Paris et du Nord de la France, mais aussi du Sud, car je projette d’ouvrir une partie de mon cabinet à Marseille. J’ai eu un coup de foudre pour cette ville et sa façade maritime absolument extraordinaire. J’ai donc lié l’utile à l’agréable. Je veux développer le droit des assurances qui entre tout à fait dans le cadre maritime. Les premiers dossiers que je traite sont des problèmes de responsabilités de skippers, à l’issue d’abordages, dans les secteurs maritime et fluvial. J’aborde également les contrats de transport.

J’ai vingt ans d’expérience derrière moi, mais dans cette démarche, j’ai l’impression d’être une jeune avocate. C’est très enthousiasmant de repartir sur de nouvelles bases, car j’adore cette profession qui permet de faire différentes choses dans une carrière. J’ai envie de dire aux jeunes confrères, ne vous découragez pas. Il est tout à fait possible de changer plusieurs fois d’orientation. Il suffit de reprendre des livres de droit, de parler avec des spécialistes du secteur et les besoins se dessinent…

J’aimerais me positionner sur la France et l’Union européenne avec son marché unique, parce qu’il y a beaucoup de choses à faire, notamment avec l’Allemagne et tous les pays qui ont une façade maritime. En France, nous avons un potentiel phénoménal, avec l’Atlantique, la Méditerranée, sans compter les Dom Tom avec le Pacifique, l’Atlantique Nord… qu’on a un peu tendance à oublier. C’est d’autant plus intéressant qu’il y a un vrai manque, donc un marché à développer. En revanche, je ne pense pas qu’on puisse faire du droit maritime sans connaître un minimum les bateaux. Il faut maîtriser le vocabulaire, en français et en anglais. Il y a également tout ce qui touche le droit public maritime qui est extrêmement intéressant. Le droit maritime est très intéressant parce qu’il touche donc le droit commercial, le droit administratif, le droit de l’Union européenne et même le droit international. Pour le fluvial, c’est principalement le droit des transports qui s’applique.

A.-P. : Pour en revenir à la voile, quelles sont les autres compétitions que vous faites avec le Yacht Club de France ?

C. M. D. : Le Yacht Club de France participe à la Coupe de l’Île-de-France à la mer. Je navigue également beaucoup en baie de Seine, autour de Deauville-Le Havre, puisque je suis aussi rattachée au Deauville Yacht Club. Et là, on peut participer à de nombreuses régates, sur des J 80, des Dragons ou Half Tonner, des petits bateaux de course. Hélas, ce n’est pas comparable à Marseille, parce que les parcours restent assez courts et, qui plus est, assez dangereux avec des problèmes de courants et de marées. Lors de la Juris’Cup, la seule problématique, c’est le vent. Il peut être très fort en cinq minutes chrono, je l’ai vécu. Et là, il faut une bonne capacité de réaction !

A.-P. : Beaucoup de bateaux de la Juris’Cup enchaînent avec les Voiles de Saint-Tropez. Participerez-vous également à cette manifestation ?

C. M. D. : Non, je n’aurais pas le temps, mais il est vrai que de nombreux bateaux participent aux deux événements. Ils sont sur site. Il y a également les régates royales qui suivent, au large de Cannes, fin septembre, début octobre. Je vais peut-être y participer avec un confrère, Marc Frilet, qui a un bateau invraisemblable, Alcion 1871.

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