Affiches Parisiennes : Vous êtes le chef d’orchestre du Campus des avocats depuis l’origine ?
Bruno Marguet : Pas tout à fait. Le premier chef d’orchestre fut Olivier Cousi et j’étais le chef-adjoint. En 2007, Yves Repiquet, alors bâtonnier de Paris, s’était rendu à un congrès de l’ABA (American Bar Association) organisé à Hawaï, où 50 000 confrères s’étaient réunis pour une « grand-messe », comme les Américains savent le faire. À son retour, il a lancé l’idée d’une adaptation française de cet événement spectaculaire. Il a chargé Olivier, alors membre du Conseil de l’Ordre, et moi, qui avait été son directeur de campagne avec Christiane Féral-Schuhl, de mettre en place le premier « Campus », d’une durée de trois jours, qui devrait permettre aux confrères d’accomplir les 20 h de formation continue annuelles, ou 40 h sur deux ans, obligatoires depuis 2004. Le bâtonnier souhaitait que nous définissions aussi un concept ludique, afin que cette manifestation rassemble un très grand nombre d’avocats.
Aujourd’hui, le barreau de Paris regroupe près de 27 000 avocats et en 2007, il devait compter un peu plus de 20 000 avocats. Le bâtonnierRepiquet voulait en quelque sorte fédérer la profession autour d’un événement annuel majeur et montrer que l’Ordre pouvait aussi concrètement faciliter la vie des confrères. Beaucoup d’avocats s’interrogent en effet parfois sur l’utilité de l’Ordre, soit parce qu’ils n’y ont jamais eu recours, soit parce qu’ils ne voient pas le travail fourni par les membres du Conseil et les services de l’Ordre.
A.-P : Le but est donc d’organiser cette formation dans un espace ludique ?
B. M. : Exactement. Avec Oliver Cousi, nous cherchions un lieu champêtre mais situé dans Paris, et nous avons retenu le jardin d’acclimatation, – lieu un peu improbable pour dispenser des formations – associé à l’ancien Musée national des arts et traditions populaires, son voisin. Ces deux structures offraient de nombreuses salles pour dispenser des formations, un chapiteau de 1 000 places et beaucoup d’espaces verts…
Nous sommes partis naturellement d’une « feuille blanche », sans la moindre idée de l’affluence que cet événement allait générer et nous ignorions totalement si les avocats allaient ou non adhérer au concept.
Il a fallu aussi déterminer la date de l’événement, choix difficile car l’agenda d’un avocat est généralement compliqué. Nous avons alors pensé que le début du mois de juillet pourrait être un bon choix car le rythme des audiences se ralentit et les confrères ne sont pas encore en vacances. Nous avons essayé d’organiser un bel événement, festif avec de beaux buffets, des soirées et même une crèche…
A.-P. : L’accueil des avocats a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?
B. M. : Nous avons lancé les inscriptions à la mi-juin 2007 et ce fut instantanément un raz-de-marée. Nous avons très vite été débordés car plus de 4 500 confrères se sont inscrits, et nous n’avions évidemment pas anticipé un tel succès, ce qui nous a valu quelques sueurs froides…
Nous avons dû dupliquer des formations, organiser des retransmissions vidéo… Mais tout s’est finalement très bien passé et à chaque campus, certains confrères me parlent parfois du Campus 2007 avec une certaine nostalgie.
A.-P. : Les éditions de Campus se succèdent alors…
B. M. : Oui, trois ans de suite à la Sorbonne, puis trois ans à l’Unesco et deux ans à l’EFB, en comptant l’édition 2015. Campus est le seul événement de cette ampleur organisé en France par la profession, mis à part la Convention nationale qui a lieu tous les trois ans.
A.-P. : Comment Campus est-il arrivé à l’EFB ?
B. M. :Par la volonté du bâtonnier, Pierre-Olivier Sur, et du vice-bâtonnier, Laurent Martinet, qui souhaitaient inciter les confrères à découvrir cette magnifique école dont les locaux sont de surcroît parfaitement adaptés au format du Campus.
« Nous essayons de construire une offre de formation extrêmement large, qui balaye le plus possible de secteurs du droit »
A.-P. : Campus est donc un concentré de formation continue ?
B. M. : Oui, par essence ; tous les intervenants (professeurs de droit, magistrats, confrères…) interviennent bénévolement ; nous essayons de construire une offre de formation extrêmement large, qui balaye le plus possible de secteurs du droit (famille, social, commercial, immobilier, administratif) avec la plupart du temps un prisme international sur ces matières. Cette année, la réforme du droit des contrats fera l’objet d’un focus particulier par le professeur Denis Mazeaud qui a accepté de dupliquer sa formation.
Je profite de cette occasion pour remercier tous ces intervenants, notamment les membres des commissions ouvertes de notre barreau et l’association Henri Capitant avec laquelle Campus entretient des liens historiques.
Campus n’est pas uniquement un lieu de formation, c’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres confrères et d’échanger, en un mot de créer du « lien » entre nous comme le souhaitait le bâtonnier Repiquet.
A.-P. : Campus va à présent s’ancrer à l’EFB ?
B. M. : Rien n’est moins sûr car chaque bâtonnier peut avoir envie de changer de lieu.
A.-P. : L’événement demande-t-il beaucoup de préparation ?
B. M. : L’organisation occupe une quinzaine de personnes répartie dans différents services de l’EFB et de l’Ordre (formation continue, finances, informatique, communication…) sans oublier l’implication sans faille des personnels et prestataires de l’EFB, de son directeur, Jean-Louis Scaringella et de la directrice de la formation continue, Sandrine Burbure.
Nous commençons généralement en septembre, avec le repérage du lieu en jaugeant de sa compatibilité technique et logistique avec les besoins du Campus.
Puis un rétroplanning se met en place pour élaborer la grille des formations (Cette année, il y a plus de 190 formations dispensées par 300 intervenants), et mettre en place l’organisation logistique de l’événement, ce qui nécessite beaucoup de temps et l’implication totale de tous les membres du comité de pilotage que j’anime.
Cette année, en plus des formations, massages, crêpes et soleil sont au programme…
L’année prochaine nous fêterons les dix ans du Campus… Sans doute l’occasion d’une belle célébration !