"Je suis pétri de honte et de fierté parce que je juge d'abord que ce prix n'est pas pour moi, il est d'abord pour Air France et il est pour les 70 000 salariés d'Air France. C'est eux qui ont entrepris de transformer cette maison", a déclaré le lauréat. Arrivé à la tête d'Air France depuis un peu plus d'un an, M. de Juniac s'est fixé comme objectif de redresser la compagnie et de réduire sa dette de deux milliards d'euros d'ici trois ans.
"J'apprécie la méthode qu'il a présentée, fondée sur le dialogue, sur l'idée qu'il faut aller vite et sur la notion de la justice", a déclaré pour sa part le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, en lui remettant le prix.
Le plan du Pdg d'Air France, baptisé Transform 2015, prévoit une restructuration du court et moyen-courrier pour renouer avec la compétitivité et un repositionnement sur le haut de gamme de la compagnie. Il s'accompagne de 5 122 suppressions de postes sans départs contraints et une refonte des principaux accords d'entreprise.
Il doit permettre un gain de productivité de l'ordre de 20 %, toutes catégories de personnel confondues. M. de Juniac est parvenu à obtenir l'accord des pilotes et des personnels au sol pour son plan. Le personnel navigant n'a pas signé, mais des négociations ont été rouvertes il y a quelques jours. "Air France a redémarré mais ce n'est pas terminé, nous sommes au début de la route", a déclaré le Pdg, qui a salué "le courage" des organisations syndicales.
Né le 10 novembre 1962 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Alexandre Begoügne de Juniac est diplômé de l'École Polytechnique et de l'ENA. Il a été directeur de cabinet de Christine Lagarde, à Bercy, après un premier passage de 1993 à 1995 comme conseiller technique, puis directeur adjoint, du cabinet de Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci était ministre du Budget.
Entre ces deux séjours, M. de Juniac a évolué 15 ans dans l'industrie. Chez Thomson SA, devenu Technicolor en 1995, puis chez Sextant Avionique en 1997. "On voit que parfois des hautes fonctions à Bercy mènent à tout, y compris à l'excellence managériale", a plaisanté M. Moscovici. "Il n'est pas écrit qu'être à Bercy c'est forcément s'enliser dans la technocratie", a-t-il ajouté.
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