Le Campus des métiers et de l'entreprise de Bobigny n'a désormais plus de secrets pour Alain Griset, le ministre chargé des PME, qui a pris son temps pour rencontrer formateurs et des apprentis des secteurs de la boulangerie, de la carrosserie, de la mécanique, ou encore de la prothèse dentaire. Le campus, d'une taille de 23 000 m2, propose en effet plus de 30 formations diplômantes.
« Vous avez un bel atelier, très spacieux ! », s'est exclamé l'ancien président de l'U2P, après avoir fait le tour de l'atelier de carrosserie, avant de prodiguer ses conseils à un apprenti aux prises avec les formalités d'inscription. « La meilleure solution, parce qu'elle permet de protéger votre patrimoine, c'est l'EIRL, neuf personnes sur dix ne le savent pas ! ».
Ce sont ensuite les BAC pro mécanique auto, qui, tout de bleu vêtus, ont échangé avec le ministre, curieux de connaitre leurs différents parcours. « Quel est votre objectif ? Je me suis mis à mon compte à 22 ans. N'hésitez pas à vous lancer, c'est à votre portée », leur a-t-il lancé.
Le plan France Relance
C'est ensuite dans le vaste atelier dédié à la mécanique auto, transformé pour l'occasion en salle de séminaire, que le ministre chargé des PME a échangé avec une quarantaine de chefs d'entreprise de Seine-Saint-Denis. « C'est un plan très intéressant pour nous, les PME, mais les carnets de commande ne sont pas remplis aujourd'hui, cela pose un vrai problème », a lancé d'emblée un dirigeant. « Les entreprises ont besoin de plus de sérénité, nous aimerions un moratoire sur le report des charges et le PGE », a plaidé un autre.
Avant de répondre longuement aux premières observations des dirigeants, Alain Griset n'a pas manqué de répéter le mantra du Gouvernement : « nous avons la volonté ferme d'avancer malgré le virus ». S'il a concédé que le plan de relance ne suffisait pas à lui seul, le ministre a rappelé que sur les 100 milliards d'euros prévus, 25 milliards seraient tout de même fléchés vers les TPE-PME, voire 40 milliards de manière indirecte.
« Dans le BTP, cela devrait se voir rapidement, nous avons mis beaucoup d'argent dans la rénovation énergétique », a-t-il estimé, avant de citer les secteurs plus en difficultés, tels que l'événementiel et les CHR (cafés-hôtels-restaurants). « Ce n'est pas de l'affichage, mais du concret. L'objectif, c'est que 30 % du fonds soit utilisé dès 2021. Et nous irons dans les départements faire un suivi au plus près, afin que les projets sortent et se réalisent », a-t-il ensuite assuré, indiquant que Bercy menait, en parallèle du plan de relance, une réflexion sur l'accompagnement des secteurs les plus touchés.
Le ministre a également profité de cette visite pour évoquer le recours au fonds de solidarité, un « sujet de mécontentement » pour lui, puisque son deuxième volet, qui peut atteindre jusqu'à 10 000 euros d'aides, n'a été sollicité que par 32 000 entreprises, contre 1,7 million pour le premier volet. « J'ai bien conscience que tout n'est pas réglé, mais maintenant nous regardons situations par situation, secteur par secteur », a-t-il finalement tenu à préciser.
France Relance prévoit, pour rappel, huit milliards d'euros pour la formation et le développement de compétences au sein des TPE et des PME, dont trois milliards d'euros d'aides pour recruter des jeunes notamment en apprentissage (prime 5000 euros pour les mineurs et 8000 euros pour les majeurs) ou en contrat de professionnalisation (prime de 5000 euros pour les mineurs et de 8000 euros pour les majeurs de moins de 30 ans).
« La chambre sera présente pour former des jeunes correspondant aux besoins de notre société », a assuré Murielle Bourreau, présidente de la CMA 93, avant d'ajouter finalement : « nous sommes attentifs au déroulé du plan de relance, nous espérons des retombées et des effets de leviers pour les artisans ».